5- Nuit Blanche

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Dès le pas de la porte passé, Thomas compris que la soirée allait être longue. En effet, une tornade de cheveux se précipita instantanément sur lui, avant de le traîner de force dans le salon, sans même lui laisser le temps de pouvoir placer un seul mot de protestation. Ce fut uniquement une fois assis sur le canapé, Lara fermement campée sur ses jambes en face de lui, qu'il put observer le visage rougi par la colère de sa compagne. Ses mains fermement ancrées sur ses hanches trahissaient l'envie presque irrépressible de lui mettre une gifle que semblait difficilement contenir la jeune femme, dont les jointures des doigts commençaient à blanchir sous l'effort.

Thomas ne comprenait pas ce qui avait pu attiser à ce point la fureur qui dansait dans ses yeux bruns, sachant pertinemment que Lara pouvait être une véritable bombe qui pouvait laisser exploser ses sentiments à tout moment, sans signe avant-coureur. C'était ce caractère explosif qui l'avait séduit la première fois, les extravagances de la jeune femme compensant son timide naturel, et leurs personnalités si différentes et complémentaires avaient, pendant longtemps, été la plus grande force de leur couple. Mais Thomas n'avait pas envie de se battre, pas ce soir-là en tout cas, et il décida bien vite d'encaisser sans broncher toutes les remarques de Lara, sans chercher une seule seconde à l'apaiser comme il avait l'habitude de le faire.

Comme un long discours qu'elle avait répété maintes et maintes fois déjà, la jeune femme ne perdit pas plus de temps et entama sans hésitation ses remontrances contre son compagnon.

-Je ne sais pas si tu te rends compte, commença-t-elle d'une voix vive, à quel point je me suis inquiétée ! Je pensais pouvoir te faire confiance, mais apparemment non ! Qu'est-ce que tu faisais cette fois ? Encore en train de me tromper ?

Naturellement, Lara était jalouse comme une tigresse et possessive comme une lionne, et ne pas savoir où se trouvait Thomas l'avait fortement irritée. Il le savait pourtant depuis le temps, elle voulait tout contrôler, ou en tout cas au maximum, et l'idée qu'il ait pu sortir sans qu'elle ne soit au courant de ses intentions la mettait facilement hors d'elle.

-Et si je ne pouvais plus te faire confiance ? C'est quand même la base d'un couple, non ? Si je dois passer mon temps à m'inquiéter que tu me sois infidèle, notre relation perd tout son sens.

Tout ce cirque pour si peu était absurde, Thomas en était parfaitement conscient. La jeune femme cherchait-elle à le priver de toute forme de liberté ? Pourquoi passait-elle son temps à remettre en cause leur relation, alors qu'elle pourrait simplement avoir foi en ses paroles et ses actes, comme tout couple fidèle ? Lui n'avait jamais fauté, c'était le tempérament impulsif de Lara qui avait tout brisé la première fois, alors pourquoi lui faire endosser toutes les responsabilités ?

Avec du recul, le brun se rendit compte qu'il ne comprenait plus la jeune femme. Pire, il lui semblait de moins en moins supporter ses sautes d'humeur, câlins ou colères, ou même leur routine auparavant si agréable et rassurante. Quelque chose avait changé entre eux, il le sentait au fond de lui, mais quoi ? Et surtout, depuis combien de temps leur couple était-il fissuré et bancal ? Car c'était bien cette impression qu'il avait maintenant, en observant la jeune femme virulente juste devant lui.

Le musicien étouffa un bâillement, pour ne pas vexer Lara plus qu'elle ne l'était déjà, mais qui exprimait toute sa fatigue. Il était épuisé par cette pseudo-dispute, par la jalousie de Lara, par sa journée mouvementée et pleine de surprises... Par à peu près tout, en somme. Et surtout, il ne rêvait que d'une chose en cet instant: pouvoir aller dormir. Le flot incessant des paroles de la jeune femme ne semblait pourtant pas se tarir, et une migraine commençait à palpiter doucement sous le crâne du brun.

-Lara... murmura-t-il doucement, dans l'espoir qu'elle l'écoute un peu au milieu de son laïus.

Seulement, sa compagne ignora totalement sa complainte, et se permit même d'hausser légèrement la voix tout en continuant son discours colérique.

À l'UnissonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant