10.

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C'est complètement déprimé que Jisung rentra dans son petit studio, accompagné de Hyunjin et Chan. Il se sentait un peu en trop puisque les deux avaient fini par se réconcilier et étaient main dans la main à se murmurer pleins de mots que Jisung ne voulait pas entendre, encore moins maintenant que Minho lui avait fait clairement comprendre qu'il ne serait jamais intéressé par lui.

Ils s'installèrent par terre autour de la petite tasse et Jisung sortit un paquet de gâteaux au chocolat.

— Je hais ma vie, se plaignit Jisung en tombant sur son lit.

— Mais qu'est ce qu'il t'a dit concrètement ? Demanda Hyunjin, la tête sur les cuisses de son petit ami.

— Que il est hétérosexuel, que les zizis ne l'intéressent pas, que je suis bloqué à vie dans la case " bon pote ".

Chan soupira en haussant les épaules.

— Il t'a menti. Quand on était petit et qu'il n'avait pas encore eu tous ces problèmes, il s'était intéressé à un garçon.

Jisung se releva immédiatement et l'obligea à parler.

— Qui ? Quand ? Et c'est quoi tous ses problèmes ?

Un silence pesant s'installa entre les amis. Les deux amoureux se regardèrent du coin de l'œil en grimaçant et Hyunjin allait parler lorsque Chan le coupa.

— La mère de Minho le battait puis elle s'est suicidée.

Jisung resta bouche bée.

— C'est quoi ces conneries ? Il demande.

Il ne voulait pas le croire.

Hyunjin ferma les yeux et mis une main sur son front.

— Putain Chan, Minho ne veut pas en parler aux autres !

Chan haussa les épaules en grimaçant.

— On peut lui faire confiance à lui.

— Quand même... Je me sens mal, on l'a trahi ! Comment on va faire maintenant ?

Alors que les deux continuaient de se chamailler, Jisung se leva et se posa devant sa fenêtre. Il ne demanda pas pourquoi on lui avait dit plutôt, mais plutôt comment Minho pouvait vivre avec ça.

Tout s'éclairait maintenant.

Son caractère froid et très distant, son extrême méfiance face aux inconnus.

Si même sa propre mère l'avait fait souffrir, tout le monde pouvait le faire.

Ça sonnait comme une évidence maintenant.

— C'était quand ?

Les deux derrière lui arrêtèrent de parler et Chan prit la parole.

— Ça a commencé quand ses parents se sont séparés. Elle n'était déjà pas très gentille avec lui, mais ensuite elle en est venue aux coups. Puis quand elle avait un copain, elle le ramenait et ne s'occupait pas de lui.

— Quand est ce qu'elle s'est suicidée ?

Un nouveau silence plana puis cette fois ci, c'est Hyunjin qui répondit.

— Cinq ans.

— Et son père n'a jamais rien fait ?

— Son père était parti travailler à Singapour. Il avait essayé de l'emmener avec lui mais la loi a jugé que rester avec sa mère et dans son pays était plus judicieux. Il a accepté. Il est revenu il y a cinq ans et ce n'est que là qu'il a su pour la maltraitance qu'il subissait.

Jisung hocha la tête. Il se retourna et regarda ses amis.

— Et vous ? Vous avez fait quoi ?

Hyunjin lança un rapide coup d'oeil à Chan.

— Rien. On a rien fait. On était là pour lui, pour le réconforter. Mais on a rien fait d'autre.

Jisung rit jaune en levant la tête.

— Et vous êtes des " amis " ? Vous étiez au courant et vous n'avez rien fait ?

— À 10 ans j'ai pas le réflexe d'appeler la police, commenta Chan.

— Et il y a cinq ans il avait 14 ans. Vous étiez grands. Et parler à vos parents, c'était trop compliqué peut être ?

— C'est lui qui nous a demandé de ne rien dire.

— Tais toi. Et Hyunjin, tu oses engueuler Chan parce qu'il parle mal de Minho mais tu as laissé sa mère le battre pendant des années ? Putain mais vous avez quoi dans vos cerveaux ?!

Hyunjin déglutit et baissa la tête.

— Je m'en veux tu sais...

— J'm'en fous ! Vous l'avez laissé souffrir, vous avez rien fait et vous vous appelez ses amis ? Mais comment il a pu ne jamais vous en vouloir ?

Jisung jura encore une fois et serra sa mâchoire.

— Sortez de chez moi.

— Jisung attends, demanda Hyunjin les larmes au yeux.

— Casse-toi putain !

Chan se mit devant son petit ami et lança un regard noir à Jisung.

— Tu ne lui parles pas comme ça.

— Mais toi aussi, dégage ! Tous les deux ! Vous faites bien la paire vous, un vrai couple de connard ! Pestifèrera le roux, sur les nerfs.

Hyunjin attrapa ses affaires et sortit, pleurant à chaudes larmes. Son petit ami le suivit.

Une fois dehors, le plus jeune laissa son sac retomber pour pleurer dans les bras de son copain.

Les trois amis souffraient beaucoup. L'un était terriblement déçu, les deux autres étaient rongés par les remords.

SAVE. minsungOù les histoires vivent. Découvrez maintenant