Chapitre 3

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Chapitre III

Il fait nuit quand Aiden arrive aux abords de Karlsburg, dans ses bras, la jeune femme est encore inconsciente.

La ville est plongée dans les ténèbres et tous les bâtiments semblent déserts. Les gens ont fuit la ville, pense Aiden qui passe le panneau de bienvenue qui est quasiment illisible.

Aiden décide de passer la nuit dans un hangar abandonné, non loin de la sortie de la ville. S'éclairant avec sa lampe-torche à piles, il pose le corps de la jeune femme dans un vieux canapé, prend des caisses en bois et bloque la grande porte avant d'allumer un feu et de se détendre dans un fauteuil.

Il se rend rapidement compte que l'ancien propriétaire de ce hangar devait pratiquement habiter dans ce nid d'une centaine de mètres carrés : il y a des CD, une cuisine équipée, un micro-ondes, un réfrigérateur, un congélateur dont la majeure partie de ce qu'ils contiennent est encore mangeable, des placards remplis de vaisselle, des vêtements, une douche et des magazines pornos.

Une odeur de viande pourrie atteint les narines de Aiden qui se demande d'où est-ce qu'elle peut venir. Intrigué, il se lève de son fauteuil et essaie de repérer la source de l'odeur et il ne met pas beaucoup de temps à la trouver.

Dans une pièce, au fond du hangar, l'ancien propriétaire est assis sur une chaise, la tête basculée en arrière. Sa main droite est encore crispée au .357 Magnum qui a servi à mettre fin à ses jours jadis. Les yeux du défunt sont voilés d'un brouillard blanc, signe que le corps date de plusieurs jours. Les rats l'ont déjà entamé, ce serait un gâchis pour eux de gaspiller une aussi bonne source de nourriture.

Aiden s'avance vers le corps, saisit le bras droit et arrache l'arme des doigts tous engourdis de la main droite. Il ouvre le barillet et constate que le pauvre homme n'avait qu'une seule cartouche. Il referme le barillet et referme la porte derrière lui, laissant les rats savourer tranquillement leur festin...

Dehors, l'orage gronde, les gouttes de pluie frappent violemment la tôle sur le toit. Elles sont accompagnées de bourrasques de vent qui souffle furieusement, à tel point que Aiden semble sentir les murs trembler autour de lui.

La nuit passe et Aiden desserre à peine les dents. Après une bonne douche bien chaude, un repas chaud (pâtes et côte de porc), il reste assis dans son fauteuil, face au canapé où se trouve la jeune femme, toujours évanouie. Il prend de temps en temps une gorgée de whisky d'une bouteille qu'il a trouvée dans le tiroir, tout en réfléchissant au sort de sa mystérieuse accompagnatrice. Il se demande de ce qu'il doit faire d'elle. Il a toujours été seul...jusqu'à maintenant.

Il se force à avaler tout le contenu de la bouteille de whisky mais pense que son estomac risque de refuser le mélange du repas avec l'alcool. Il jette ensuite la bouteille dans une poubelle où d'autres bouteilles s'y trouvent déjà. Plus tard, il se penche au-dessus de la jeune femme et pose son index et majeur droits sur sa gorge, et sent que le pouls est déjà plus vif. Elle se remet lentement de sa mésaventure. Aiden se rassoit dans son fauteuil, c'est la première fois depuis le début de la fin du monde qu'il ressent une chose étrange et familière en lui, et cela présage quelque chose, loin de ce qu'il pense faire d'elle.

Le lendemain matin, Aiden est réveillé par des aboiements de chiens quelque part à l'extérieur.

Un fin filet de lumière passe par les filtres des verrières pendant qu'il se prépare à reprendre la route. Il n'a pas envie de prendre un petit déjeuner, il se lave, change de vêtements, prend son sac à dos et s'apprête à parcourir les nombreux kilomètres avant sa prochaine étape quand il se retourne vers la jeune femme qui émerge de son léger coma.

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