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Point de vue: Patron

Je rentrai au matin. J'allai dans la cuisine.Victoria y était, à lire un magazine, le genre de torchon plein de rumeurs à chier, buvant un café. Je soupirai, sans pouvoir, ou sans vouloir, plutôt, m'en empêcher. Elle leva son regard vers moi et m'adressa son sourire stupide qui me semblait si hypocrite.

- Salut.

- Bonjour, gamine, répondis-je à contre-coeur.

Elle devait sentir que je ne l'aimais pas. Faut dire que je ne me montrais pas vraiment aimable, juste supportable.Elle crut intéressant de me signaler, pendant que je me servais un café moi aussi :

- Mathieu se prépare, et il arrive.

Un simple signe de tête de ma part suffit comme réponse. Je n'allais pas gâcher ma salive pour cette idiote, je m'en servais déjà bien assez, et pour de meilleures raisons.. Je m'assis en face d'elle et l'observai. Ça la mettait toujours mal à l'aise, et ça m'amusait. Elle faisait mine de lire, mais le fait qu'elle fasse semblant était bien visible. Surtout pour moi, et mon sens d'observation affûté. De plus, elle tapait du doigt sur la table, un peu comme si elle était préoccupée, ou hésitante.Hésitante... Oui, ça devait être ça. Elle finit par ouvrir la bouche avant de la refermer aussitôt. Il lui fallut encore quelques secondes avant de se lancer :

- Tu la connais bien, Lyllaby ?

J'inspirai profondément. Elle avait tout intérêt à ne pas dire du mal de Lyll', ou ça allait mal se passer.

- Ouais, je la connais bien.

Elle fit une moue insatisfaite devant ma réponse froide et sèche avant de reprendre :

- Fais gaffe à toi, hein. J'ai pas confiance en elle.

OK, là, je me sentais vraiment bouillir. Pour qui elle se prenait, la blondasse !? Alors que j'imaginais tous les moyens dont j'aurais pu user pour la faire taire -si elle n'était pas la copine de Mathieu-, elle continuait :

- Je dis ça pour toi, hein.

Un nouveau silence de ma part. J'étais bien trop occupé pour répondre. Occupé à quoi? A me répéter sans cesse "Ne t'énerve pas, ne t'énerve pas...", mais c'était vraiment dur. Comme ma...

- A mon avis, elle t'utilise.

Non mais c'est pas vrai ! Elle a pas compris ce que signifiait mon silence !? Je voulais juste qu'elle se la ferme. Et puis, venant d'elle, c'était bien ironique... Autant elle critiquait Lyllaby pour je ne sais quoi, sûrement la jalousie, autant, elle, elle était vraiment avec Mathieu juste par intérêt. Je sentais ce genre de choses, j'arrivais assez bien à analyser le comportement humain. Et après le succès de SLG, il s'en était présentées, des filles comme ça, opportunistes. Généralement, moi, je profitais d'elle avant de les envoyer trouver un pigeon ailleurs. Ça m'avait même arrivé de dégager des meufs comme ça qui tournaient autour du Hippie et du Geek. Le camé s'en rendait généralement pas compte, et le Geek, bien que triste que je vire les seules qui voulaient d lui, comprenait que c'était pour son bien. Quant à Mathieu, il savait s'en débarrasser tout seul, la plupart du temps, mais elle, elle avait réussi à le rendre amoureux, la connasse. Il allait tomber de haut, quand il ouvrira ENFIN les yeux ! Je ne réussis pas à me contenir plus longtemps:

- Tu sais en qui j'ai pas confiance, moi, gamine !? C'est en toi ! Alors arrête ta petite crise de jalousie, t'es juste dégoûtée de ne plus être le seul vagin de la bande !

- Baisse d'un ton, Patron ! gueula Mathieu en entrant dans la cuisine.

- C'est pas parce que tu l'as sauté cette nuit que tu dois forcément prendre sa défense, gamin.

- T'es obligé de me prendre la tête dès le matin ? Qu'est-ce qui va pas, encore ?

- Dis à ta pute de parler de Lyllaby autrement,ou elle aura affaire à moi. Et tu sais de quoi je suis capable,gamin.

- C'est bon, c'est bon, t'inquiète.

Il lança un regard à Victoria. En même temps, pourquoi elle avait risqué ce sujet, cette conne ? Sans rien ajouter, je pris ma tasse et montai dans ma chambre. J'allais me regarder un petit porno, et après, j'irai peut-être emmerder le Geek, s'il se levait d'ici-là. Ça me détendrait.

Point de vue: Mathieu

Nan mais c'est pas possible... Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de lui !? Déjà qu'il n'aimait pas Vic, maintenant, je ne vais plus réussir à le faire rester calme devant elle. J'avais pas tout compris, mais je crois qu'elle avait mal parlé de Lyllaby, et ça n'avait pas plu au Patron. En même temps, c'est jamais plaisant, que quelqu'un critique la personne qu'on aime. Au moins, maintenant, il sait ce que ça fait.

- Pourquoi tu lui as parlé de sa copine ? demandai-je dans un soupire fatigué.

Dès le matin, c'était pas ouf, comme accueil, mais bon, tant pis. Ça m'avait tellement gonflé que je n'avais même pas eu le réflexe d'embrasser Vic pour la saluer, mais elle ne fit aucune remarque.

- Je voulais juste qu'il sache ce que je pense d'elle, rien de plus.

- Tu lui as dit que tu ne la sentais pas ? questionnai-je en reprenant les mots qu'elle avait utilisé la veille.

Elle acquiesça.

- Et tu pensais qu'il allait juste te répondre "ah, mince, je vais la plaquer, alors" ? Tu as même de la chance d'être en un seul morceau!

- Ça va, désolée...

Je ne répondis rien. Ils m'avaient mis de mauvais poil... Bon, un café, et ça ira mieux !

Point de vue: Maître Panda

Le Prof prenait en note tout ce que nous avait raconté Lyllaby. Il pensait que le moindre détail pouvait s'avérer utile plus tard. Moi, j'observais la jeune femme pendant qu'elle nous expliquait son repas avec Mathieu et les personnalités. Apparemment, il y avait aussi la copine de Mathieu, mais ce n'était qu'un détail, ça m'aurait étonné qu'elle soit un élément déterminant dans l'histoire. Lyllaby nous avait précisé qu'elle trouvait Victoria plus intéressée qu'amoureuse, mais, au pire, ce n'était pas nos problèmes. Donc j'observais ma gothique préférée, en analysant les expressions de son visage et dans ses yeux. Surtout quand elle parlait du Patron. Ma jalousie me demandait de surveiller, mais elle ne l'aimait pas, ça se voyait. Elle ne ressentait rien pour lui, c'était certain. Un large sourire éclaira mon visage. Je fus sorti de mes pensées quand elle indiqua:

- Puis je suis rentrée ici.

Heureusement que le Prof avait porté attention à son récit, parce que je n'avais pas écouté... Il la remercia pour le temps qu'elle lui avait donné pour exposer les faits. Je pris sa main et sortis de la pièce avec elle.

Jeu Dangereux Où les histoires vivent. Découvrez maintenant