Chapitre 16

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- Bon, décides toi là, c'est chiant.
- Mais je sais pas quoi choisir, me plaignis-je.

Il soupira avant de se laisser tomber sur le lit.

- Au pire t'en met pas.
- Non ! Je veux en mettre !
- Putain mais t'es en train de nous mettre à la bourre pour un parfum. Si dans trois minutes t'es pas prête, je pars sans toi.

Il se releva et s'assit sur le bord du lit pour mettre ses baskets. Et moi je restai là, à le regarder, incapable de faire mon choix, ayant trop peur de faire le mauvais. Si je mettais l'un, peut être qu'au final j'aurais préféré l'autre, et devoir choisir m'angoissait.

- Deux minutes.

Il enfila sa veste pour confirmer ses menaces, et moi je me mordillais la pulpe des doigts, les larmes aux yeux, terrifiée de faire une erreur.

- Tu préfères lequel ?
- Je te l'ai déjà dit. J'aime autant l'un que l'autre.

Je soupirais en continuant de triturer mes doigts tremblants. Et lui, me fixait d'un air en colère qui me mettait encore plus la pression.
J'étais incapable de faire ce choix. La peur de me tromper était telle que j'étais à deux doigts de faire une crise de panique.
Je me laissai tomber sur le lit en mettant la tête dans mes mains.

- Je ne sais pas quoi choisir.
- Je m'en fous, il te reste une minute pour te décider.

Son énervement déteignait sur moi, et j'avais les nerfs complètement en pelote, l'envie de m'arracher les cheveux, puis les siens était forte.

- Tout ça pour un concert de rap, alors que je supporte pas ça. Je vais me faire chier pendant deux heures, c'est super. Ralais-je.
- Et bien la prochaine fois, je te prendrais pas de place, j'irais tout seul.

Il quitta la chambre, d'un pas énervé.

- Bonne soirée, cria-t-il avec ironie,

Et la porte d'entrée claqua.

Je sentis mon nez brûler, mes larmes doubler leur cadence et mon ventre se tordre. Mais c'était pas le moment de passer ma soirée à pleurer sous la couette. Pas avant d'avoir fait un câlin à Ken.
La perspective de l'avoir rendu triste me donnait envie de m'insulter et de m'exploser la tête contre le mur.
J'étais qu'une sombre merde et tout était de ma faute.

Je prenais ma première paire de bottines que je trouvais, et couru à toute vitesse. Il était parti il y a quelques secondes. J'avais encore mes chances.
Je dévalais priant pour me mes pieds ne s'emmêlent pas. Je sortais de l'immeuble en ne m'important pas de ne pas avoir mes clés. Si je ne le retrouvais pas, j'étais bloquée dehors. Mais rien n'était plus important que lui, à ce moment. J'avais le besoin soudain de lui rappeler que je l'aimais.
Je traversais la rue et m'engouffrais dans la bouche de métro. J'allais ,peut être, être dans le même que lui, au pire, dans celui d'après.

Je courrais à toute allure, je sentais mon gilet glisser de mes épaules, mon chignon se défaire, et un point de côté obstruait ma respiration.
En voyant les portiques, je me détestai pour ne pas avoir pensé à prendre mon pass, et comme un don du ciel, une femme passa au même moment, et je la collai, malgré son refus.
Je m'excusai avec précipitation, et dévalai, à nouveau, les dernières marches en entendant la sonnerie des portes de la rame.
Quand j'arrivais sur le quai, je vis aussitôt le visage contrarié de mon amoureux à travers une vitre.
Je regardais le 13 partir, Ken dedans, en ruminant.

Je pris celui d'après, en me rongeant les ongles. Ça n'étais plus une minute qui nous séparait, mais six. Il était 19h30, les portes de la salle était ouvertes, il ne ferait pas la queue, il sera déjà dedans quand j'arriverai. J'avais pas mon téléphone pour l'appeler, c'était complet, je ne pouvais plus acheter de place, j'avais aucun moyen pour le rejoindre.
Vu que je ne pouvais pas rentrer, je décidai de quand même y aller,d'un pas traînant, je l'attendrais devant.

Avant tu riais [ARRÊTÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant