Chapitre 5

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Chapitre V

Aiden approche prudemment du côté opposé de la rue, le manche de son couteau dans la main, prêt à frapper. Maeva le suit, tous ses sens aux aguets, prête à toute éventualité.

"Dépêchez-vous !" s'exclame la voix venant d'une femme.

Elle a apparemment la quarantaine, avec de longs cheveux noirs tombants sur ses épaules, une chemise à carreaux rouges et noirs et un jean bleu délavé couvert de tâches rougeâtres qui se voient malgré l'obscurité. Elle leur fait signe avec sa lampe-torche, Aiden ne manque pas de remarquer qu'elle tient dans son autre main un revolver gros calibre, peut-être un .357 Magnum, dont le cran de sûreté est baissé. Elle aussi semble être prête à toute éventualité. Aiden s'essuie les lèvres en reprenant son souffle et réfléchit en essayant de la jauger.

"Vite ! Avant qu'ils nous voient !" crie-t-elle.

Manifestement, elle tient à ce que Aiden et Maeva la suivent à l'intérieur et elle ne leur veut aucun mal. D'après le son de sa voix, Aiden en déduit qu'elle n'est pas dangereuse, du moins pour le moment. Elle ferme la porte et la verrouille avec de grosses chaînes, bloquées avec un solide cadenas en bronze.

"Combien êtes-vous là-dedans ?" demande Aiden circonspect.

"Bon sang, on vous offre le gîte et le couvert, allez !" soupire la femme avec exaspération.

"Combien ?"

"Bon Dieu, mais vous voulez qu'on vous aide ou pas ?"

"Réponds d'abord à ma question." rétorque Aiden qui est prêt à saisir l'un des deux .357 Magnum qu'il a trouvé quelques jours auparavant.

"Deux ! C'est bon ? On est deux. Tu es content là ? C'est votre dernière chance, parce que si vous ne venez pas maintenant, je vais rentrer et vous vous retrouverez le bec dans l'eau.

Elle a un accent allemand mélangé avec du français. Aiden et Maeva échangent un regard.

"Vous avez l'air d'en avoir vu de toutes les couleurs." dit-elle en les guidant dans l'entrée bordée de boîtes à lettres et de sonnettes.

L'endroit, jonché de détritus, empeste le moisi mélangé avec un soupçon de fosse septique. L'immeuble ne paraît pas sûr selon Aiden qui tend discrètement son deuxième .357 à Maeva qu'elle dissimule dans sa veste.

"Entrons avant d'attirer d'autres bandits."

Elle appuie sur l'une des sonnettes d'interphone.

"Mélissa, fais-nous entrer."

"Pas si vite." grésille une voix en réponse.

"Vous avez l'électricité ? Il y a encore du courant ici ?" demande Maeva étonnée.

"Non, l'interphone fonctionne sur batterie. Mélissa ouvre !" insiste la femme en appuyant sur le bouton.

"Comment tu sais qu'on peut faire confiance à ces gens ?" demande Mélissa.

Sans s'en rendre compte, la femme ne remarque pas Aiden qui essaie de crocheter la serrure de sécurité à l'aide de deux barrettes métalliques.

"Tu vas nous laisser entrer ou..."

Un claquement interrompt la femme qui voit Aiden ouvrir la porte. Elle a l'air étonnée mais ne dit rien. Elle précède Maeva et Aiden qui montent les escaliers jusqu'au cinquième étage. Ils entrent dans un couloir miteux où règne une odeur aigre, avec quatre appartements de part et d'autre. Au bout, une porte métallique indiquant ESCALIER est barricadée par des planches clouées en travers.

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