II - Direction : Lyon ! - Leena

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France, sur la route.

Début décembre.

***

Les paysages variés défilaient sous les yeux endormis de Leena. Ils étaient noisette, et ses cils étaient parfois habillés de mascara. Ses cheveux châtains clairs étaient emmêlés par endroits, mais elle restait toujours fidèle à sa personnalité : organisée mais hasardeuse. Elle portait un pull mauve clair, et un jean taille haute, qui était accompagné d'une ceinture. Ses chaussures, de la couleur d'un ciel tendre, quoique, un peu gris ce jour la, se mariaient avec des chaussettes blanches à dentelle. Ses écouteurs, elle n'y faisait plus attention, et elle sombra dans un sommeil léger.

Elle se rendait chez son père, à l'autre bout de la France. Sa mère, elle, était contrariée. Elle marmonnait qu'il n'était pas concevable de devoir l'amener chez son ex-mari sans avoir été prévenue bien en avance. C'était une femme ayant la cinquantaine, mais qui paraissait bien plus jeune. Elle était brune, avec des reflets gris par endroit. Ses yeux étaient perçants et clairs. Elle était ni trop grande, ni trop petite et s'habillait de façon élégante. Elle avait retiré ses escarpins pour conduire, les remplaçant par des basket blanches décorées d'un dessin sur le talon.

Sa mère se rendait sur une aire d'autoroute pour faire une pause, visiblement peu fréquenté en début d'après-midi. La mère de Leena retira ses chaussures, pour en enfiler d'autres, à talons. Ils étaient en cuir noir, et sur la base se trouvaient des lignes dorées, ceux que sa fille lui avait offert à son anniversaire. Puis, elle se retourna pour la questionner :

- Chérie, on est sur une aire, tu reste dormir ou tu m'accompagne, ça permet de nous dégourdir un peu les jambes ?

Pour toute autre réponse, elle reçu un :

- Mmmh, _ veux do_mi_ - dit Leena, en mâchant ses mots.

- D'accord ma belle, je reviens dans une demi-heure, les clés sont sur le volant. À tout de suite !

Et elle claqua la porte de la voiture, puis s'engouffra dans le bâtiment à deux étages. Il était grand, et reflétait la générosité, avec ses larges fenêtres et poutres qui soutenaient la terrasse du premier étage. Elle remarqua immédiatement l'ambiance chaleureuse qui y régnait et se dirigea vers les escaliers, effet marbre, pour pouvoir - peut-être - admirer un joli panorama. Elle souriait, elle qui était pourtant agacée de traverser toute la France pour amener sa fille chez son ex-mari, et regardant le paysage à travers la fenêtre, se cogna à un enfant qui se mit à pleurer doucement. C'était un petit garçon habillé d'un sweat avec l'inscription "Alix" et du dessin d'un crocodile vert.

- Oh, mon pauvre petit chou. - s'exclama-t-elle.

Elle s'accroupit doucement dans les larges escaliers et sortit un mouchoir en vitesse de son sac. Celui-ci était décoré de multiples Mickey. Dans son sac, Louise en avait de toutes les couleurs, et surtout ceux avec de petits dinosaures. Elle en lui tendit un et lui chuchota quelque chose à l'oreille, ce qui le fit sourire instantanément. En lui tendant sa main, qu'il tenait fermement à présent, la mère de Leena s'aperçut qu'il n'avait pas de tétine. Tous deux montèrent à l'étage, et elle sortit une feuille et un crayon de son sac. Autour de leur table, des canapés étaient calés contre les murs, décorés de cadres minimalistes. Les personnes qui y étaient écoutaient la musique émanant des enceintes situées au plafond. C'était plutôt de la pop connue de tous, avec des textes simples et un refrain rapide et cadencé. Personne ne faisait attention à eux, ce qui l'arrangea.

Elle pris deux minutes pour dessiner un chevalier en armures brillantes, à terminer de colorier, avec en fond, un château muni de douves et de créneau et un donjon haut et large. Elle signa Lou' et donna le dessin au petit garçon, tout sourire. Il allait partir, mais elle lui pris la main, y posa une petite boîte en carton contenant quelques crayons, et proposa d'aller retrouver ses parents. Elle lui posa des questions concernant sa maman et son papa. Alix lui répondit qu'ils étaient en train de manger au restaurant du rez de chaussée. Ils descendirent, et elle le porta sur sa hanche, pour pouvoir chercher du regard ses parents.

Elle vit un couple qui la regardait fixement, presque étonnés, elle se mit donc en route dans leur direction. Ils étaient assis devant des assiettes quasi vides d'une tarte au citron. La femme était vêtue d'une robe bleue marine, à faible décolleté à l'avant, mais un dos nu derrière. L'homme, lui, portait un pull gris à col V, et des lunettes argentées fines.Leurs vestes étaient déposées sur le dossier de leurs chaises, qui paraissaient confortables. 

Arrivée à quelques mètres de leur table, Louise, la mère de Leena déposa l'enfant par terre, qui commença à se diriger vers la femme blonde. Elle emprunta une chaise à proximité d'une table vide et leur demanda la permission de s'asseoir quelques minutes avec eux pour leur expliquer la situation. Ils acceptèrent et elle pu leur raconter qu'elle percuta sans le vouloir leur enfant, et que, pour le calmer, elle lui avait fait un joli dessin qu'il allait pouvoir colorier grâce aux crayons qu'elle lui avait donné auparavant. Puis, le couple lui demanda d'où elle venait. La discussion se poursuivit, jusqu'à ce que Louise décida de se lever pour reprendre la route. Elle leur déclara que malgré leur complicité évidente, sa fille de 16 ans l'attendait dans la voiture. Ils s'échangèrent leurs numéros, pour avoir la possibilité de se recontacter, et se quittèrent, le sourire aux lèvres.

***

Depuis le départ de sa mère, Leena dormait paisiblement, jusqu'au moment où une voiture de couleur noire se gara sur la place voisine. Elle ne voulait pas que ses occupants, peu nombreux soient-ils, ne la voient en train de somnoler contre la vitre. Elle tourna la tête, et, soudain, entendit un bruit contre sa porte. Elle ouvrit les yeux, puis les referma aussitôt, la lumière du soleil étant trop intense. Petit à petit, elle ouvrit ses paupières et commença à distinguer très nettement un garçon de son âge qui venait d'ouvrir la portière de la voiture de ses parents, qui avaient cogné contre la sienne. Elle le regarda en fonçant les sourcils, et décida de se rendormir, malgré les nuisances du jeune homme impoli. 

Il était brun avec les cheveux bouclés sur le dessus de la tête, et légèrement plus court sur les tempes et l'arrière. Son manteau, une doudoune volumineuse, était noire jusqu'au buste, et orange à partir de la cage thoracique.
Ses yeux était sombres et son nez allait parfaitement avec le reste de son visage. Ses joues avaient de légères taches rougeâtre, et sa bouche était de taille normale.
Il portait un pantalon façon treillis, et décoré camouflage. Ses chaussures étaient des dad shoes blanches et ayant la semelle épaisse et stylisée.
Il disparu entre les voitures déjà garées, le parking étant à moitié occupé par des trente-trois tonnes, des camionnettes et des voitures familiales. Soudain, quelques gouttes résonnent sur le toit, et peu après une averse la réveilla complètement. Elle attendit donc sa mère, qui ne tarda pas à faire son apparition à travers l'une des fenêtres de l'auto.

Alors, elles continuèrent leur route vers Lyon, dans la fin de journée. Le soleil disparaissait au loin, sa lumière filtrant à travers les forêts et les arbres.

𝐋𝐄𝐄𝐍𝐀Où les histoires vivent. Découvrez maintenant