Chapitre 13

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- Ça va pas fort, hein ?

Assis sur le côté de mon lit, après un énième cauchemar, Hakim était venu me consoler et me border pour que je dorme à nouveau. De toutes façons je ne savais faire que ça en ce moment. Mais je détestais le regard qu'il me lançais. Celui rempli de pitié. Je me tournai dos à lui, sans lui répondre.

- Éloïse, ça serait bien que tu parles. Il faut que tu racontes et que tu mettes des mots sur ce que tu as vécu.

Je me mis en boule pour l'ignorer encore plus, mais l'homme qui était si peu bavard, d'ordinaire, ne semblait pas vouloir s'arrêter de parler pour me faire céder.

- Mettre des mots sur les maux, que ce soit à l'écrit ou à l'oral, c'est le meilleur de remèdes. Alors si tu veux pas nous parler à nous, tu peta un carnet à Ken et t'écris.
- J'ai pas envie. Après tout va devenir réel.
- Mais il faut que ça le devienne. Ça doit le devenir pour que tu puisse en prendre conscience, prendre conscience de ton état et pouvoir te reconstruire et tirer un trait dessus. Tant que tu le refuseras, tu pourras pas faire en sorte que ça aille mieux.
- Mais je veux pas aller mieux Hak'...

Je m'enfouissai encore plus sous la couette pour ne pas qu'il voit que je commençais à pleurer.

- Pourquoi ?
- Mais parce que c'est de ma faute. Je le mérite tout ça. Je mérite de mourir.
- Dis pas de conneries comme ça. Et puis pourquoi tu le mériterais?

J'haussai les épaules, signe que je ne savais pas quoi lui répondre.

- Et je suppose que tu saurais pas me dire pourquoi c'est de ta faute ?

Je ne répondis rien, ouvrant simplement les yeux pour regarder par la fenêtre.

- Je sais que la phase de culpabilité c'est typique, mais ça m'enerve. Je sais que c'est pas de ta faute et que c'est ton cerveau qui est con. Mais t'as pas à dire des choses comme ça. C'est pas de ta faute.
- Mais si, me renforgnais-je.
- Tu m'énerve à faire ta tête de con.

Je le sentis s'assoir sur le lit, et il posa sa main sur mon épaule.

- Éloïse putain. T'arrête pas de vivre. Tu peux pas. T'es jeune, t'es belle, il y a plein de monde qui t'aime, il y a encore plein de sacs à main que tu n'as pas acheté, plein de robes, de chaussures et de rouges à lèvres aussi. Tu as encore plein de vies à sauver, plein de gens à faire chier, plein de blagues à raconter, Ken à épouser et plein de marmots à pondre.
- Mais tout ça c'était avant, sanglotais-je.
- Non. Tout ça c'est maintenant. Sort de ton lit, ouvre les volets, vas manger, embrasser Ken, sors, et tu verras que rien a changé.
- Si, pleurais-je encore plus. J'ai l'impression qu'il a pris ma vie, et que moi je suis juste un corps vide. Il m'a tout prit Hakim.

Il me retourna et pris dans ses bras, et je vins écraser mon menton sur son épaule.

- C'est faux. Il ne t'as rien pris du tout, c'est toi qui a décidé de lui donner ton bonheur. T'as juste à le reprendre et tout ira mieux. C'est à toi de décider Éloïse. Tu lui laisse ta vie ou tu la récupère?

Il se leva, m'arrachant de ses bras et s'apprêtait à quitter ma chambre quand il se posta dans l'encadrement de la porte.

- Tu pourras pas rester éternellement appuyée sur pause Élo. Bientôt la vie va recommencer sans toi, et tu ne seras plus que spectatrice du bonheur des autres. Mais je crois que tu préférais être comédienne, toi aussi, alors prends les bonnes décisions.

Il laissait sa phrase en suspend et mon souffle fis la même chose.

- Et fais confiance à Ken aussi. Laisse le t'aider.

Avant tu riais [ARRÊTÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant