Chapitre 2

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Chapitre II


Le lendemain, sous un ciel gris d'automne, Aiden essaie de démarrer en vain la voiture qu'il a trouvé dans le garage. Il y reste toute la matinée mais son esprit est plus occupé par le cadavre manquant des résidents de la demeure que la réparation du véhicule. Malgré ses efforts, il constate que le moteur ne redémarrera pas. Dans l'après-midi, il enterre les corps de l'ancienne famille à l'arrière de la maison car l'odeur de la putréfaction commence à envahir tout l'intérieur de la maison, il n'a toujours aucune trace du disparu, il pense que celui-ci est sûrement parti et peut-être mort le long de la route. Dans la soirée, à l'aide de boîtes de conserves, des tiges de métal et du fil, il fabrique un système d'alarme improvisé, placé tout autour de la maison. Si quelqu'un touche le fil, les conserves créeront un son qui alertera Aiden.

Cette nuit, après le dîner, volets fermés et porte barricadée, Aiden regarde un film de Clint Eastwood et a presque l'impression de vivre normalement mais il ne se sent pas prendre ses marques dans la maison. Le film se termine lentement sur la mort de Clint Eastwood, assassiné par un gang d'asiatiques puis Aiden établit son départ pour le lendemain matin.

Dans la cuisine, il déplie sa carte routière sur la table et prend en compte de ce qu'implique de prendre la route. Il a assez de nourriture pour une semaine. De quoi lui tenir jusqu'à la frontière franco-allemande qui se situe à 480 kilomètres de sa position actuelle, soit non loin de la ville de Wolfsburg.

Cette ancienne ville allemande était prospère avant que tout ne dérape. La ville est entrée dans une guerre civile et s'est finalement noyée dans son propre sang, les rares survivants sont soit des membres de bandits écumant les routes à la recherche de victimes à dépouiller et tuer ou alors ils sont des solitaires, marchant le long des routes, comme Aiden.

Aiden trace son trajet sur la carte jusqu'à Wissembourg, à la frontière franco-allemande. Le tracé passe par la ville de Francfort, où Aiden y a vécu pendant deux ans. Il pense y faire une escale, si la ville n'est pas devenue un champ de bataille...

03 heures, Aiden dort, assis dans le fauteuil du salon. La télé est restée allumée et diffuse des émissions enregistrées ou des alertes qui n'ont aucun intérêt particulier. Les chaînes principales du câble fonctionnent toujours, se résumant à des annonces automatiques de la défense civile, et des films qui ne cessent de tourner en boucle.

À la fin de la nuit, la pluie tombe et le vent se met à souffler.

Réveillé par les conserves qui se cognent entre elles à cause de la bourrasque, Aiden émerge de son sommeil et constate que la télévision ne diffuse plus qu'un écran blanc grésillant, signe que la situation ne cesse d'empirer. Il se lève et mange du pain rassis trouvé dans une corbeille dans la cuisine.

À la fin de la matinée, la pluie cesse de tomber sur les environs. Aiden sort de la maison et enlève son système d'alarme qu'il jette dans le couloir.

C'est alors qu'il entend quelque chose, un bruit familier, comme celui d'un moteur d'une Harley-Davidson. Le son devient de plus en plus intense quand Aiden aperçoit enfin le véhicule arriver sur la route et approcher lentement de la maison.

Il ne bouge pas d'un pouce et la moto s'arrête à quelques mètres de lui.

Un type, tatoué au visage en descend. Il a une coupe de cheveux iroquoise et un énorme bouc qui s'échappe de son menton. Il est vêtu d'un gilet en cuir sans manches, dévoilant des bras recouverts de tatouages morbides représentant des têtes de mort, un jean noir troué et des bottes, mais ce qui intrigue le plus notre héros, c'est le collier pendant au cou du biker dont les éléments de la chaîne sont des doigts humains, fraîchement coupés.

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