Tomber amoureuse ? Jusque là ca ne m'étais jamais arriver. Je veux dire vraiment amoureuse. Pas les petites amourettes, les petits flirt. Je parle du vrai amour, sincère. J'suis pas comme ses petites minettes qui vont aimer un gars parce qu'il à une vago ou de l'oseille.
Je veux d'un homme qui quand il me regarde voit la mère de ses enfants tout comme je veux voir le regard d'un père dans les yeux de celui que j'aimerais.
« Soit un vrai bonhomme si tu veux que je soit ta femme, petit. »
Le lendemain, première journée de cours. Lever à 6h, les yeux dans le vague, je marche en titubant jusqu'à mon armoire.
J'aime prendre soin de moi pour cacher mon manque de confiance.
J'suis toujours sur mes gardes, sur la défensive. C'est une armure en béton que j'me suis forger pour ne permettre à aucun de mes sentiments de s'extérioriser, par fierté sûrement mais pour éviter de souffrir inutilement surtout.
J'accepte mal les compliments et surtout venant des hommes. Si y a flatterie c'est forcément pour quémander quelque chose en retour.
« Il peut y avoir un coup de poignard sans flatterie, il y a rarement de flatterie sans coup de poignard. »
Je tire ma tignasse en arrière et je me fais un chignon coiffer/décoiffer avec une petite touche de maquillage. Veste Redskins noir en cuir, jean slim, des Tropéziennes aux pieds et me voilà partit !
Youssoupha, Kery James, Médine, ou encore Sniper tout en passant par Rohff... tournent en boucle dans mes oreilles.
Je commençais par une heure d'anglais en demi-groupe. Je me pose directement à côté de Yasmina. Quand on se parlais c'est comme si on se connaissais depuis des années. Elle mettait les gens tout de suite à l'aise.
Le but de ce premier cours était de faire connaissance mais en anglais bien sure. La prof avait instauré une sorte de « jeu de rôle » qui consistait à se mettre en binôme, l'un pose des questions et l'autre devait y répondre avec des éléments de sa propre vie.
Dans ma tête c'était déjà tout tracé, j'allais rester avec Yasmina et on allait rigoler pendant une heure... C'était sans compter sur mon mektoub.
Prof d'anglais : Yasmine avec Nicolas, Seddik avec Hilal, Nour avec Sabri...
J'ai eu un coup de chaud. J'ai tourner ma tête, toute souriante et lui cherchais qui était « Nour. »
Il regardait de tout les côtés alors je lui ai fait un petit sourire pour lui montrer que la grosse Nour c'était moi mais il en avait carrément rien à foutre.
J'y ai pas plus prêter attention et j'suis partit m'installer à côté de lui parce qu'il m'a très bien fait comprendre qu'il n'était pas déterminé à faire le premier pas.
On reste silencieux pendant au moins cinq minutes. Puis, ce silence a fini par me peser.
Moi : Je pose les questions ou on inverse ?
Lui : J'les pose... Ou non vas y pose les... Comme tu veux
Il détourne le regard et fait mine de mater un peu partout. Il à le sourire des gens coincés, gêné de parler à des personnes. C'est le sourire des insociables. Comme s'ils avaient vécu reclus toute leur vie et qu'ils ne savaient pas de quel manière tenir une conversation. Vous voyez de quel sourire je veux parler ?
Je lui pose mes questions mais y a une tension entre nous. Pas une tension dans le sens péjoratif mais plutôt comme si on avais envie de s'ouvrir un peu plus mais qu'il y avait une certaine retenue.
On avait réussi à faire un peu plus connaissance quand même. On essayais d'engager une conversation mais ca restais timide.
Lui : T'habite la cité ***** ?
Moi : Ouais ! Tu connais ?
Lui : Ouais vite fait. Y a un club de boxe, j'y allait à l'ancienne
Moi : Ah ouais celui de Kader
Je connaissais bien ce club de boxe parce qu'il appartenait à l'oncle d'une de mes potes, qu'il était à deux pas de chez moi mais surtout parce qu'ils avaient un Rottweiler de la taille d'une camionnette. Un vrai colosse.
Bref.
Ca faisais un peu ambiance speed dating et quand la clochette sonne on change de partenaire. Sauf que y avais pas de clochette mais y avais SEDDIK.
