Y a-t-il des mots pour décrire un tel état ? Assis sur le même banc qu'à leur habitude, laissant tranquillement les rayons du soleil réchauffer leurs peaux déjà bouillantes de leur étreinte, Thomas profitait de chaque instant passé avec Damien.
Il voyait moins souvent ce dernier depuis quelques jours, car le plus grand avait été nommé pour un nouveau projet de grande envergure, et ses instants de temps libres se faisaient rares. Mais, si leurs moments passés ensembles étaient clairsemés dans leurs vies, ils n'en devenaient que plus précieux. Leurs rencontres exacerbaient leurs sentiments, et ils devenaient de plus en plus tactiles, tout en prenant de moins en moins de précaution pour se cacher aux yeux des autres.
-Tu penses à quoi ? demanda Damien, un sourire dans la voix.
-À toi...
"À nous" aurait été plus exact, mais une certaine pudeur l'empêchait de le dire, d'avouer à quel point leur proximité le touchait. Ce n'était pas juste de Damien dont il était fou, mais de leur connexion unique, qui lui faisait presque perdre la tête. L'espace de quelques heures en sa compagnie, il oubliait tout, pour se concentrer intégralement sur ce lien qui les unissait. C'était magique, et inestimable.
Soudain, alors qu'il restait perdu dans ses pensées, il sentit deux mains se poser de part et d'autre de son visage, et un souffle effleurer doucement ses lèvres.
-Moi aussi...
Et, tendant légèrement le cou, Thomas vient cueillir le baiser qui lui était offert.
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-Je peux venir ce soir ?
Accoudée à la table de leur cuisine, Lara leva son regard vers Thomas, qui était encore une fois devant son piano, à caresser ses touches presque lascivement. La voix de la jeune femme le fit sortir de sa rêverie, et il hocha négativement la tête, cherchant une excuse.
-Non, euh... C'est samedi, et il y a eu beaucoup de réservations ce soir, je crois qu'il n'y a plus de table libre, bégaya-t-il, hésitant. Désolé, ajouta-t-il en voyant l'air déçu de la jeune femme.
-Pas grave, je resterais ici alors, même si j'aurais bien aimé venir te voir pour une fois.
Et elle se détourna, après que Thomas lui ait envoyé un maigre sourire de consolation. La véritable raison de son refus, et qu'elle devait absolument ignorer, était que tous les samedis Damien venait le voir, et il ne voulait absolument pas qu'ils se retrouvent ensembles dans la même pièce. Les risques étaient trop grands, et il n'osait même pas imaginer ce qui pourrait se produire si cela arrivait.
Jetant un nouveau coup d'oeil à Lara, il eu un pincement au coeur. Il se sentait coupable de lui mentir ainsi, de lui faire subir un tel affront sans même qu'elle en soit au courant. Il la savait jalouse et n'appréciait pas cette partie de son caractère, mais pour une fois que ses doutes pouvaient être justifiés il avait l'impression d'être fautif et avait presque honte de demeurer encore auprès d'elle. Le plus horrible trouvait-il était que pas une fois, alors qu'il était avec Damien, il n'avait pensé à elle. Il l'oubliait toujours, et se sentait indigne de sa confiance lorsqu'il la voyait rentrer le soir après son travail.
-Bon, j'y vais, lança-t-il alors qu'il s'approchait doucement d'elle. À tout à l'heure, si tu es encore debout.
-Oui, à tout à l'heure, répondit-elle en l'embrassant avant de le laisser partir travailler.
Jamais un baiser n'avait eu un goût aussi amer.
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-C'était bien ? demanda Thomas, les joues rougies par le froid.