Juillet 2011. Mon bac en poche ces vacances auraient du bien s’annoncer mais pourtant j'ai passer les deux mois enfermés. J'avais pas la tête à sortir, j'étais en pleine déprime et la raison c'est qu'on a appris que ma mère était malade.
Ma mère, cette femme qui m'a porter 9 mois, qui n'a jamais faibli devant nous, qui à toujours su garder la tête haute malgré l'absence de mon père et malgré des enfants aussi irrespectueux que nous.
On ne fait rien pour lui alléger ses craintes à part nous disputer et nous frapper dessus.
On en est arriver à une solution simple même si elle n'a aucun sens : ne plus se parler.
J'entretiens de bons rapports qu'avec ma sœur Sania. Elle et moi c'est comme les deux doigt de la main, Bonny and Clide ou un obèse avec son pot de Nutella.
Avec Malek et Samra ce serait plutôt le chat et la souris, une bombe dans un terrain miné ou un obèse en cure d'amaigrissement.
Avec mon frère Malek c'est la différence d'âge qui a creusée notre incompréhension. Je lui reproche de ne pas avoir su jouer son rôle de grand frère de la meilleur des manières. A part nous réprimander et nous frapper dessus il ne savait pas faire grand chose d'autres. Quand j'étais une gamine je trouvais ca d'une certaine manière compréhensible mais j'ai grandi et j'suis devenue une femme, je n'ai plus supporter ses coups, son arrogance et sa façon méprisante de nous parler.
Pour vous expliquer ma relation avec ma sœur Samra, une réplique du film des Poupées et des Anges convient parfaitement : « Ma sœur Samra à l'attitude d'une star, sa façon d'se répandre, sa démarche, ses manières. Tout est calculé pour ce faire remarquer. Très belle, elle est très belle et elle le sait. Son arrogance est pleine de grâce, de classe, de glace. » Trop différente pour ce comprendre, trop différente pour vivre ensemble.
Ne plus parler à vos frères et sœurs, votre chair, votre sang, d'autant plus que vous vivez sous le même toit c'est plutôt absurde comme situation.
La mort de mon père aurait du nous rapprocher, nous souder, mais elle n'a fait que nous éloigner. Plus les années passent, plus ma famille se dissout.
Le mois du Ramadan on l'a passer chacun de notre coter alors que c'est censé être un mois où l'on oublie toutes ses vieilles rancœurs, un mois de pardon mais malgré ca personne n'a fait le premier pas pour retourner vers l'autre.
Parfois j'ai l'impression d'avoir la fierté de dix bonhommes. Un jour l'orgueil me perdra...
« La dispute est comme le feu ; que Dieu maudisse celui qui l'a allumé, et qu'Il accorde sa miséricorde à celui qui l'éteint. »
Ma famille je l'aime à la muerte mais on à trop de fierté pour se l'entendre dire. Cette putain de fierté mal placé qui nous fera vivre de regret un beau jour.
[ Allah yajma'na fi sa'at al-khir : Que Dieu nous réunisse à nouveau dans la bonne santé. ]
Avec tout ca j'ai complètement zapper Chloé. Elle m'en a voulu et je m'en suis voulu aussi. Elle avait vécu une année difficile après le décès d'une de ses meilleur pote (Allah y Rahma) et je n'avais pas été assez présente pour elle, pour la réconforter, lui tenir la main comme elle a tenue la mienne dans les pires moments.
Chloé, tout comme Hayet, je les considère comme ma chair. Chaque malheur qui les touche me blesse au même niveau.
« Dis à ton cœur qu'il cesse de se livrer au chagrin car le chagrin ne diminue pas à se nourrir de larmes. »
Début Septembre 2011. C'est la rentrée.
Nouvelle année, nouvelle école, nouvelles rencontres...
« Nour, Nour... Réveille toi, tu vas être en retard. »
La voix douce et réconfortante de ma mère vient me caresser les oreilles.
Je me lève sans grande conviction à l'idée d'attaquer une nouvelle année de cours. J'entame ma première année de BTS dans un lycée d'une ville voisine pour éviter de voir les mêmes têtes et de côtoyer les mêmes personnes. J'avais besoin de changement, besoin de changer d'air.
9h. Arrivée dans le hall du lycée. Je me sent toute petite face à toute cette foule.
On a le droit au grand discours habituel : « Cette année il faut travailler. Vous êtes partit pour deux ans. Sans travailler régulièrement on a rien, il faut de l'acharnement, de la ponctualité, du respect... Voilà les ingrédients pour réussir. Moi, par exemple je suis diplômé d'un master de... »
A partir de cette phrase j'ai complètement lâcher. Pourquoi toujours se vanter des diplômes qu'on a eu et être constamment obliger de les étaler sur la place publique ? C'est bien il pèse lourd sur la balance des diplômes mais en tant qu'homme il vaut quoi ? La vrai vie ne s'apprend pas dans les bouquins mais plutôt sur le terrain. Il ne faut pas avoir peur de tomber pour mieux se relever.
« Le plus important ce n'est pas la chute, c'est l’atterrissage. »
Je regardais toutes les personnes qui m'entouraient. Après tout j'allais passer deux ans avec eux.
C'était un vrai mélange des cultures. Arabe, noir, portugais, pakistanais, indiens, turc, italien et j'en passe. J'avais jamais vu autant de diversité dans une seule et même classe.
A côté de moi y avais un mec un peu Dandy. Le style bon chic, bon genre. Il était rempli de tmenik dans sa manière de parler ou de regarder les autres d'un air hautain. C'est le genre de mec qui croit tout savoir de la vie, qui pense avoir déjà tout vécu.
Puis, j'ai commencer à parler avec Yasmina et Aminata.
Yasmina c'est le genre de fille timide en apparence mais qui cache une profonde folie en elle. Elle paraît calme et discrète alors qu'elle est mehboule, dérangé, givré, fêlé, follet, désaxé, déséquilibré, détraqué, dingo, fada...
Aminata, elle c'est une fille d'une beauté rare mais qui manque de confiance en elle. Elle nous racontait ses histoire un peu pompereup.
On fait la visite guidée du lycée. Un gars se met en face de moi et me fixe. Je fais la fille qui regarde ailleurs mais il insiste. Donc je le regarde et je lui fais un petit sourire mais il tourne la tête et il part sans se retourner. Lui, j'ai vite retenu son prénom, c'était Seddik. Le petit rigolo de la classe comment ne pas le remarquer ? En plus d'être un rigolo il devait aussi être skyzo vu l'action qu'il venait de me faire.
Puis, au bout de quelques instant je pose mon regard sur un grand bonhomme. Sans m'en rendre compte j'arrivais plus à le lâcher du regard. Son allure, sa démarche, sa façon de se répandre, tout me charmais. Il paraissait à la fois calme et arrogant. Un visage marqué par le passé, on peut voir rien qu'en le regardant dans les yeux qu'il a vécu des choses difficiles, des épreuves. C'est le genre de gars avec un visage dur mais un cœur doux.
J'ai su un peu plus tard que ce gars s’appelait Sabri mais j'étais loin de me douter qu'il deviendrait par la suite le noyau auquel allait se rattacher ma vie.