Chapitre 7 : Mots tus

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J'ai éclaté en sanglots. J'ai un faible pour cette expression. On n'éclate jamais de faim ou de froid. En revanche, on éclate de rire ou en sanglots. Il est des sentiments qui justifient qu'on vole en éclats.

Albert Espinosa

Lily tomba assise sur le sol froid. Elle ne distinguait plus rien autour d'elle. Le monde s'évanouissait.
Soudain elle sentit des mains serrer les siennes. Le contact était glacé. Lily releva la tête. Elle crut distinguer des cheveux blancs. A nouveau, sa tête lui tourna. Pas lui. Pourquoi était-il ici ? La jeune fille se débattit. Mais la poigne se raffermit. Elle tenta de crier mais sa voix mourut dans sa gorge nouée. Elle était à bout de force.

Des images de Bellatrix lui revinrent à l'esprit. Non, pas encore.

- Lily Evans. 

La rousse se figea. Elle n'aurait su reconnaître sa voix, mais ce n'était pas Lucius Malefoy. Son calme ne revint pas pour autant. Cela pouvait être n'importe qui.

- Regarde-moi.

Elle ne voulait pas. Mais inconsciemment elle leva les yeux vers l'inconnu, croisant son regard son regard bleu.

- Bloque ta respiration sur la mienne.

Il se mit à respirer lentement, et Lily tenta de suivre son rythme. Voyant qu'elle n'y arrivait pas, elle paniqua de plus belle. Ne contrôlant plus rien. Elle était secouée de sanglots. Le garçon ne s'arrêta pas pour autant. Il serra plus fort ses mains, la ramenant à lui. Elle s'accrocha à sa présence. Ses sanglots se calmèrent. La jeune fille suivit sa respiration. Peu à peu son estomac se dénoua. Les tremblements diminuèrent. Lily fixa le garçon. Son regard semblait absent, perdu entre deux choses que la rousse ne percevait pas. C'était Arthur Epping. Ses cheveux étaient en désordre.

Comme ceux de James, lui souffla son esprit.

Ce n'était pas le moment de penser au poursuiveur. Elle devait remercier Arthur de lui être venu en aide. Mais elle n'arrivait pas à parler. Que faisait-il ici ? Ce couloir était désert la nuit, seulement traversé par les préfets ou par Rusard. Or Arthur n'était ni l'un ni l'autre. Il était un élève de Serdaigle, trop discret en cours, et même dans la vie en générale. Alors pourquoi Lily avait-elle l'impression qu'il s'ouvrait plus à elle qu'aux autres ? Le garçon était difficilement compréhensible. D'Arthur, on en voyait que l'enveloppe charnelle. Quand on plongeait dans ses yeux -pourtant d'un bleu unique- on ne rencontrait qu'un océan de vide, un abîme sans fin. Pour autant il avait l'air simplement silencieux de l'extérieur. A y réfléchir Lily ne se souvînt pas de l'avoir jamais vu exprimer un quelconque sentiment. En fait, personne ne l'avait jamais vu rire, pleurer, être en colère, ou quoique ce fut. Il était juste une ombre parmi les autres. Une ombre dont le regard et l'esprit se perdaient souvent dans la brume. Et pour Lily qui arrivait parfois à passer d'une émotion extrême à l'autre, c'était plutôt perturbant de voir cela. Bien qu'elle ne soit pas parmi les plus proches du garçon ils étaient dans la même année depuis leurs onze ans. Arthur finit par se relever, et Lily fit prudemment de même. Sa tête lui tourna un instant mais elle ferma les yeux et reprit ses esprits. Quand elle rouvrit les paupières, Arthur Epping avait déjà disparu, avalé par les ténèbres d'un autre couloir.

Lily entra dans sa salle commune. Le feu crépitait encore doucement dans la cheminée. Elle gagna sa chambre et retira ses talons ainsi que sa robe. Elle n'avait aucune envie de dormir. Ainsi elle attrapa une serviette et alla se glisser sous la douche. L'eau chaude lui fit du bien. Quand elle sortit, toute la petite pièce était envahie d'une buée toute aussi chaude. La jeune fille se sécha un peu et retourna dans la pièce attenante où elle enfila les habits qu'elle avait posé sur le lit. La rousse saisi son exemplaire de Dracula et redescendit s'installer sur le canapé confortable devant l'âtre. Elle se couvrit d'une grande couverture en laine puis, enfin au calme, elle plongea dans les pages de son livre.

James se réveilla au milieu de la nuit. Il fixa le dessus de son lit. Le sommeil lui échappa. Il était trois heures du matin et sa nuit était visiblement terminée. Il se redressa dans son lit. Il aurait du dormir. Fermant les yeux il chercha n'importe quel bruit qui lui aurait au moins indiqué la présence de ses amis. Mais absolument rien, seulement un silence assourdissant. Sirius, Remus et Peter lui manquaient, cependant il devait se plier aux décisions de Dumbledore et s'habituer à cette nouvelle chambre. Le garçon avait beau passer la plupart de son temps libre dans la salle commune de sa maison, ce n'était plus pareil. Il se leva et s'habilla, passant sa main dans ses cheveux en guise de brossage, puis sortit de sa chambre. En bas, le feu était visiblement allumé. Pourtant quand tout le monde dormait la nuit, les elfes de maison éteignaient avec soin les cheminées. Fronçant les sourcils, il s'approcha. Et là, endormie, il la vit.

Son teint était pâle, elle portait un pull rouge et or et était enroulée sous une lourde couverture. Ses mains étaient crispées sur son livre encore ouvert. James la regarda. Ses traits étaient plus marqués qu'auparavant. Les os de ses mains ressortaient et il ne voulait pas imaginer ce qu'elle dissimulait sous ses larges vêtements. Le jeune homme lui leva délicatement son livre de ses mains glacées tout en prenant soin de marquer sa page avec un morceau de parchemin, sachant pertinemment qu'elle avait en horreur le fait de corner ses pages. Il remonta la couverture sur elle. Cependant la rousse resta crispée. Son sommeil semblait agité. Le garçon espéra qu'elle ne rêve pas de cette maudite folle aux cheveux bruns. Elle avait assez gâché sa vie. Il écarta une mèche de cheveux de son visage. Elle tressaillit au contact de sa main. James se figea. Un instant, il se maudit de l'avoir réveillée, mais si elle avait été sortie de sa torpeur, elle n'en montra rien. Ses paupières restèrent closes. Le brun se détendit et leva – à contre cœur – sa main du visage de la jeune fille. C'est à cet instant qu'elle ouvrit les yeux. Il la regarda, plongea dans son regard vert, et s'y perdit. Ses yeux semblaient plus éteints qu'avant, usés par la douleur et la fatigue. Mais ils n'en n'étaient pas moins beaux. Ces deux émeraudes dans lesquels le feu projetait de douces lueurs. Il n'arrivait pas à articuler le moindre mot. Et elle, ne voulait simplement pas briser le silence qu'il y avait entre eux. Lily trouvait sa présence réconfortante, rassurante à sa manière. Peut-être la fatigue jouait-elle ? Le fait est que son esprit la laissa en paix. Il n'y avait qu'eux. Sans l'avoir su réellement, ils avaient besoin de cet instant. Prendre le temps d'observer l'autre. Prendre conscience de sa présence. Chaque fois, des paroles étaient venues abîmer le faible lien qui les unissait. Ils passaient leur temps à s'ignorer ou à se parler froidement, s'adressant toujours le strict minimum de paroles et l'un cherchant constamment à mettre fin au peu de conversation qu'ils avaient. Cette fois c'était différent. Pourtant ils avaient besoin de parler, c'était même plus que nécessaire même. Ils n'avaient pas eu de véritable conversation depuis leur « rupture ». Ils avaient beaucoup à se dire, des reproches à se faire, des excuses à prononcer, et bien d'autres choses. Mais pour le moment ils s'observèrent. Puis Lily se leva et regagna doucement sa chambre, éreintée.

Ce soir ils n'avaient pas prononcé une parole, mais s'en était dit plus que depuis le début de l'année.

Ils turent tout ce qu'ils avaient en eux. Que ce fut leur peine, leur joie, leur colère.

Ou leur amour.


EHH mais c'est encore moi ! oui oui je publie en moins de quatre mois :) 

Des avis ? Des envies ? 

Dites moi tout :)

(oui cette fin est extrêmement tordue mais je VOULAIS au moins un peu de Jily)

Allez je file écrire la suite !

I Love You To The Moon And Back (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant