✔️ Rencontre Impossible

Chapitre 7-2

Quand elle eut achevé sa tirade, elle tremblait et Bellamy serra sa main sur la sienne mais il ne semblait pas plus rasséréné qu'elle.

— Tu es sûre de ce que tu as entendu ? demanda-t-il après quelques secondes de silence.
— Sûre et certaine, et il va falloir que le reste du vaisseau le sache, il faut qu'on organise le plus vite possible une évacuation massive et...
— Clarke, Clarke, la coupa Bellamy. Ce ne sera pas possible et tu le sais aussi bien que moi.
— Mais Bellamy, des milliers de personnes vont mourir... Nous allons tous mourir...
— Je sais, on risque de mourir, mais pas toi, Clarke. Moi sûrement, mais pas toi parce que toi, tu vas partir avec tes parents dans l'une des navettes, que tu y as ta place et que c'est ainsi depuis que tu es née.

Clarke haussa les sourcils.

— Quoi ? Mais d'où tu tires ça ? demanda-t-elle.
— Clarke, je ne suis pas stupide... Tu sais où ont été déplacées les Navettes quand l'Arche s'est constituée ? Non ? Sur Alpha.
— Quoi ? Mais... Bellamy, non, ce n'est pas possible, il doit bien avoir des navettes pour chaque station, non ?

Bellamy secoua la tête.

— Les douze Navettes ont été déplacées et amarrées sur Alpha, répéta Bellamy. Depuis le temps, il n'en reste plus que trois et ces trois navettes ne peuvent contenir que cent personnes chacune...

Clarke pâlit brutalement.

— Trois cents... Ils ne pourront évacuer que trois cents personnes sur les quatre mille que comptent au total la population de l'Arche... !

La jeune femme sentit les larmes brûler ses yeux puis glisser sur ses joues.

— Non... dit-elle. C'est impossible, Bellamy...

Elle eut un hoquet et le jeune homme la prit dans ses bras. Elle se blotti contre lui en sanglotant et il lui frotta doucement le dos en regardant le grand mur de métal devant lui. De l'autre côté, il y avait la Terre, si proche et pourtant si lointaine. Si Clarke avait raison pour l'ultimatum qu'il leur restait, alors quatre-vingt-dix pour cent de la population de l'Arche allait mourir avec elle.

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Clarke rentra chez elle dans un état second. Elle tomba sur ses parents en pleine discussion quand elle entra dans l'appartement et tous les trois se regardèrent comme s'ils avaient été pris en train de faire une bêtise. Abby fut la première à se détendre.

— On ne t'attendait pas avant plusieurs heures, mon cœur, dit-elle. Tu n'as pas pu voir Bellamy ?
— Si, mais seulement quelques minutes, il a été affecté sur Alpha et...
— Je vois. Bon, va te laver, on va bientôt aller déjeuner.

Clarke hocha la tête et disparu dans sa chambre. Elle ferma la porte en soupirant puis tendit l'oreille quand ses parents reprirent leur discussion.

— Elle sait, Abby, j'en suis certain !
— Mais non, Jake, bon sang, elle dormait, et tu sais comme moi qu'elle a le sommeil très lourd... En plus, sa chambre est insonorisée...

Clarke haussa un sourcil. Insonorisée, ouais, sans doute au début de l'Arche, mais plus maintenant. Le joint de l'aération avait rendu l'âme il y a des années et la grille ne tenait que par miracle, quant à la porte, elle était tellement usée en bas que de l'air s'y engouffrait quand quelqu'un passait dans le couloir...

— Jake, il faut que tu te sortes cette idée de la tête, c'est complètement stupide, dit alors Abby.
— Et je vais faire quoi ? Semblant que tout va bien alors que notre maison est en train de mourir ? Abby, je ne suis pas Jaha, je ne fais pas l'autruche...
— Il ne fait pas l'autruche, il accepte ce qui se passe, c'est tout, répondit Abby.

