I Love You To The Moon And Back (Tome 2)

Chapitre 6 : S'en sortir seul

Comment était-il arrivé ici ?

Comment s'était-il retrouvé à admirer les étoiles ?

Lui qui haïssait cela habituellement. Cette constatation le fit sourire amèrement. Merlin qu'il était stupide. Naïf.

Comment avait-il pu tant s'attacher à elle ?

Parce que c'était elle justement. Elle et ses grands yeux rieurs, elle et ses maudits cheveux blonds. Foutue Cassiopée Davis. Maudite soit-elle avec ses idées de soirée à coup de Whisky pur-feu. Un nœud lui serra le ventre, c'était sa faute après tout, à lui. Il devait arrêter de la blâmer. Sirius devait redevenir le grand Don Juan qu'il était. Depuis bien trop longtemps il enfermait ses pensées, ses émotions, ses...sentiments.

Il détestait ce mot, surtout quand il n'allait que dans un sens. Il s'était fortement trompé. Le jeune homme avait pris les refus et autres réticences de Cassiopée comme un jeu, une invitation à continuer. Il pensait qu'elle voulait se faire désirer, qu'elle le testait. Mais au final non. Elle ne le voyait que comme un ami, au même titre que James. Et c'était douloureux à imaginer, à vivre, à ressentir.

Les choses ne pouvaient-elles pas être simples ? Pourquoi tout tournait constamment au vinaigre ?

Lily et James.

Sirius sourit amèrement à leur pensée. Ils étaient faits pour être ensemble, ils s'étaient rapprochés très rapidement l'année dernière mais c'était simplement car James avait changé, mûrit. Et Lily avait ouvert les yeux sur lui. Et ils s'aimaient. Profondément. Mais les étoiles avaient visiblement décidé qu'ils n'étaient pas encore le moment pour les deux de se retrouver. Ils ne cessaient de s'éloigner, de s'ignorer. Car le contraire de l'amour n'était pas la haine, il y avait bien pire.

Il y avait l'indifférence, la plus complète, la plus froide, la plus pure.

Existait-il une sensation plus douloureuse que de voir l'autre comme si de rien n'était ? Comme si rien ne l'atteignait ? Alors que vous, caché derrière votre masque plus ou moins solide, vous tentiez vainement de soigner vos blessures.

Or ici, les deux amants avaient face à l'autre un masque parfait. Ils riaient, paraissant aussi insouciants que des enfants, ils parlaient comme si leurs gorges n'étaient jamais nouées. Ils étaient en apparence, plus que normaux.

Mais malgré les murs érigés autour d'eux, malgré le masque qu'ils portaient chacun de leur côté, ils étaient seuls. Indéniablement et entièrement seuls, leurs êtres se déchirant dans ce désert de solitude.

Des nuages s'amassèrent dans le ciel et la pluie arriva. Ordre naturel des choses. Surtout en Ecosse où la pluie était fréquente. Cela en devenait presque rassurant, de savoir que cette pluie n'était pas troublée. Que malgré tous les événements elle continuait de tomber, d'irriguer la terre. Ce flot infini, tombant sans s'arrêter, frappant le sol dans un bruit régulier. Cela vida Sirius, la pluie entraîna ses pensées, vida son cœur. Oh il n'allait pas l'oublier simplement en regardant la pluie, mais c'était un début et s'il fallait il recommencerait.

Le jeune homme passa une main dans ses cheveux en soupirant. Il était pitoyable, à s'épancher ainsi sur son cœur. Maudits soient-ils. Tous. Sauf James, Remus et Peter (qui parfois se retrouvait être un peu moins désagréable). Il aurait mieux fait de tomber amoureux d'un homme, cela aurait été plus simple. Tout aurait été plus simple que la grande et magnifique Cassiopée. Sirius tourna les talons. C'était assez de se morfondre sur son sort.

***

La jeune fille regarda son reflet. Il était morne et fade. Comme une toile autrefois magnifique mais que le temps avait usé. Pour autant, Lily n'était pas âgée, elle n'avait que dix-sept ans et ne se plaignait aucunement des marques du temps encore peu visibles sur son visage. Seulement elle était fatiguée. Physiquement et mentalement. Selon les explications qu'on lui avait donné, cette fatigue n'était qu'une séquelle de l'anorexie. Mais pour elle c'était autre chose. C'était un tout, et ce soir était un trop. Une nouvelle soirée chez Slughorn. Une soirée durant laquelle elle devrait plaquer un sourire poli sur son visage, une soirée durant laquelle elle devrait se nourrir comme si tout était normal. Faire semblant devant des gens dont elle ne se préoccupait pas. Simplement pour un professeur ayant besoin de flatter son ego en pensant qu'il avait été utile.Ces soirées étaient de plus en plus mauvaises, et bien que Lily y fut invitée de nombreuses fois elle n'avait pas cherché à créer de lien. Les élèves des soirées de Slughorn étaient presque tous comme lui, et c'était à mourir.