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Il n'y était pas retourné. C'était plus fort que lui, Jimin se sentait trop fragile pour affronter encore son regard d'un brun trop doux.
Enfermé chez lui à longueur de journée, il repensait à la voix délicate de son voisin. Dans ses rêves cauchemardesques sa voix à elle se mêlait à la sienne et c'était tellement beau qu'il en pleurait parce que c'était trop.
Tout était si confus, il était perdu. Il ne comprenait plus rien.
Mais y avait-il vraiment quelque chose à comprendre ?
Il avait envie de danser.
Tout son corps le grattait, languissant, tout son être lui hurlait de danser et de danser encore mais il ne parvenait pas à se lever de son lit tiède.
Jimin était une loque, à cet instant : un amas de regrets, de peurs, de lâcheté, de solitude, de peines, de secrets...
Comment faire pour avancer ? Il avait l'impression que rien ne changerait jamais, que sa vie resterait toujours aussi fade et douloureuse à vivre, il avait l'impression d'être un condamné à mort jamais achevé.
Et puis, on toqua à la porte.
Il crut à une illusion.
À nouveau, trois coups distincts se firent entendre ; ils résonnèrent dans son appartement, et dans sa tête en échos trop bruyants.
Il se leva péniblement, grimaçant en sentant la douleur dans son dos, dans ses jambes, dans sa tête. Il avança d'un pas, puis d'un autre. Lever une jambe semblait être un effort phénoménal.
Enfin, il arriva devant la porte, et, pris d'un regain d'énergie, l'ouvrit d'un geste brusque.
Aussitôt, ses yeux s'écarquillèrent. Oui, ils s'ouvrirent si fort que ça lui fit mal, et tout son être se tendit d'un seul coup, comme un arc prêt à tirer une flèche. Toutes ses douleurs semblèrent disparaître mais il sentait toujours sa main trembler contre sa cuisse. Des longs frissons lui caressèrent la peau, comme des serpents qui remontaient vers sa nuque pour lui croquer l'âme.
Elle était si belle, les cheveux un peu trempés par la pluie, à le regarder avec douleur au vu de son état pitoyable. Sa peau semblait si douce, et ses lèvres si rosées. Elle ouvrit la bouche comme pour dire quelque chose, mais rien ne lui vint. Le silence les enveloppa de ses longs doigts crochus, et ils se fixèrent sans trop savoir quoi faire.
Jimin ne voyait plus rien d'autre qu'elle et sa grande silhouette un peu trop parfaite, rien d'autre que ses petits yeux d'un noir de colère et de pitié.
Il voulait détourner les yeux, lui claquer la porte au nez, mais il ne s'en sentit pas capable.
Et puis, comme un clin d'œil du destin, une musique parvint à leurs oreilles. Une jolie musique toute légère, jouée du bout des doigts sur un clavier électrique, et qui aurait sans doute pu être beaucoup plus belle sur un véritable piano.
Elle ne la connaissait pas, comment aurait-elle pu ? Mais lui, lui il savait qui jouait ce morceau. Lui il reconnaissait cette mélodie, lui il savait quelle promesse ils s'étaient fait derrière.
Il lui semblait entendre encore la voix brisée de son voisin qui lui avait enlacé l'âme. Il lui semblait encore sentir contre ses doigts la paume chaude de ce dernier, et il lui semblait revivre ce moment si beau et si doux qu'on aurait pu le croire tiré d'un poème ou d'un compte pour enfants.
Il devait être sa lumière, il devait suivre ce qui le rendait heureux. Il devait avoir confiance. Il devait sourire. Il le devait. Ils se l'étaient promis.
Alors Jimin lui a ouvert la porte, et s'est jeté à son coup pour l'embrasser de toutes ses forces.
- Jimin-ah... je ne sais pas pourquoi tu es parti, mais l'important c'est que tu sois là, avec moi. je ne sais pas si tu m'aimes comme je t'aime, mais je veux que tu le saches : je suis là pour toi. Je ne dis pas ça dans le vent, je le pense sérieusement. Si tu as besoin de quelqu'un, à toute heure de la nuit ou du jour, sache que je ferais de mon mieux pour être là. Si tu n'arrives pas à dormir je te couvrirais de petits messages qui te feront rire jusqu'à ce que tu t'endormes. Si tu veux pleurer je t'emmènerais sous la pluie pour que personne d'autre ne voie tes larmes. Tu n'as même pas besoin de sourire en retour, laisse moi juste t'aimer et te dédier tous mes battements de coeur parce que tu en vaut la peine. Je serais ta lumière si tu veux le temps que tu arrives à recharger la tienne.