Clarke sentit à son ton qu'elle commençait à se vexer. Jake Griffin dû s'en rendre compte car il n'insista pas. Le silence fut de retour dans l'appartement et Clarke s'assit lentement sur son lit. Elle se frotta le visage et soupira profondément.

Comment faire ? Si l'Arche meure, les gens doivent le savoir, mais d'un autre côté, s'ils apprennent que l'Arche va bientôt être leur tombe, ils vont se ruer sur les navettes et si ce que dit Bellamy est vrai, alors les premiers arrivés seront les premiers servis... En gros, il n'y aura que trois cents personnes d'Alpha dans ces navettes...

Clarke ferma les yeux. Que faire ? Le dire ou se taire ? Le dire en risquant l'émeute ou se taire en risquant la culpabilité à vie ? La jeune fille était partagée. Quatre-vingt-dix pour cent de la population de l'Arche était condamnée, mais comment choisir les dix pour cent restants ?

Choisir... songea Clarke, dégoûtée. Comment peut-on « choisir » qui va vivre ou qui va mourir ? C'est inhumain !

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Tiraillée par des choix impossibles à départager, Clarke décida finalement de confronter son père. Après une journée à peser le pour et le contre, elle regagna sa cabine et découvrit son père en train de parler seul. Elle comprit rapidement qu'il enregistrait une vidéo et elle pénétra dans la pièce. Elle jeta son sac sur une chaise et soupira.

— Tu vas désobéir au Conseil ? lâcha-t-elle alors.

Jake coupa aussitôt la caméra et se tourna vers elle, surpris. Il serra les lèvres et détourna la tête.

— Papa, je sais, répondit Clarke. Je t'ai entendu, avec maman, l'autre soir...

L'homme soupira.

— Très bien, dit-il. Tu sais... Et j'y pense depuis très longtemps. Les gens ont le droit de connaître la vérité, Clarke. Mais ta mère ne comprendre pas...
— C'est quoi le plan ? le coupa alors la jeune fille.
— Tu... n'as pas besoin de la savoir... dit Jake, étonné.
— Eh bien... Tu enregistres une vidéo, donc... Tu vas faire quoi, la diffuser sur le réseau général ?

Jake resta silencieux.

— C'est du suicide, ou alors c'est vraiment stupide ! dit Clarke.
— Tu n'as pas vraiment choisi ton moment pour agir comme une adolescente, Clarke, répondit Jake.
— Je veux t'aider, lâcha alors la jeune fille.
— Non. Non, hors de question !
— Mais je peux...
— Non ! Il n'en est pas question, Clarke !

Clarke serra les lèvres et baissa le nez. Son père soupira alors et repoussa une mèche de cheveux échappés de la tresse de sa fille.

— Tu tiens ton entêtement de ta mère, tu sais ? dit-il doucement. Entre autres pleins de choses que j'aime chez toi, chérie...

Clarke sourit doucement. Soudain, la porte de l'appartement s'ouvrit à la volée sur des gardes de l'Arche.

— Jake Griffin, vous êtes en état d'arrestation pour haute trahison, lâcha l'un d'eux.

Ils s'emparèrent aussitôt de lui et Clarke tenta de la retenir.

— Papa ! Non, non, lâchez-le ! Papa !

Un garde l'empêcha de les suivre mais elle les fit lâcher prise et se jeta au cou de son père.

— Je les avertirai ! dit-elle. Je trouverai un moyen... !
— Non, chérie, non... !

Les gardes embarquèrent alors Jake et Clarke l'appela, le visage ruisselant de larmes.

— Papa ! Non... Papa ! Lâchez-moi... Papa !

Les deux gardes la lâchèrent alors et quittèrent l'appartement en fermant la porte. Clarke, effondrée, tomba sur les genoux et regarda la porte fermée, ayant l'impression que tout son monde s'écroulait. Et sa mère qui n'était même pas là...