Vendredi 9 Novembre

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Cours précédent: Rousseau critiquait la modernité, une tradition critique accompagnée d'une solution pour ne pas servir à rien: il faut déconstruire et re construire, d'où un contrat social. On ne peut pas revenir à l'état de nature, mais faire coïncider la nouvelle société et la nature humaine, la vérité de l'être pure et simple sans les artifices du paraitre, tenue par la religion naturelle. On cherche alors le plus petit dénominateur commun entre les religions pour qu'elles arrêtent les guerres, et on trouve le concept de dieu (de providence), et la possibilité de récompense et de châtiment, important dans le concept de société. Robespierre et Napoléon lisaient et se complaisaient dans Rousseau. Robespierre voyait la vertu comme souci de l'intérêt général qui prime sur l'intérêt personnel.

La pure connaissance de dieu n'est pas accessible par un travail intellectuel ou théologique mais par l'expérience sensible du monde de Dieu, comme l'observation d'un paysage, qui nous convînt subitement que cela nous dépasse. Le sacré est ce pour quoi on pourrait se sacrifier, qu'on doit respecter, ne pas toucher. Rousseau promouvoit la raison sensible.

1er dogme: Une volonté qui bouge, l'univers qui anime la nature à l'origine inerte. Cette nature bouge donc par une cause extérieure.

2eme dogme: Si la matière bouge par une volonté, il y a une intelligence qui la bouge. Il contexte l'idée du hasard: l'ordre ne peut pas être fruit du hasard, mais d'une intention. Pour que le monde existe, il faut une volonté et une intelligence. Si l'homme meurt, c'est parce que par son libre arbitre il a corrompu la nature.

3eme dogme: l'immatérialité de l'âme, qui ne périt pas avec le corps. Mais on espère une justice divine qui, dans l'autre monde, comblera les malheurs vécus dans l'autre monde, particulièrement pour le juste qui a vécu sur une terre corrompue et en a souffert. Cette justice naturelle promet le châtiment des mauvais et la récompense des bons.

Le clivage entre protestant et catholiques venait de la question de l'acquisition du salut, qui est ici mise de côté: avec la Religion Naturelle, aucune religion ne peut prétendre détenir les clefs du moyen d'accéder au salut. Il n'exclut pas formellement la possibilité d'une Révélation, mais personne n'est obligé d'y croire: on peut y croire ou non. Le problème dans ce principe, Dieu a demandé à seulement quelques humains de transmettre son message, qui dépend alors du témoignage d'autres hommes, et donc peut être déformé, non fiable. Rousseau insiste sur l'idée que ces membres doivent partager des croyances en commun, il renoue avec les religions civiles qui, dans l'Antiquité, sacralisaient le lien social. Peu de temps avant d'être guillotiné, Robespierre avait essayé d'instaurer le culte de l'être suprême, ne pas forcément croire à un dieu, ais le sacraliser tout de même, au risque d'être exclut de la cité.

(porte d'entrée à la maladie mentale: angoisse, constitutive de l'existence

La religion naturelle doit être une religion du cur, simple, avec des lois en petit nombre, énoncés avec précision et sans explications ni commentaires. Il pense qu'avec le concept de Dieu, on a établit les lois nécessaires à une société harmonieuse. Obéir à ce qui est nécessaire à la société n'est pas ne pas être libre.

II.6: Variations sociologiques sur les thèmes de Jean Jacques Rousseau. Dans "Contre la bienveillance" de Michaud, notre société actuelle n'est pas bien différente de celle du XVI eme avec le contrat social, et il faut se demander à qui obéir, et jusqu'où obéir. Vers le XVIII, la société évolue et on passe de sujet du roi, à souverain sujet de la nation. Seulement, l'idée de souveraineté doit se redéfinir: obéir à l'Etat ? l'Europe ? Les institutions publiques ?...

