Chapitre 9

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Recroquevillée dans la baignoire dont l'eau était devenue froide, je grelottai en pleurant l'absence de mon petit copain. Je le réclamais à haute voix en sanglotant comme un enfant pourrait le faire avec sa maman.

- Je veux Ken... pleurais-je en répétant inlassablement ces mêmes mots.

Je l'appelai en boucle depuis plusieurs minutes mais il ne daigna de répondre qu'au bout de 5 minutes. Essoufflé, il me répondit.

- Désolé bébé, j'étais en cabine en train d'enregistrer.

Je continuais de pleurer, soulagée d'entendre sa voix.

- Tu pleures? S'enquit-il.
- Ken...

J'essayai de calmer mes sanglots qui m'empêchaient de respirer, mais sans mon homme à mes côtés, c'était peine perdue.

- Tu me manques... j'ai besoin de toi, sanglotais-je.
- J'arrive dans dix minutes.

Il raccrocha et je laissai tomber mon téléphone contre le tapis de salle de bain molletonné, d'un blanc éclatant.

La vue de mon sang qui ornait la lame du rasoir de mon copain me donna un haut le cœur.

Je l'attendait en grelotant toujours, de plus en plus frigorifiée par le vent glacial qui s'engoufrait par la fenêtre, au dessus de moi, ouverte. Des flocons venaient même se poser sur l'eau, glacée elle aussi, et fondre à son contact. Mais je ne voulais pas fermer la fenêtre. Le froid que
me prouvait que j'étais encore vivante et que je pouvais ressentir des choses. Mon poignet abîmé aussi.

Je fus à la fois soulagée et à la fois honteuse quand Ken me retrouva en boule au même endroit que précédemment. Il s'agenouilla précipitamment en prenant mon visage en coupe, le réchauffant, ses mains étant nettement plus chaudes que mes joues.

- Éloïse putain... Dans quel état tu t'es mise ?
- Je suis désolée... Je suis désolée Ken. Je voulais pas te décevoir, je suis désolée, sanglotais-je.

Je penchai ma tête pour la mettre dans son cou et il me tint fermement contre lui en m'embrassant le front ou le cuir chevelu.

- Tu ne me déçois pas, dis pas de conneries...

J'appuyai encore plus ma tête contre lui, reniflant bruyamment son odeur, soulagée d'être près de lui.

- Pourquoi t'as fais ça?

Il prit mon poignet dans sa main et je sanglotai encore plus fort contre son corps.

- Je suis désolée, pleurais-je.

Il me souleva et je m'accrochai encore plus à lui. Il me reposa et s'éloigna de moi et je me retrouvais nue, honteuse, sanglotante, grelotante et pathétique face à lui. Je cachai par réflexe, ma nudité, ce qui me fit pleurer encore plus puisque j'avais désormais peur d'être nue face à lui, alors que je pouvais, sans soucis, trois semaines avant, me balader dans la maison, sous ses yeux, sans aucun vêtements, pour son plus grand plaisir.
Il m'enveloppa d'une serviette, sans un mot et me frotta le dos pour me réchauffer.

- Viens dans la chambre, il fait plus chaud.

Il me prit, d'une manière protective, par les épaules, et me me guida jusqu'au lit où il me fit asseoir. Tel une poupée de chiffon, vide de vie, je le laissai me sécher et il déposa ensuite la couette autour de moi.

- Je vais... Je vais te chercher une bouillotte et de quoi soigner ton bras...

J'hochai la tête, ne pouvant répondre à cause de mes sanglots qui obstruaient ma gorge en le regardant partir de notre chambre.

Il revint rapidement avec de la biseptine, des pansements, des mouchoirs, une bouillotte coincé son un de ses bras et une tasse fumante dans sa main de libre.

- Je t'ai fais un chocolat chaud.
- Merci, t-t'es un amour.

Je me mouchais bruyamment dans le mouchoir qu'il me tendait et il vint s'asseoir à côté de moi.

- Donne moi ton bras.

Je secouais la tête en me cachant encore plus sous la couette.

- Élo... donne moi ton bras, fais pas l'enfant.

Je continuais de refuser, ne voulant pas qu'il voit l'horreur qui était en train de tacher mes draps mais je me laissai faire quand il le prit de lui même.

- Je suis pas médecin du SAMU alors ça va sûrement être moins délicat que quand c'est toi qui me soigne.

Je souriai faiblement en posant lourdement ma tête contre mon épaule, me calmant peu à peu.

- Pourquoi t'as fais ça ? Me demanda-t-il en passant une compresse sur mes coupures peu nombreuses mais profondes. Tu voulais mourir ? Sa voix se brisa à la fin de sa question.
- Non... Je veux pas mourir parce que je veux plus jamais être sans toi. Au contraire, je voulais me sentir vivante.
- Je crois que je n'arrive pas à te suivre là.
- Ça fait trois semaines que je suis vide, triste parfois, mais souvent vide. Alors j'ai voulu voir si je pouvais encore ressentir autre chose que le vide et la tristesse ... et l'amour aussi. Parce que je t'aime.

Il soupira avant de lancer la compresse dans la poubelle à l'autre bout de la chambre, de passer son bras contre mes épaules et m'embrasser le front.
Il prit la bouillotte qui était à côté de lui et je calai contre mon ventre qui me permettait de me réchauffer peu à peu.

Avant tu riais [ARRÊTÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant