My Favorite Color Is Bloo

六

De la sueur commence à perler sur le front de Bloo, il sent ses muscles faiblirent. Le policier est toujours à leur poursuite. 

Soudain, Rose pile. Elle le tire brusquement et le pousse dans un recoin sombre. Son regard lui intime de ne pas bouger. Sa poitrine se soulève et s'abaisse violemment. Elle ferme les yeux et penche la tête en arrière. C'est le moment ou jamais, elle le sait. Elle peut enfin se rendre utile, aider quelqu'un, prouver son courage. Les pas du policier se rapprochent. 

Bloo sait ce qu'elle va faire, il le sait au fond de lui. Il l'implore de rester, elle ne l'écoute pas. Il la regarde une dernière fois, il veut graver son image à jamais sous ses paupières. Ses longs cheveux verts, légèrement ondulés, ses yeux si expressifs qu'il lui suffit de regarder pour lire en elle. Son corps frêle camouflé en partie par sa veste ouverte. Sa poitrine arrondi, pâle, ses reins, si délicatement dessinés. Ses jambes, cachées sous un treillis et ses chaussures dépareillées, couvertes d'écritures. 

Rose contemple Bloo, le policier s'est arrêté, il n'est pas dupe. Lentement, elle lâche la main de Bloo. Un dernier regard et elle sort. Elle surgit face à l'agent. Sa veste ne couvre qu'une de ses épaules, elle frissonne. Le policier la regarde, il semble surpris. Elle reste là, elle attend. Le policier se ressaisit et se précipite vers elle. Elle cours, il la suit.  Elle bifurque, tourne, zigzag. Il est derrière elle. Il doit être aux environs de quatorze heures, Rose déboule enfin Place d'Italie. Les gens s'écartent, choqués. Les parents cachent les yeux de leurs enfants. D'autres policiers sont là.  

Elle monte se met au milieu de la place, la veste tombe de ses épaules, dévoilant son buste. Ses cheveux lui cachent partiellement la vue. Son coeur bat la chamade. Elle ne veux pas... Elle veut... Elle... Ses poils se hérissent le long de ses bras. Elle ne sais pas vraiment si elle est encore consciente, tout est flou, les sons lui paraissent lointains.

Le froid l'attaque, la mord. Puis des mains s'abattent sur elle. Une couverture lui est jetée, on la couvre. Elle sent le fer glacé des menottes se refermé sur ses poignets. On la pousse dans une camionnette. Au moment où la porte se referme, elle voit Bloo dans la foule.

Elle voudrait hurler, le rejoindre, lui sauter dans les bras, pleurer. Mais elle avale sa salive et garde la tête haute.

Les policiers la dévisage. Ils pensent savoir qu'elle est folle. Folle, elle ? Oui sûrement.

Elle dévisage à son tour les policiers et leur fait un grand sourire.