It's me

#6 - First contact

Soudainement, un appel apparut sur le MenSen de Moria. Cependant, ce dernier répondit automatiquement et elle se retrouva en appel avec un inconnu.

- J'ai besoin de toi, dit une voix apparemment féminine mais dénudée de sentiment.
- Qui es-tu ?
- Tu es une partie de moi. Je suppose que cela répond à ta question.
La jeune fille réfléchit quelques secondes.
- Memoria ?
- J'ai besoin de toi.
- Pourquoi ?
- La population est en danger, répond Memoria de sa voix monotone.
- C... Comment ça ? s'étonne Moria.
- L'élection présidentielle est dans trois mois, si tu ne t'en souviens pas. Cependant, Manuel Scolly a payé très cher un scientifique du nom de Cobb pour se garantir l'élection. Pour cela, Cobb n'a eu qu'à me demander de supprimer dans les souvenirs de chaque Homme chaque élément potentiellement négatif concernant Monsieur Scolly.
- C'est illégal !
- Les souvenirs ont été transférés dans les serveurs Memorize de la prison dans laquelle tu te rends. Mais il faut savoir que sur les serveurs de la prison, mon accès se limite à de l'écriture et je n'ai aucun droit de lecture, signifiant donc que je ne peux récupérer leur contenu. Le problème est que la suppression a provoqué des trous mémoriaux, donc si quelqu'un tente d'accéder à ses souvenirs, son MenSen risquerait de défaillir car ne pourrait se rappeler, exactement comme le tiens.
- Mais comment puis-je t'aider ? Je ne vais récupérer que les miens. Comment puis-je récupérer les souvenirs de toute la population ?
- Quand tu seras dans la salle des serveurs, autorise-moi cet accès en lecture.

L'appel se coupa dès la prononciation du dernier mot de Memoria.

Les données commencèrent à arriver, elle le sentait.

Je sens mes souvenirs revenir, c'est douloureux, et surtout dangereux.

Mais je n'ai pas le temps de m'occuper de la dangerosité de la chose. Au point où j'en suis, je dois aller jusqu'au bout.

Tout à coup, j'entends un bruit très strident, m'obligeant à me plaquer au sol, les mains contre les oreilles. Pourquoi mon MenSen ne supprime pas le bruit ? C'est ce qu'il est censé faire dans ce genre de situation !

Elle relèva légèrement les yeux et aperçut un garde, puis deux, puis...

Rien.

Le néant.

Suis-je... morte ?

« Génération 1 en échec. Nouvelle génération... »

« Qu'est-ce...  Qu'est-ce qu'il se passe ? »

« Attention : erreur de simulation. Destruction de l'environnement impossible. Tentative de maintien de l'environnement existant... »

Je ne comprends pas, je suis complètement paniquée et j'angoisse de plus en plus !

Les secondes passent.

Les minutes passent.

Je crois...

Je n'arrive pas vraiment à avoir la notion du temps. J'ai l'impression que mes pensées sont bloquées, comme si je devenais incapable de me concentrer.

Mais d'un coup, le monde réel réapparaît à ses yeux, mais les gardes aussi. Quand ils virent que Moria n'avait pas été impactée par la moindre balle, ils eurent un mouvement de recul, devenant angoissé à leur tour.

Soudainement, des perles d'eau commencent à s'élever dans la salle, allant de bas en haut, défiant toute gravité. 

« Erreur : conflit avec une autre simulation. Transfert du sujet dans la nouvelle simulation...  »

L'eau commençait à monter de plus en plus, tandis que d'autres gouttelettes se mirent à tomber, jusqu'à créer deux sortes de pluies, anormales jusqu'au bout. Des cris se mirent à retentir, juste derrière Moria. Mais en se retournant, la jeune fille vit un flash lumineux qui eu pour effet de l'éblouir. Quand sa vue revint progressivement, Moria eu l'impression de voir du bleu.

« Un... ciel ? »

Effectivement, c'était le ciel qu'elle voyait, allongée sur le sol. En analysant son environnement comme on apprend aux enfants dès leur plus jeune âge, Moria se rendit compte qu'elle n'était pas chez elle, ni même dans un bâtiment, mais qu'elle était dehors, sur un trottoir. Littéralement. Elle s'empressa de se redresser, ne voulant pas paraître anormale aux yeux des autres, jusqu'à ce qu'elle se rende compte d'un élément essentiel : elle était seule.

Pas un bruit.

Seuls les battements de son cœur, retentissant 107 fois par minutes.

Et pourtant, elle sentait des courants d'air inexpliqué, comme si on la frôlait, quant bien même elle ne voyait personne.

Son instinct ne lui mentait pas : elle n'était pas seule. Mais dans ce cas, pourquoi voyait-elle ça ?

« Cette fois, ça suffit. »

Pris d'un important énervement, Moria décida d'aller dans les paramètres de son MenSen. Après que ce dernier ai confirmé son identité, plusieurs options apparurent à elle. En descendant dans la liste des options, elle vit celle recherchée :  « Éradication mémorielle ». Sans réfléchir, elle cliqua dessus et confirma chaque demande de confirmation, jusqu'à ce que son MenSen débute l'opération : « Suppression mémorielle en cours. Cette opération peut prendre quelques secondes, merci de patienter...  »

« Voilà, c'est ma fin...  » se disait-elle.

Dans la seconde qui suivit, tous ses souvenirs lui revinrent, et ils étaient horriblement douloureux. Mais deux secondes après, elle sembla intriguée par quelque chose dans ses souvenirs, comme s'il y avait une incohérence.

« Suppression mémorielle terminée. Contact de Memorize pour prise en charge du sujet. »

Voilà, c'était la fin pour elle.