Il c'est poster face à nous et il nous à fixer sans ouvrir la bouche une seule fois. Directement j'me suis demander s'il était normal. Peut-être qu'il est déficient après tout parce que je comprend pas il a quoi à toujours fixer les gens. Ksos for life !
Ce que j'ai aimer chez Sabri c'est la pudeur qu'il avait dans sa façon de me parler, de détourner le regard. Sous ses apparences de Ghetto Youth c'était en faite un marshmallow de 1m90.
Je voulais le croquer sur le moment. Peut-être qu'il cachait quelque chose de bien plus profond qu'une belle gueule. Bon vraiment très bien cacher hein. Enfoui au plus profond de lui mais qui sait un jour j'y parviendrais peut-être...
[ On veut toute être celle qui fera changer ce thug life qu'on aime et dont on espère que l'amour soit réciproque mais s'il ne change pas pour sa mère pourquoi changerait-il pour nous ? Même si l'amour fait des prouesses après tout. ]
Les jours passaient et on ne se parlaient pas. Y avais quelques petits regards par ci, par là mais sans plus.
J'étais toujours avec mes soces de galère, Aminata et Yasmina.
Aminata était dans un demi-groupe différent du notre, elle était dans celui de Kevin. Un grand renoi plutôt marrant et ca se voyais qu'elle n'était pas insensible à son charme.
Elle nous parlait souvent de lui et un jour j'ai entendu Seddik dire à Kevin :
« Tu vas pas voir ta femme ? » en montrant Aminata de la tête.
Chaque midi avec les filles après manger on se posaient sur un muret et toujours Kevin venaient nous rejoindre.
Ca fait un peu beaucoup pour des simples coïncidence. Kevin craquait sur Aminata et y avais rien d'étonnant.
Chaque midi j'les laissais parler entre eux, j'me faisais tout petite, la plus discrète possible. C'était chou comme tout !
Seddik c'est devenu mon kho au fil des jours. C'est moi mais au masculin. On a les mêmes délires, la même façon de penser même si j'ai toujours pas compris ses actions d'avant. Il était partit khtob sa copine cet été et ils étaient fiancé. Les gars bien qui n'ont pas peur de se poser ca devait exister après tout, il en est la preuve vivante.
L'après midi on enchaîne avec cours de droit... 2h ! J'vais pas tenir faut que je sorte. Je crois que j'ai trop manger au kebab du coin. Tellement mon gros ventre était rempli ca me coupais la respiration.
Moi : Monsieur je peux aller à l'infirmerie svp ?
Prof de droit : Oui, on va t'accompagner. Qui sont les délégués provisoires ?
Bien sure tout le monde à lever la main.
Prof de droit : Sabri accompagne ta camarade.
Wallah quand il a dit ca mon sang n'a fait qu'un tour, j'sais pas pourquoi sa simple présence me perturbait autant. A croire que le mektoub fait bien les choses...
Moi : Ou je peux aussi y aller seule c'est rien Monsieur
Il ne m'a pas calculer et il à continuer son cours. J'suis sortit la première suivie de Sabri qui me tirait des vrais balles à blanc avec ses yeux. Oulalah j'sent bien que cette fois c'est ma fin...
[ En attendant la suite... ]
Extrait de la prochaine partie :
« Il c'est poser derrière moi et il a commencer à me caresser les cheveux. Puis, il c'est mit à passer tout doucement sa main dans mon cou. Mon corps entier c'est mit à frémir. Sentir sa main descendre tout le long à fait bouillir tout mon corps. J'avais chaud, un sentiment de plénitude m'a envahit d'un coup. Mais ce sentiment à vite été remplacer par de la méfiance. Pourquoi était-il en train de faire ca ? C'est vraiment pas le genre de gars à avoir des gestes tendres ou affectueux envers qui que ce soit.
C'est le genre de gars qui évite de montrer ce qu'il ressent parce que « ca ne se fait pas », faut constamment jouer le bonhomme, le dur pour être pris au sérieux, pour être respectés. Oui, c'est ce genre de gars pour qui, selon lui, montrer ses sentiments équivaut à dire qu'il est faible.
Aimer n'est pas un signe de faiblesse mais ca montre que t'es bien vivant. Tu ne peux pas vivre sans ne rien ressentir, comme si t'étais mort de l'intérieur. Alors ouvre toi à l'amour, autorise toi un peu de bonheur... »
On patiente en musique...
Nessbeal et Vitaa : Peur d'aimer
http://www.youtube.com/watch?v=ktUTkaHOQHI