Chapitre 9

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Chapitre IX

C'est ce qui vient à l'esprit de Aiden, le sifflement des balles, le son d'une lame tranchant la chair et des hurlements qui le tirent de son sommeil. Transpirant, faible, il ne peut presque bouger. Sa tête est lourde, endolorie par la fatigue et le froid qui règne dans la chambre. La lumière du soleil traverse les volets de la fenêtre. Il voit quelqu'un près de son lit. Non, deux personnes. Il les voit, à présent – une grande et une petite.

"Bonjour Aiden !" disent en même temps Maeva et Amandine.

"Bonjour..." répond-il sans bouger.

"Comment te sens-tu ?" demande Maeva.

"Pas trop mal. Comment suis-je arrivé là ?"

"On t'a porté jusqu'ici. Tu avais un énorme couteau planté dans ton ventre !" s'exclame Amandine qui a l'air amusée.

"Je vous remercie toutes les deux, vraiment. Ça fait combien de temps que je suis dans les vapes ?"

"Quatre jours. Tu te réveillais, tu te rendormais, répond Maeva en s'asseyant au bord du lit, la lame a manqué de peu les organes vitaux. Tu as eu beaucoup de chance et heureusement, tu n'as pas perdu beaucoup de sang. Ta blessure se remet bien, en tout cas, les coutures tiennent le coup, mais tu auras une belle cicatrice."

"Les cicatrices, ça forge le caractère." dit Aiden en souriant.

"Je croirais entendre mon père..." dit Maeva en rigolant.

"Et les autres ?"

"Tous morts."

"Bien."

Aiden se remet progressivement. Six jours après que le couteau ait transpercé son ventre, il se sent mieux pour se lever et clopiner dans la maison. Sa blessure le lance quelques fois, mais d'une manière générale, il s'en sort bien. Ses bleus au visage – suite aux coups de la défunte Joe – se sont estompés, et il sent son appétit revenir.

Ce jour-là, Maeva et Amandine lui ont fait une surprise. Depuis sa chambre, Aiden renifle l'odeur de l'entrecôte grillée et des frites qui vient de la cuisine. Il savoure ce merveilleux repas et remercie Maeva et Amandine de l'avoir concocté.

Le soir, Amandine étant couchée, Maeva et lui se retrouvent seuls dans la cuisine. Ils disputent une partie de Uno dont les cartes ont été trouvées à l'étage dans la chambre d'Amandine.

"Tu voudrais partir quand ?" demande Maeva en regardant son jeu.

"Demain matin ?" répond Aiden qui pose une carte sur le tas central.

"Pourquoi tu veux aller à la frontière ?"

"Depuis le début de mon périple, je marche vers l'ouest, vers la frontière franco-allemande. Il y a là-bas, un "nouvel Eden", d'après ce que les gens ont dit." explique Aiden en posant sa dernière carte.

"Une ville accueillante ?"

"Oui. Tiens j'ai gagné."

"Je ne sais pas. Avoue, tu as triché."

"Je comprendrais si tu décidais de rester ici, tu n'es pas obligée de risquer ta vie. Non pas du tout."

"Tu es sûr de ton choix ?"

Aiden regarde Maeva dans les yeux. Ses lèvres ne bougent pas, mais ses yeux en disent long.

Il se met soudainement à tousser, prenant son mouchoir dans la poche qu'il place devant ses lèvres, le blanc vire dans une couleur rouge sombre.

"Tu es sûr que tout va bien ?" demande Maeva en fixant le mouchoir tâché.

"Oui, je traîne ça depuis longtemps. Mais tout va bien. Je pense qu'on devrait aller se coucher." répond Aiden en rangeant le papier blanc dans sa poche.

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