AGE MATTERS┃h.bellerín (✓)

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Héctor tombe une fois de plus sur la messagerie de Joanne tandis qu'il appuie sur le bouton de l'ascenseur. Ça fait un bon moment qu'il tente de la joindre sur son portable, mais elle ne répond pas. Il est passé chez elle directement après l'entraînement, et ses parents lui ont expliqué qu'elle n'était toujours pas rentrée à la maison. Il s'est alors rendu sur son lieu de travail, mais sa responsable lui a confié que Joanne venait tout juste de terminer son service. Héctor a tourné un peu dans les quartiers aux alentours avant de rentrer à la maison, dépité.

En ouvrant la porte, Héctor entend le son de la télévision qui provient du salon. Il s'avance pour découvrir Joanne allongée sur le canapé, en train de pianoter sur son téléphone.

- Jo? Il l'appelle, les sourcils froncés-parce que même si elle a la clef de sa maison depuis longtemps déjà, il ne s'attendait clairement pas à la voir ici.

- Salut, Héctor.

Joanne relève la tête et lui adresse un petit sourire, avant de replonger son nez dans son portable. Héctor s'assoit prudemment près d'elle, se doutant bien que quelque chose cloche. En temps normal, quand il rentre après un entrainement ou un match, elle se précipite toujours dans ses bras et ne s'arrête pas de parler. Elle a probablement dû prendre connaissance des photos qui ont fuité, et cette pensée rend Héctor fébrile. Ne pas savoir comment elle risque de réagir l'effraie.

- Pourquoi tu ne répondais pas au téléphone?

- Des journalistes ont trouvé mon numéro, alors j'ai désactivé ma puce, Joanne hausse les épaules, son ton est détaché quand elle laisse retomber ses jambes sur les genoux de Héctor. Comment était l'entraînement aujourd'hui?

- Ça allait, Alexandre et Mattéo ont fait les imbéciles toute la matinée. Et toi?

Sa tentative de mener une conversation normale s'effrite. Joanne se concentre de nouveau sur son écran, les lèvres pincées. Héctor commence à être exaspéré par son attitude, son front se creuse et ses yeux se plissent tandis qu'il lui pince la cuisse. Il déteste être ignoré, surtout lorsque la situation est aussi grave. Il n'a pas idée de ce qui a pu se passer durant sa journée, et ça le rend dingue d'imaginer que des gens ont pu s'en prendre à elle, ou bien la blesser à cause de leur relation. Les paparazzis ont déjà commencé à le faire, Héctor ne veut pas que d'autres personnes continuent.

- Les gens ont une imagination débordante sur les réseaux sociaux, c'est fou, Joanne se contente de dire, le regard toujours rivé sur son téléphone. Par contre, ils se déchaînent plus sur toi que sur moi, tu prends vraiment cher.

Héctor comprend alors qu'elle est en train de lire des commentaires sur twitter, puis une boule se forme dans son ventre et comprime sa cage thoracique. Il va se retrouver seul. Un rictus désabusé naît sur son visage tandis qu'elle reprend la parole :

- J'ai fait une sélection des tweets les plus drôles, attends, je vais t'en lire quelques uns. Bellerín court plus vite pendant les matchs parce qu'il doit se dépêcher de rentrer à la maison : sa petite fille l'attend pour les devoirs. Celui-là n'est pas mal non plus, écoute. Bellerín n'a plus besoin d'aller à des défilés pour trouver ses meufs, il se promène juste devant les écoles primaires.

Héctor retient son souffle lorsque Joanne se redresse. Ses joues gardent les traces de ses larmes séchées, et ses yeux bleus sont tristes. Puis il sent son cœur se briser parce qu'il vient de se rendre compte que, bon sang, Joanne pleure beaucoup trop souvent à cause de lui.