CONFESSIONAL // h.styles

2. sobre

Je me sens m'effondrer lentement. C'est lui. Après tout ce temps, il est là, à l'autre bout du fil. Mes idées s'éparpillent, je ne sais pas comment réagir.

-Harry je ... Enfin... c'est pas...

J'essaie de respirer longuement en fermant les yeux. J'ai pensé à cette situation tellement de fois. Parfois je m'imaginais lui crier à quel point il m'avait rendue triste. Parfois je m'imaginais lui dire à quel point je l'aime et qu'il m'avait manqué. Mais me voilà dans cette même situation, et je n'ai aucune idée de ce qui va se passer.

-Écoute, si ce n'est pas le bon moment je te rappelle plus tard il n'y a pas de... Je suis au téléphone!! taisez vous s'il vous plait... un peu de silence je vous en..
-Apparemment ce n'est pas vraiment le meilleur moment pour toi non plus. Je me trompe ?
-Non non je.. laisse moi une seconde.

J'entends des pas, quelques voix, un rire, puis le bruit d'une porte qui se claque. Comme d'habitude, il est entouré de dizaines de personnes.

-Harry pourquoi tu m'appelles ?
-Écoute moi Liz, je n'y arrive plus. Je sais que nous deux c'était il y a plus d'un an mais..
-Deux ans Harry. Ça fait deux ans et c'est la première fois que tu m'appelles depuis que tu es parti.
-Liz je regrette. Je sais que tu m'en veux.. et je comprends ! Mais... tout ça Liz... tous ces photographes, tous ces concerts, ces chansons écrites, ces moments vécus... tout ça n'a aucun sens sans toi. Arght... Je sais c'est un peu stupide de te dire ça. Tu me manques, c'est difficile de te savoir si loin dans avoir aucune nouvelle.

Je m'appuie contre un mur en fermant les yeux, je sens le regard inquiet d'Axel sur moi. J'ai l'air si dévastée que ça ? J'avoue que je ne me sens pas très bien. Si j'avais le choix entre retourner danser et poursuivre cette conversation je pense que.. mais attends. Je l'ai ce choix. Rien ne me force à rester là à l'écouter. De toutes façons je finirais par arriver à vivre sans lui. Mais en même temps... de quoi ai-je envie ? Le dancefloor à l'intérieur n'est pas vraiment ma tasse de thé. Peut être que je devrai laisser une chance à nos sentiments respectifs.

-Liz ? Tu.. tu m'écoutes encore ?
-Ce qui est certain Harry, c'est que tu es bien meilleur pour écrire des chansons sur ce que tu ressens que pour le dire au téléphone.

J'entends son rire et une chaleur que je connais bien se propage dans mon corps. J'ai bien fait de ne pas retourner à l'intérieur finalement.

-On devrait peut être se voir alors. Pour en parler.

Revoir Harry ? J'avoue que c'est tentant mais... ça voudrait dire l'avoir près de moi sans l'avoir tout à moi.

-Tu es où en ce moment ?
-Perth. Je te paie l'avion et tu me rejoins ce week-end d'accord ?
-Harry. Je ne vais pas mettre ma vie en pause pour aller en Australie tu le sais très bien.

Non mais il est quand même culotté. Il me demande de parcourir la moitié du globe pour discuter. C'est hors de question.

-Tu ne sais pas ce que tu rates c'est vraiment joli ici... mais bon. Comme tu es têtue, qu'il en soit ainsi. Je viendrai en Angleterre dans une semaine ou deux.
-Tu es.. Enfin tu es sûr de toi là ?

Mais il a déjà raccroché. Harold je te déteste. Je passe ma main sur mon front. Qu'est ce qu'il vient de se passer là ? Je rejoins Axel, encore pleine d'adrénaline. J'ai quand même tenu tête à mon ex copain. Enfin à peu près... mais je suis quand même fière de moi.

-Si je te propose deux Bloody Mary tu me suis ? C'est moi qui offre.

Axel, surpris, reste silencieux un instant. C'est vrai qu'il y a quelques minutes j'étais tétanisée et là, je lui propose des cocktails. Il finit par se détendre et hausser les épaules.

-Je ne refuse jamais un verre.
-Ça va finir par t'attirer les ennuis ça.

Nous rions tous les deux en entrant à nouveau dans le bar. Il y fait encore plus chaud qu'avant et il y a encore plus de gens qui dansent. Je vais boire ce fameux verre avec Axel en discutant. Enfin... discuter est un grand mot, on essaie plutôt de lire sur les lèvres l'un de l'autre et lorsque ça devient trop compliqué, on se crie dans l'oreille pour comprendre ce qu'on essaie de dire. N'empêche, il sauve ma soirée. Il me fait rire avec ses anecdotes sur sa petite soeur et sur sa première rencontre avec une drag queen.
Pendant la soirée, un autre homme vient parler avec nous. À cause de la musique, je n'ai compris que son surnom: Lady. Il parle mal anglais, mais il est bien mieux maquillé que moi et porte des escarpins magnifiques. Nous restons là, tous les trois à rire, jusqu'à tard dans la nuit.

Ce n'est qu'après la fin de mon troisième cocktail que Jeanne et Juliet arrivent vers nous, transpirantes mais le visage heureux et rieur. Jeanne n'arrête pas de parler de cette fille qui l'a accostée et draguée pendant qu'elle dansait. Je vois bien qu'elle s'en amuse mais qu'au fond elle n'a pas vraiment apprécié ça. Elle en rigole beaucoup... beaucoup trop. Je fronce les sourcils en la voyant se tenir au bar. Ses yeux se ferment et pourtant son rire continue.

-Jeanne ? Jeanne ?

Qu'est-ce qui lui prend ? Qu'est-ce qui peut la mettre dans cet état ? Je regarde son verre et sens le contenu. Ce n'est pas son mojito. Pourtant elle n'arrête jamais de me dire que si on pose son verre en soirée, on le laisse et on en prend un autre !

-Jeanne !!

Tout se passe très vite et je ne comprends pas bien pourquoi Juliet ne réagit pas. C'est Lady qui attrape le corps inconscient de notre amie. Je vois le barman observer la scène, impuissant. J'attrape mon téléphone mais mes doigts tremblent. J'essaie de composer ce foutu numéro mais l'alcool m'empêche de voir correctement. Je déteste les soirées alcoolisées.

Après j'ai oublié ce qui s'est passé. Je ne me souviens que de la sirène et des lumières bleues et rouges qui dansent sur les murs. Je vois Axel qui essaie de me réconforter, Juliet qui est assise sur le bord du trottoir et Lady qui n'est plus ici. Bilan de la soirée: j'aurais mieux fait de rester chez moi.