Alors que j'effectue ma tâche quotidienne, qui consiste toujours à arracher les dents en or de ceux qui ont péri dans la chambre à gaz. Je me souviens de ce jeune officier, qui avait tenté de me venir en aide, après que l'on m'ait enfermée dans le cachot, pendant quatre jours. Il avait à peine une vingtaine d'années, très grand et blond comme les blés, ces yeux étaient bleu comme le ciel une nuit de pleine lune. Et si c'était lui, qui m'avait soigné ? Il faut que je le retrouve avant qu'il ne soit trop tard. Il a mis sa vie en danger pour moi, mais aussi sa carrière en péril. Pendant que je tente d'arracher l'alliance d'un homme, tout à coup, j'entends un coup de feu qui me fait sursauter. Je fais un demi-tour de tête, et là allongé au sol, le crâne transpercer par une balle, Migùel. Tétanisée par cette vision d'horreur, je manque de laisser échapper un cri. Je ne comprends pas, pourquoi lui ? Je n'ose même pas regarder celui qui l'a abattu, Marzel m'avait suffisamment fait de mal et peur, pour me retrouver de nouveau en confrontation avec lui. Je n'avais pas peur dans le sens propre du terme, mais j'avais peur qu'il recommence à me prendre comme soufre douleur. Mais il est trop tard, son regard croise le mien :
« Toi là-bas ! Qu'est-ce que tu regardes ? Ça ne t'a pas suffit ce que je t'ai fait la dernière fois ? À moins que tu en veuilles encore voir peut-être plus.
-Je... Non, s'il vous plaît. Je... Ne voulais pas... Je voulais juste aller vider... Vider la caissette de bijoux en or...
-Alors vas-y et baisse les yeux, la prochaine fois que tu es sur mon chemin. »
Tout en passant devant lui, mon regard se baissa sur le corps de Migùel. Ça aurait pu être moi, ce qui me rassure un peu. Arrivé à l'entrepôt des bijoux, je tentais tant bien que mal d'ouvrir la porte, mais manquant de force, la caissette tomba et j'ouvris la porte avant de me baisser pour ramasser mon gain. Un officier posa le pied sur ma main, non pas pour me broyer les doigts, mais pour regarder l'ampleur des dégâts. Il retira son pied et me tendit la main. Tout en me relevant, différentes parties de mon corps craqua et m'arrachais des larmes. Il passa son pouce délicatement sur chaque larme. À ce moment précis, je n'ai pas peur. Non, bien, au contraire, je me sens bien et en sécurité. En rouvrant les yeux, je l'aperçus. Celui qui avait tenté de m'aider à ma sortie. Il me dit gentiment :
« Tu ne devrais pas travailler avec ces porcs. Tu es une jeune femme très forte, à ce que l'on dit. Tu as tenu tête au commandant à l'arrivée du train Rothau. C'est cela.
-Oui, on m'a toujours dit de ne jamais baisser la garde face à des gens comme vous.
-Je comprends ce que tu ressens. Je n'ai pas choisi cette vie. On l'a choisi pour moi. Je m'appelle Philippe. Et toi ?
-Euh... Nathanaëlle. Je... Est-ce que c'est toi qui a fait ce pansement ? »
Voyant que je peinais à remonter ce torchon qui me servait de tunique, il déposa sa main pour arrêter mon geste. Il devait savoir ce dont je lui parlais, il ne parut pas très surpris par ma question. Son regard se dirigea, vers ma poitrine, il savait ce que je voulais lui montrer, et ce, dont je parlais.
« Oui. Oui, c'est moi qui ai fais ton pansement. Je... Je suis désolé... D'avoir eu à enlever cette chemise. J'ai vu Marzel te frapper comme un animal. J'étais sur le perron, de l'une des baraques qui n'est pas loin de là.
-Pourquoi ? Pourquoi n'es-tu pas intervenu ? - moi qui pensais être forte, les larmes coulaient comme un ruisseau.
-Ressaisis-toi ! Tu n'es pas comme la première fois, que nous nous sommes rencontrés. Quand tu étais cachée, à la gare, j'étais dans le train. Je t'ai vu tenir tête, au commandant."
VOUS LISEZ
Never forget the past
Historical Fiction"N'abandonne pas. Tu n'as pas le droit d'abandonner, tu t'es donné corps et âme pour me connaître et me sauver." Voilà une phrase bien encourageante, quand on se retrouve plonger dans une époque qui n'est pas la nôtre. Nathanaëlle, vingt-cinq ans...