AGE MATTERS┃h.bellerín (✓)

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Le coin où vit Joanne est assez tranquille, et se trouve à quelques rues des avenues principales de la capitale. Héctor se gare devant son immeuble avant de composer son numéro de téléphone, les mains tremblantes. Heureusement pour son cœur tambourinant, son ventre contracté et sa santé mentale, Joanne décroche dès la première sonnerie.

- Héctor?

- Salut, Héctor bredouille, ne parvenant pas à se calmer. Tu es chez toi? Je suis près de ton quartier, alors j'ai pensé qu'on pouurait peut-être discuter. Si tu as un peu de temps à m'accorder.

Héctor jette un œil au compteur de son tableau de bord en essayant de reprendre son souffle. Il est venu directement après l'entraînement.

- Euh, je viens de sortir du travail, je serais à la maison dans dix minutes, Joanne fait avec une voix hésistante, et il la devine sans peine en train de se mordre les lèvres. C'est bon?

- D'accord, je t'attends.

Héctor pousse un soupir de soulagement en sortant de sa Tesla. Puis il s'assoit et attend patiemment devant la porte de son immeuble. Il est déjà venu plusieurs fois ici, que ce soit pour dîner avec les parents de Joanne ou juste venir la chercher pour qu'ils sortent. Héctor entend soudain des pas derrière lui, et se tourne au cas où ce serait elle. Mais à la place des longs cheveux blonds et des doux yeux bleus de Joanne, il se retrouve face à face avec William qui le dévisage de derrière la porte vitrée avec une expression de pur dégoût.

- Vous êtes venu jusque ici pour fanfaronner? William l'accuse quand il pousse la porte.

Héctor le regarde, assez confus, parce qu'il n'a aucune idée de ce dont il parle.

- Joanne est à vous, William reprend avec un ton accablé. J'ai compris que je n'avais aucune chance contre un footballeur plus riche et plus âgé que moi.

Hector est surpris d'apprendre que Joanne l'a déjà choisi. Il ne sait pas quoi dire à William. Le remercier aurait probablement l'effet d'un coup de poing dans le ventre de ce gosse.

- Héctor!

Joanne arrive soudain en courant vers lui, encore dans son uniforme de travail. Lorsqu'elle remarque que William se tient près de lui, elle s'arrête et une expression peinée prend place sur son visage. Tout le monde reste silencieux pendant plusieurs secondes. Joanne semble vouloir dire quelque chose à son meilleur ami, mais elle paraît bloquée, tandis que William fixe la rue sans pour autant partir. Il souhaite sans doute aussi dire quelque chose. Tout ce que Héctor peut faire, c'est se tenir au milieu de ces jeunes qui se déchirent.

Finalement, William secoue la tête avant de tourner les talons et s'éloigner d'eux sans leur accorder le moindre regard. Héctor reporte alors son attention sur Joanne, dont les yeux bleus sont toujours rivés sur son meilleur ami. Joanne espère sûrement qu'il change d'avis et revienne vers elle. Mais alors que William monte dans un bus quelques mètres plus loin, sa mâchoire se contracte et elle baisse les yeux sur le goudron. Elle l'a probablement perdu désormais.

- Tu regrettes de l'avoir rejeté ? Héctor demande une fois qu'elle se tourne vers lui.

Il se donne des airs nonchalant et sûr de lui, mais en réalité, il redoute vraiment sa réponse. Un simple mot pourrait tout bonnement lui briser le cœur. Cependant, Joanne sourit en secouant la tête. Héctor remarque alors ses cernes, et ses petits yeux rouges-ils ont les mêmes.

- Non.

Héctor sent le poids d'une enclume tomber de ses épaules, et il s'autorise enfin à respirer correctement.

- Tes parents sont chez toi ?

- Non, pas encore, Joanne secoue la tête avant de se diriger vers la porte vitrée. Tu devrais entrer.