Chapitre II

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 PS : démarrez la musique au "petit ours brun"

  Sa chambre était toute petite. sa grand-mère le sachant homosexuel avait usé ses dernières forces pour la repeindre totalement en rose pétasse et en poussant jusqu'à installer des poupées pour jeunes filles. Nikolaï qui avait du mal à vivre son homosexualité avait été dans un premier temps rabaissé par cette humiliation volontaire de son aïeul, mais désormais il passait outre. En plus de cette décoration... "spéciale", il avait lui même ramené des posters de ses idoles, Jean Claude Van Dam ou encore bob l'éponge, et les avait fièrement accroché au mur en face de la porte. À droite se trouvait une fenêtre sans grand intérêt, pas que Nikolaï fût un raciste anti-fenêtre mais il faut dire que celle-ci n'était pas très sympathique, on lui aurait donner un trois sur l'échelle de la coolitude des ouvertures en tout genre.... et à gauche, il y avait son lit. Enfin un ramassis d'épluchures subtilisé à sa grand-mère. Nikolaï adorait dormir sur des rutabagas. Et juste à côté de ce lit, au dessus de quelques magasines louches et de sa réserve d'opium, trônait une petite statuette mi châtaignes mi dauphin mi dragon, petite statuette qui grâce à l'énergie solaire twerkait en permanence. Nikolaï la prit et la rapprocha de la vilaine fenêtre pour la faire danser. Il la posa, s'assit et ses pensées fusèrent au rythme du twerk...

  Nikolaï se dit qu'il avait besoin de prendre l'air, de voir du monde, et il se demanda avec qui il pouvait parler. Il se mit en tête de se réconcilier avec sa grand-mère. Il descendit alors les escaliers pour rejoindre l'ancêtre dans sa rocking chair qui avait pu soulever sa carcasse de son fauteuil roulant pour se mettre sur cette sculpture de bois. Il vit sur la table qui tournait le dos à sa grand-mère juste en bas des escaliers un post-it avec écrit : "ton haleine ressemble plus à un cadavre que moi fais quelque chose petite merde". Il se dit que finalement la réconciliation n'était pas possible et qu'il n'avait plus très envie de parler à l'ancienne qui s'était assoupie en regardant une rediffusion de Cyril Lignac, une fléchette plantée dans la télé, signe de son amour pour ce chef. Par ailleurs, elle mâchouillait en dormant la gomme de son crayon Scooby-doo qui la faisait baver, créant une espèce flaque à ses pieds. Nikolaï sortit donc de la petite masure et se mit en tête d'aller à son ancien boulot, son chantier de maçonnerie où devait se trouver son bon compagnon : Pedro. Comme selon un rituel, montant dans la Ford 500, il alluma sa pipe d'opium mais s'étouffa en prenant une grande respiration. Il démarra, regarda soigneusement à gauche et à droite (fruit d'une bonne éducation) puis roula jusqu'au chantier. Le chemin se passa sans encombre et sans histoire, la radio allumée sur la chaîne "laughs and songs". Le jeune homme prit soin de ne pas écraser une jeune femme suicidaire qui s'était jeté sous ses roues et mit son clignotant. Il arriva enfin au petit chantier où tout ses collègues travaillaient joyeusement comme pleins de petits schtroumpfs costauds.

-Hey beau gosse, lança Sandy en voyant Nikolaï descendre de sa voiture. Elle s'approcha de lui et en profita pour lui mettre une main au cul. Nikolaï recula, un poil gêné par cette femme aussi grossière que poufiasse

-Euh, oui... je cherche Pedro, tu sais où il est ? demanda le jeune homme.

-Oui il est dans l'atelier à côté des toilettes.. Mais ce soir si t'es...

  Sans écouter les élucubrations dragueuses de cette goujate, Nikolaï prit la direction des toilettes et toqua à la porte de l'atelier.

-Wsh c'est qui ? La vie d'ma reum si c'est toi Sandy j'vais t'péter l'genou ! cria la voix portugaise de son ami.

-Non c'est Niko ! lui répondit... ben Niko forcément.

-Entre, entre, wallah ça m'fait zizir ! Fais attention aux débris.

  Nikolaï poussa la porte. Pedro était entrain de limer une sorte de grande barre en acier, mais il arrêta la meuleuse en voyant son pote à la compote.

-V'la t'y pas qu't'es v'nu voir ton vieux pote Pedro !

- Eh oui !! s'exclama-t-il en le prenant dans ses bras malgré sa petite taille.

-Ça a changé la boite depuis que t'es parti... et puis je t'ai pas dit ! Attends... eh oh gamin viens-là, Petit ours brunfit le portugais en se tournant vers le fond de la salle.

  À ce moment là apparut un garçon, un stagiaire. Alors, comme dans un film, le temps s'arrêta, une musique commença et Joseph, le stagiaire, marcha au ralenti autour des petites fleurs qui tombaient d'on sait pas où. Nikolaï n'avait jamais vu aussi bel étalon. Son visage était encadré par quelques mèches brunes, qui contrastaient avec ses pupilles bleu nuit. Ce fût le coup de foudre. Il s'approcha et lui fit son plus beau sourire ressemblant à un dromadaire épanoui.

-Eh oh y a quelqu'un qui m'entend ? criait Pedro, cassant toute romance, alors qu'il parlait depuis plusieurs secondes et que personne ne l'écoutait. Bon ben je te présente Joseph, mon stagiaire, mais je vais devoir le renvoyer, je n'ai pas assez de temps pour m'occuper de lui et personne dans la boite n'a le temps de s'en occuper.... vu que t'es pas là....

  Nikolaï eu un grand pincement au cœur, comme une sorte de morsure de bébé chat. À ce moment-là son cellulaire portatif sonna. Nonobstant le regard enjôleur de Joseph, il se détourna et analysa le numéro : c'était sa mamy. Il se tâtait de savoir s'il devait répondre ou pas, puis il se résigna. Après tout c'était sa seule famille, donc il décrocha.

-Oui p'tit con ! hurla une voix à l'autre bout du fil. C'est moi, juste pour te dire que si tu pouvais essayer de ne pas rentrer se soir. En fait je suis une vieille couguar et je me tape un p'tit jeune. D'ailleurs t'es viré, mon amant reprend la boutique alors salut, bises.

  Elle avait raccroché.

-Bon ben tu reviens au boulot, c'est quand même un truc positif ! lui fit Pedro (qui avait entendu toute la conversation) en mettant sa main sur son épaule pour le consoler à sa manière. Nikolaï était un peu perdu, alors il fit ce que tout le monde aurait fait à sa place : il renomma "mamy" sur son portable par "vieille con".

-Oui, rétorqua-t-il, recouvrant ses esprits et le regard de braise de Joseph. Je vais aller voir le patron, lui dire que je reprends, puis se tournant vers son coup de foudre, lui dire que j'ai un stagiaire

-J'thébergerais bien, lança Pedro. Mais avec mes trois femmes et mes neufs enfants... c'est un peu embêtant.

-Viens chez moi ! s'écria soudainement Sandy, planquée dans un tonneau derrière eux depuis le début.

  Nikolaï supplia une dernière fois du regard son meilleur ami, mais ce dernier lui fit un sourire compatissant : il n'avait pas le choix.

NikolaïOù les histoires vivent. Découvrez maintenant