Vendredi 16 Novembre

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Cours précédent: Rousseau, questions de comment faire société. Sociologie contemporaine: sociologie de l'action, de l'expérience.

Dans un contrat social dans lequel les règles seraient respectées, il y aurait concordance entre le légal et le légitime: la loi des hommes, et le droit des hommes: ce que l'on trouve juste. On respecte d'avantage une légalité que l'on trouve légitime.

La distinction entre le légal et le légitime change selon l'époque. On distingue ce qui relève de l'institution ou de l'organisation, et cela permet d'enrichir la compréhension des mécanismes du consentement à l'ordre politique.

L'analyse institutionnelle éclaire les conduites des individus en référence aux normes qu'ils ont intériorisées.

L'analyse organisationnelle éclaire les conduites des individus en référence aux jeux qui engagent avec les règles (formelles dans un règlement ou non) pour atteindre leurs buts.

L'individu choisit selon ce qu'il y gagne de respecter l'organisation, mais il, ne peut pas déroger à l'institution.

Lorsque le légal s'éloigne trop du légitime, on est face à une crise institutionnelle, remise en question de l'autorité.

Mai 68 par exemple sanctionne l'entrée des problèmes éthiques en politique, les questions juridiques y entrent et ne sont plus intouchables. C'est cette discussion et celle des principes économiques qui inventent le social. Les questions de mode de vie sont aussi re discutées. Mai 68 est une fierté pour les sociologues, puisque le département de sociologie de Nanterre en a été un haut lieu. Les sociologues, cette année, se sont distingués par des analyses rapides, justes et originales de l'évènement, jamais revus depuis.

Mai 68 marque le déclin d'une société industrielle, et une crise philosophique dde ce qu'on appelait état providence. On passe alors à une société post industrielle, ou société de l'information et de la communication, dans laquelle nous vivons aujourd'hui: bien plus grande source de richesse.

Mai 68 est un mouvement de révolte contre les institutions, sans doute car elles n'arrivaient plus à réunir le légal et le légitime. On a alors contester le principe même d'institution: "il est interdit d'interdire".

Au fond, l'institution désigne la légitimité de certaines valeurs et normes à réguler la vie sociale, de poser des limites aux besoins des individus. Mais c'est aussi les murs d'une époque, et les normes sont des croyances dont on a intériorisé l'idée qu'en les suivant, on agis pour notre bien et pour celui de l'humanité. Ces valeurs et normes se cristallisent dans des rôles sociaux, comme le rôle d'enseignant, de parent.

Avant 68, le travail était un travail de socialisation, il nous rendait utile à la société. En 68, on dénonce l'aliénation des rôles sociaux, on met en avant le fait qu'ils écrasent notre personnalité. On a affaire à un ordre social qui nous écrase et auquel on va s'opposer "on ne tombe pas amoureux d'une courbe de croissance", "à quoi sert de perdre sa vie à la gagner". On ne veut plus que notre rôle social écrase notre personnalité et réclame notre individualité.

Mai 68 remets en question la place et le sens du savoir dans la société, qui ne doit plus juste préparer à un métier mais à être un instrument du regard critique sur la société. Le chômage était bas, les gens de la fac savaient qu'ils auraient un emploi, on voulait être acteur de sa vie.

A partir de 78, les mouvements étudiants mobilisent les L1 et L2, qui veulent un métier. Aujourd'hui, on en a finis avec les rôles sociaux mais éprouve des problèmes à savoir si on aura un métier, on ne sait plus ce que les autres attendent de nous. Alors qu'on nous pousses à être motivé, on devient fatigué de devoir être soi. En mai 68, le rôle social écrasait l'individu à cause de son formalisme et aujourd'hui, nous sommes perdus car ils ont totalement disparu.

Cet épuisement des rôles sociaux à beaucoup d'inconvénients. Lorsqu'ils disparaissent, plus rien ne protège et c'est notre personnalité qui est attaquée: si la personne en face réagit mal à ce que nous faisons, nous pouvions avant nous reposer sur le fait que nous étions dans notre rôle, mais s'il n'existe plus, c'est notre personnalité qui est visée et que l'on remet en cause.

Il n'y avait pas de honte à faire certains boulots tant qu'ils contribuaient à la société, et on pouvait trouver un travail, une place à n'importe qui. A partir de 1990, les emplois peu qualifiés disparaissent: nous ne sommes plus travaillés par l'idée d'être utile, et la misère sociale viens du fait qu'on se rend compte qu'il n'y a plus de place pour nous. De plus et avec le déclin des institutions, le fonctionnement des organisations se durcit. On croyait qu'en calculant tout, on vivrait de manière raisonnée, mais le déclin des croyances à ce profit permet le développement d'organisations délirantes. On durcit alors les règles institutionnelles. Aujourd'hui, beaucoup de gens ont l'impression d'essayer de faire dans un environnement trop régulé et absurde. A partir du moment où quelque chose qui tombait sous le sens doit être inscrit comme loi, c'est que cela ne tombait plus sous le sens. Au sens de Weber, au sens institutionnel, le pouvoir est le fait d'être obéit par certains, sur un certain aspect et à un moment donné. Au sens organisationnel, notre pouvoir dépend de tout ce que nous faisons pour le mettre en uvre. Un changement organisationnel peut devenir institutionnel, il faut un temps d'adaptation avant qu'un comportement forcé devienne une norme. De plus, quelle que soit la qualité de l'obligation, c'est la manière d'en parler et ce que ca engage qui compte.

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