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Deux semaines

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Deux semaines. Ça faisait deux semaines, jour pour jour, que la voix du blond manquait à l'appel, et que le brun l'attendait jusqu'à tard assis sur les chaises grises de sa terrasse, à

Ça faisait deux semaine que Namjoon ne vivait plus, deux semaines qu'il mangeait à peine, deux semaines que sa vie était devenue douloureusement vide.

Il y avait comme un trou immense au milieu de son coeur, un vide qui emplissait tout son être et ne se remplissait jamais, et ça le bouffait véritablement, il avait cette impression étrange de ne plus ressentir vraiment les choses, de vivre la vie de quelqu'un d'autre, ou bien d'être le personnage secondaire d'une histoire oubliée.

La veille, il s'était rendu à une fête foraine.

Petit, il les adorait et il avait de merveilleux souvenirs de grandes roues avec sa mère ou des délicieuses pommes d'amour qu'il ne terminait jamais mais qui laissaient toujours sur sa langue ce goût doux et sucré d'enfance heureuse.

Mais là, au milieu de la foule compacte et grouillante, coincé entre des enfants perdus et des couples éperdus d'amour, les mains enlacées et les murmures tendres, il avait fini par s'assoir sur un banc et par fixer d'un œil amer les sourires et les mains rendues collantes par les pommes d'amour, au milieu de cette masse de vie et de bonheur, parce que lui avait l'impression de n'avoir droit à rien de tout ça. Oh, comme il s'était senti jaloux, jaloux de ces étreintes brûlantes de douceur, jaloux de ces sourire comblés.

Et, au beau milieu de la foule enjouée, bousculé par des inconnus, et la vision emplie de centaines de visages, il s'était soudainement senti tellement seul.

Comme si soudainement il réalisait à quel point il mourrait d'envie que quelqu'un le serre dans ses bras. Comme s'il réalisait qu'il n'avait jamais été aussi seul de toute sa vie. C'était de cette solitude qui paralyse l'esprit, de cette solitude intense qui fait ressentir d'inexplicables douleurs au coeur, qui plient en deux de souffrance.

Et puis, non seulement il était seul, mais en plus il manquait de son voisin. Puis à cet instant, entre un stand de barbe-à-papa et un manège gnangnan, Namjoon réalisa, et ça le frappa comme frappe la foudre, comme elle met un homme à terre avec violence et qu'elle le tue.

Il aimait, il aimait à la folie .

Il l'avait vu une fois, et pourtant les contours de son gracieux visage s'imprimaient sur sa rétine dès que ses yeux se fermaient. Il ne le connaissait que par des mots, que par des émotions, que par des frissons, et pourtant son coeur malmené le tuait a petit feu.

Il s'était senti vide et seul, et ne pouvait que rêver d'une main dans la sienne, de lèvres contre leurs jumelles, et que d'une voix délicate murmurant des mots qui lui donneraient envie de vivre. C'était la seule manière de combler cette sensation de manque qui l'étreignait à chaque pas.

Et tandis que tout le monde autour de lui riait, et vivait avec bonheur, il essuyait quelques larmes discrètes, traînant comme un boulet  âme esseulée, parmi ces groupes soudés de sourires.

En rentrant, il s'était écroulé en pleurs, et il avait hurlé dans son coussin. La douleur était si forte qu'il avait l'impression d'exploser et même en hurlant de toutes ses forces ça faisait encore mal. Ses poumons lui brûlaient, et il manquait d'air comme si ses sanglots incessants lui serraient à chaque fois un peu plus la gorge. Et il se griffait les bras au sang, et il se tournait dans tous le sens, priant tous les dieux pour que cette douleur affreuse ne le lâche un instant. Et je ne peux dire qu'il avait mal parce que ce serait un euphémisme : il n'y avait à vrai dire aucun mot qui puisse proprement décrire cette douleur qui lui foutait le feu au coeur et qui lui compressait les poumons, et cette pression sur son être comme s'il se faisait écraser.

Dire que la seule pensée de ne plus revoir l'élu de son coeur avait mis le feu aux poudres.

Et puis, il avait sorti de son écrin une des petites pilules roses, et, fou de douleur, l'avait avalée pour changer son esprit.

Les plaques rouges avaient recouvert son corps plein de cicatrices, et les brûlures l'avaient démangé. Sa tête avait tourné si fort qu'il ne parvenait plus à ouvrir les yeux. Il s'était écroulé au sol tandis que son allergie le brulait, le piquait , le grattait , le torturait, ça le tuait.

Certains choisissaient de se brûler la peau, et d'autres de se la couper, et chacun parvenait à trouver sa propre manière de se tuer de l'intérieur, toujours plus malsaine, toujours plus loin dans la folie et dans l'inconscience.

Alors finalement, ce n'était pas si étonnant de voir que Namjoon, quand il n'en pouvait plus, se déclenchait des allergies si douloureuses qu'il ne pouvait penser.

Et c'est ainsi que son tiroir de salle de bain était plein à craquer de pilules roses et visiblement inoffensives. Des anti-douleurs, comme si la vie avait décidé de jouer là une mauvaise blague, comme si ça la faisait rire aux larmes de le voir se tuer avec ce qui devait le sauver.

Puis soudainement, il s'était endormi, épuisé par toute cette douleur, toutes ces larmes, épuisé par tout cet amour et tout ce chagrin.

Dans son lit, allongé, les bras et jambes pliés de manières étranges, on aurait dit un pantin désarticulé, qu'on pourrait manier du bout des doigts. Comme avant, il semblait être redevenu une poupée de chiffon malmenée par le destin, emmenée et écrasée par la foule aveugle, piétiné par le monde.

Et dire que si Jimin avait continué à chanter, il s'en serait sorti.

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En espérant que ça vous ai plu ( et désolée de poster si tard j'étais persuadée de l'avoir déjà publié !

𝔹𝔸𝕋ℍ 𝕊𝕀ℕ𝔾𝔼ℝOù les histoires vivent. Découvrez maintenant