Le contrat social doit rendre compatibles deux concepts semblant très différents; la liberté, et le respect des lois. L'obéissance ne doit pas être confondue à la soumission, elle est une obligation: quelque chose que l'on accepte parce que notre raison nous en montre le bien fondé. Une soumission, ce serait obéir à quelque chose auquel on ne croit pas. La religion civile en appelle aux sentiments, à la raison sensible, mais doit former la volonté générale.

Si un individu est en désaccord avec des lois promulguées, le pouvoir lui deviendra illégitime. Soit l'état va agir au détriment de la société et on dira que le contrat social a préparé le despotisme, soit le citoyen affirmera qu'il ne reconnait plus le pouvoir en place, et le pouvoir s'en trouvera paralysé.

Avec l'obéissance, les sociologues se posent la question de la domination.

II 6.1 La question du consentement à la contrainte

Pour Bourdon, Rousseau montre comment des individus libres peuvent avoir intérêt à accepter la contrainte, qui devient alors une obligation. Rousseau prend l'exemple d'une partie de chasse pour parler des sauvages, qui auraient accepté d'être contraints à la coopération, par une autorité morale et supérieure. A l'état de nature, les sauvages étaient incapables de chasser un cerf, car ils n'avaient pas le dispositif de coopération nécessaire. Deux hommes qui avant mangeaient du lièvre, décident de manger du lièvre, et s'allient alors. Ils étaient dans une société d'abondance, dans laquelle ils ne manquaient de rien. Ils sont perfectibles, et donc s'adaptent au fait d'avoir croisé un cerf, et au fait de vouloir l'attraper, et construisent un piège. Les deux doivent rester autour du piège, et non lâcher leur guet pour aller chasser un lièvre. Mais le sentiment de loyauté n'existe pas, et ils ne risquent aucune sanction à suivre un lièvre. La règle du bon plaisir étant supérieure, L'un va aller chasser le lièvre.

Il y a trois solutions: attraper un cerf, un lièvre, ou rien. Les chasseurs sont d'accord pour attraper le cerf, mais l'un peut aussi préférer avoir un lièvre, même si l'autre n'a rien. De manière rationnelle et s'ils sont prudents, alors chacun ira plutôt chercher un lièvre. Rousseau établit alors un théorème très puissant, démontrant que des individus libres peuvent avoir intérêt à accepter la contrainte, devenant ainsi une obligation. Mais pour cela, il faut un tiers qui opère la médiation, qui s'attribue la possibilité de punir celui qui faute, les deux chasseurs ont alors intérêt à se soumettre à une autorité politique, pour qu'aucun chasseur n'abandonne son poste et qu'ils attrapent le cerf. Cette contrainte ne marche que si on y gagne quelque chose.

La contrainte, dans certaines circonstances, peut être une bonne chose. La contrainte peut être acceptée mais désagréable, seulement s'il n'y a pas d'autre solution: se couper un bras pour sauver le corps. On comprend aussi pourquoi s'arrêter à un feu rouge est normal et acceptable, voila pourquoi les révoltes contre l'impôt sont rares:: On accepte de payer tant qu'on en voit l'intérêt général.

Mais l'action collective ne va pas de soi quand le travail de chacun revient même à ceux qui n'y ont pas uvré, avec le paradigme du passager clandestin: prenont un groupe de 10 propriétaires fonciers, qui économiseraient 200 euros sur leurs impôts s'ils payent chacun 100 euros. Du point de vu du groupe, il vaut mieux que chacun paye mais individuellement, ils ont plus intérêt à ne pas payer. S'il pense pouvoir gagner quelque chose sans la moindre contre-partie, personne n'agira, car chacun a besoin physiquement des autres, mais aucun n'a de devoir moral envers les autres. C'est l'exemple du passager clandestin.

Chez Weber, l'objet de la sociologie est l'action sociale. Ouvrir une porte n'a pas de sens social, mais la fermer en a un: c'est chez nous, on empêche les étrangers d'y entrer

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