Quand Ben arriva chez Thomas, il trouva la porte ouverte. Avec inquiétude, il pénétra vivement dans la maison, de peur qu'il soit arrivé quelque chose au brun. Finalement, après quelques instants de recherche, il le trouva avec soulagement effondré sur le canapé, les clés toujours à la main. En s'approchant un peu plus, il remarqua que son ami dormait déjà, ses yeux clos encore rouges des quelques pleurs qu'il avait lâché peu de temps auparavant au téléphone.
Doucement, Ben s'occupa du jeune homme, le portant jusqu'à sa chambre pour que son sommeil se fasse plus agréable que sa fin de soirée. Il le mit sous les draps blancs avant de le délester des clés de la maison, qu'il tenait toujours fermement, et retourna dans l'entrée pour verrouiller la porte restée ouverte depuis le retour du brun. Enfin, il se trouva une place plaisante sur le canapé du salon. C'était certes moins attrayant que son lit qui l'attendait les bras ouverts dans son appartement, mais il voulait être là au réveil de Thomas, comme tout bon ami.
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Lorsque Thomas ouvrit les yeux, la première chose dont il s'aperçut était que ses paupières étaient douloureusement restées collées par ses larmes, et qu'il avait désormais les yeux secs. La deuxième chose dont il se rendit compte était qu'il se trouvait miraculeusement dans son lit, bien que toujours habillé comme la veille. Enfin, une odeur forte de café l'assaillit, finissant de le réveiller complètement.
Difficilement, il sortit de son lit. Les draps étaient défaits, froissés de manière compacte d'un seul côté du matelas, signe d'une nuit agitée. Thomas avait deviné que Ben l'attendait dans la cuisine, et il le remerciait intérieurement d'être resté, d'avoir pris soin de lui. Il ne se rappelait même plus de comment il s'était endormis, sur les coups d'une heure et demie du matin, le cœur dans tous les sens. Le sommeil avait eu un effet bénéfique sur sa conscience, mais lorsqu'il entra dans la salle de bain avec l'idée de prendre une courte douche, son reflet lui fit peur.
Son teint était pâle, ses yeux pochés, et on pouvait deviner sur ses joues les traces des sanglots qui les avaient parcouru la veille. Il se sentit mal à cette vision, surtout vis-à-vis de Lara ; il n'avait pas eu autant de séquelles après leur séparation, et maintenant il pleurait comme un détraqué pour quelqu'un qui était encore un inconnu il y avait peu. Peut-être était-ce un post-rupture un peu tardif, qui le rendait faible psychologiquement et le poussait jusqu'aux pleurs pour trois fois rien?
Finalement, il se décida à aller sous le jet d'eau chaude, oubliant son image épouvantable dans le miroir, et essaya de se remettre d'aplomb avant d'aller voir Ben. Cela lui fit beaucoup de bien, détendant tous ses muscles sous la chaleur agréable, et il s'autorisa à tout oublier le temps de quelques minutes. Lara, Damien, l'argent, le piano, et même Ben, Woodrow et Guillaume, tout semblait être parti dans le néant grâce à l'action de l'eau ruisselant sur son corps. Ces moments d'oubli total étaient rares, Thomas le savait, et il essaya d'en profiter autant qu'il pouvait
Mais au bout d'un certain temps, il fut bien obligé de sortir de la douche et de s'habiller correctement. En se regardant de nouveau dans le miroir, il vit qu'il avait indéniablement meilleur mine, même si les stigmates de sa nuit étrangement mouvementée persistaient sur son visage. Il tenta tant bien que mal de cacher alors son état, en essayant de donner le change avec des vêtements propres et qui lui donnaient un air plus soigné que d'habitude.
Rejoignant finalement le salon qui jouxtait la cuisine, il aperçut Ben face à lui par l'entrebâillement de la porte. Ce dernier avait, comme à son habitude, une tasse de café dans les mains, et semblait en pleine discussion. Rapidement, il remarqua la présence de Thomas, et son visage traduit son inquiétude, prouvant que le brun n'avait pas vraiment réussi à cacher son état déplorable. Son ami lui lança alors un regard suppliant, que Thomas interpréta comme voulant dire quelque chose proche de "désolé mec, j'ai rien pu faire", avant que le brun ne pénètre définitivement dans la pièce.