Ma tête se balance au rythme de la musique. Je regarde mes chaussures en toile trempée à cause de la fine pluie matinale. Je n'espère qu'une chose, c'est que mes cahiers ne soient pas imbibés d'eau.
Got me lifted, driftin'higher than the ceiling
Ooh, baby it's the ultimate feeling
You got me lifted feeling so gifted
Sugar,how you get so fly?Je chantonne pensant qu'il n'y a personne dans la rue. Puis, au bout de quelques mètres, je lève la tête pour voir le chemin qu'il me reste. Je ne devrais pas tarder à voir le coin du lycée. Heureusement car mes doigts commencent à avoir froid malgré le fait qu'ils sont dans mes poches. Quelle idée d'oublier mes gants...
Je retire les écouteurs de mes oreilles et les fourre dans la poche arrière de mon sac. J'ouvre ensuite les portes du bâtiment pour me prendre une grande bouffée de chaleur à la gueule. J'enlève ma capuche, passe ma main gauche dans mes cheveux humides et monte les escaliers pour me rendre en cours.
J'aperçois mon petit groupe d'amis et les rejoins.
« Youhou c'est moi. »
Par flemme de faire la bise et serrer la main de chacun, je reste immobile.
« Ça va ? T'as vraiment une tête à réveiller des morts ce matin, me demande Léna.
̶ Ouais encore trop bossé.
̶ Au moins il est prêt pour le contrôle, ajoute Mael.
̶ C'est ça fou toi de ma gueule, répond Léna.
̶ Attendez, qu'est-ce qui se passe là ? demandé-je.
̶ Mael se fou de moi parce qu'hier j'ai passé ma journée chez mon copain et que j'ai pas énormément révisé. » explique Léna.
Je fais un mouvement de tête en signe de compréhension. La professeure passe sa tête parla porte et nous demande d'entrer. Dans la salle, les copies sont déjà posées sur les tables. Je m'assieds sur celle la plus au fond, à côté de la fenêtre. Et c'est parti pour un devoir de maths de deux heures.
***
« Allô mon chéri ? C'est maman.
̶ Je sais maman...
̶ Alors comment ça va ? Tu es bien dans ton appart' ? Il ne fait pas trop froid ?
̶ Non, ça va... »
Je coince mon téléphone entre mon épaule et mon oreille. Les légumes découpés en fines lamelles et carrés frissonnent au fur et à mesure que je les faits danser dans la poêle.
« Bon,il ne te manque rien ?
̶ Non maman c'est bon...
̶ D'accord, je t'appelle demain.
̶ Non, pas la peine je vais survivre jusque là tu sais...Après demain si tu veux.
̶ Mmh... D'accord mon ange, à plus tard alors, je t'aime.
̶ Oui maman, moi aussi. »
Je raccroche rapidement et pose mon téléphone pour retourner à ma cuisine. C'est épuisant à quelle point ma mère m'appelle tout le temps. J'habite depuis seulement quelques jours dans cet appartement tout seul, et je pense que pour elle ça doit être la fin du monde.
Je me sers les légumes avec des pâtes dans une assiette et commence à manger tout en écrivant mes devoirs sur mon cahier.
Après avoir mangé, je repose mon assiette et mes couverts dans l'évier. La flemme de faire la vaisselle ce soir, plus tard. Je prend une cigarette, l'allume,ouvre la seule fenêtre de l'appartement, m'assieds et porte la cigarette à mes lèvres. Il fait froid dehors. Mais pas un froid agréable, non, un froid d'hiver qui fait trembler. Ça ne donne vraiment pas envie de sortir ce genre de temps, et je vais devoir monter le chauffage...
J'écrase ma cigarette sur le rebord du pot à confiture en verre qui me sert de cendrier et la jette dedans. Je ferme ensuite la fenêtre, retire ce qu'il me reste de vêtements et saute à la douche. L'eau chaude me fait tellement de bien. Les gouttes qui ruissellent sur ma peau me caressent agréablement comme un petit massage. Cette sensation de chaleur extrême me fait du bien, elle contraste avec le froid qu'il fait en dehors de la cabine de douche.
En sortant, je frissonne à cause du froid. Je m'entoure d'une serviette de bain plutôt épaisse et secoue mes cheveux pour les égoutter. Je termine rapidement de me sécher et de me brosser les dents pour me hâter d'aller sous la couette me réchauffer. Je n'oublie pas avant, d'augmenter la température du radiateur.
Je récupère mon téléphone et regarde un peu les réseaux sociaux. Rien de bien nouveau comme d'habitude. Certains m'ont envoyé des messages -peu importants- mais j'ai la flemme de répondre. Alors je branche mon portable, éteint la lumière et ferme les yeux.
***
Mes pieds grelottent dans mes chaussures toujours aussi mouillées. Cette nuit, elles n'ont pas bien séché après mon retour chez moi hier, sous la pluie.Résultat, n'ayant qu'une paire, j'ai dû les remettre, même mouillées.
Une fine pellicule de neige est tombée cette nuit. J'ai vu le ciel pleurer ses petites larmes blanches lorsque je me suis levé à 2h du matin pour fumer.
Il fait toujours aussi froid ce matin.
J'ai un léger coup de panique lorsque je glisse sur une flaque glacée, mais je me rattrape rapidement. Je m'arrête quelques secondes afin de respirer un bon coup, puis continue mon chemin.
Quelques minutes avant d'arriver au lycée, Nélie, une fille qui n'est pas dans ma classe,me rejoint pour m'accompagner. Je sais pertinemment qu'elle est amoureuse de moi et ça m'agace, mais je ne dis rien et laisse passer.
« Salut Naï !
̶ Salut Nélie. »
Je lui réponds d'un ton neutre, en essayant de lui faire comprendre que je ne veux pas discuter. Évidemment ça ne fonctionne pas, et bavarde comme elle est...
« Ça s'est bien passé ton emménagement ?
̶ Oui, lui répondè-je avec mon ton toujours aussi neutre.
̶ Et ça va tes notes ?
̶ Oui. »
Je ne lui laisse pas le temps de poser une énième question, et, accompagné du bruit de flotte incessant de mes chaussures trempées, j'entre dans le lycée et me dirige vers ma salle d'espagnol.
J'arrive juste à temps,lorsque la porte commence à se refermer.
« Hola. »
***
« Nan mais tu vois, imaginons... (Mael termine de mâcher et d'avaler son morceau de poulet avant de reprendre) ... Imaginons... J'ai mon bac. Ok ? Bon. Alors, là normalement... Oui je...
̶ Ferme-là Mael, lance Léna, on s'en fou de tes histoires. »
Je souris discrètement.Le pessimisme et la méchanceté de cette fille me feront toujours rire. Mael fait mine d'être triste, mais n'avance pas de remarque.
« Mael tu viens boire un coup chez moi ce soir.
̶ Je valide. » répond-t-il.
***
Chacun une clope à la main, sous les flocons et les tristes nuages, nous avançons vers mon appartement. Mael me parle mais je ne l'écoute pas vraiment. Les affiches publicitaires sur les maisons sont bien plus intéressantes.
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Alors on danse
Fiksi RemajaUn pas, puis un autre, et encore un. Une cigarette écrasée. Une toile d'araignée. Des lacets défaits. Des cheveux dans les yeux. Des doigts abîmés. De la musique un peu forte. De l'eau. Du gravier. Une banalité. Cover by @trashstars Merci !