Chapitre 23 : Parce que chaque vie compte

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Quand j'y réfléchis, je me rends compte qu'on a eu une sacrée chance de s'en sortir en un seul morceau. Vu le nombre de rôdeurs, on aurait pu mourir facilement. Daryl avait pris les rênes et grâce à lui, on est revenu vivants. Mais si cette horde était au centre commercial, ça veut dire qu'elle pouvait venir par ici. Il va falloir qu'on fasse attention. Le danger n'est jamais très loin et on en a la preuve tous les jours, ou presque.

« Septembre : J'ai perdu le fil du temps, mais je crois qu'on est fin septembre. Les journées sont de plus en plus fraîches. Hier, nous sommes parties en ravitaillement dans un centre commercial pas loin. J'y suis allée avec Daryl, Glenn et Maggie. Mais les rôdeurs nous ont piégés. Daryl a pris les choses en main et j'ai tout de suite compris qu'on s'en sortirait vivants ».

Je range mon journal dans mon sac et m'allonge dans le lit, épuisée. Cette nuit, ce sont Daryl et Glenn qui montent la garde. Le chasseur est celui qui s'en occupe le plus parmi nous.



Des bruits dans toute la maison me réveillent en sursaut. La porte s'ouvre alors d'un claquement et je vois Maggie dans l'embrasure.

- Debout ! Les rôdeurs sont partou t !

Je saute du lit et prépare mes affaires en quatrième vitesse. Au rez-de-chaussée, c'est la débandade. Lori sort de chambre avec Carl. Le petit passe devant et sa mère le suit dans les escaliers. Je les suis et je vois par les fenêtres les rôdeurs venir vers la maison. Ils sont partout. J'en reconnais certains et je comprends qu'ils proviennent du centre commercial.

- Fait se barrer, on se grouille ! Ordonne Daryl.

Rick passe en tête et nous sortons par l'arrière de la maison, mais les morts ont déjà encerclé la maison. Daryl tire sur l'un d'eux et nous nous précipitons tous vers les autres pour les tuer. Rick, T-Dog, Daryl et moi ouvrons un chemin entre les rôdeurs pour nous échapper. Nous courons les uns derrière les autres. Nous réussissons à contourner une bonne vingtaine de rôdeurs lorsque j'entends des pleurs. Je crois que ce sont des pleurs de bébé. Oh non, pas ça !

Je cours dans la direction des cris malgré les protestations de mes amis.

- Ariane, reviens ici ! Me hurle Daryl.

- Ariane, qu'est-ce tu fais ! Ajoute Rick.

Je ne me retourne pas et continue à courir vers les pleurs. Je tue deux rôdeurs en un seul coup. Les morts se dirigent vers nous ; ils sont de plus en plus nombreux et je doute que je puisse tous les tuer. Mais je dois sauver ce bébé parce que chaque vie compte.



Point de vue de Daryl :

- Ariane, reviens ici ! Je hurle.

- Ariane qu'est-ce que tu fais ! Ajoute Rick.

La jeune fille court dans le sens opposé du groupe. Je la poursuis, mais Rick et T-Dog me retiennent alors que je me débats comme un fauve. Il faut que j'aille la chercher !

- Ca ne sert plus à rien, c'est finit... Dit T-Dog.

Je me débats davantage. Pourtant, les rôdeurs s'agglutinent sur Ariane. Bientôt, le corps de la jeune fille disparait sous les morts.

- Lâchez-moi Il faut que j'aille l'aider !

- Ca ne sert à rien ! Daryl c'est fini ! Me crie Rick. C'est fini.

Non, je ne peux pas y croire. Ariane a vécu presque un an seule ! Elle ne peut pas crever comme ça !

Derrière moi, j'entends les pleurs de Carol. Je me retourne et je la regarde.

- Si tu y vas, tu te feras tuer, me dit-elle entre deux sanglots.

Mais je m'en fous royalement de crever moi ! Je ne peux pas la laisser là ! J'arrête de me débattre, mais j'ai la rage, comme après la ferme. Je ressens exactement les mêmes émotions, et c'est une véritable horreur. Je pensais l'avoir perdu après l'épisode chez Herschel, mais elle nous a retrouvés. Et là, je la perds une seconde fois. Je ne peux pas l'accepter.

Je sens les larmes me monter aux yeux. Rick et T-Dog me lâchent et je m'éloigne du groupe. Hormis Merle, je n'ai jamais été aussi proche de quelqu'un de toute ma vie. Ça me fout la trouille, mais ne plus avoir la p'tite près de moi me rend encore plus dingue. Merle est mon frère, mais Ariane représentait, ou plutôt représente parce que je ne veux pas croire qu'elle soit morte, tellement pour moi. Elle était comme une bulle d'oxygène dans ce monde de merde. Sa naïveté, son innocence est quelque chose que je ne comprends pas, surtout avec son enfance qui n'avait pas été tendre. Ariane est l'innocence pure et elle est mon pilier, ma marmotte. Ma marmotte que je ne reverrai probablement jamais.

Je ne peux pas me résoudre à partir sans savoir si Ariane est morte ou non. C'est plus fort que moi, et Carol est d'accord avec moi. Tout le monde l'est, sauf Lori, mais elle je l'emmerde. Les rôdeurs s'éparpillent et finissent par s'éloigner au bout de plusieurs heures. Il en reste quelques-uns, mais ça reste gérable.

- Je viens avec toi, me dit Carol.

- Non. J'y vais seul.

Je pars directement pour éviter d'entendre quelque chose qui me ferait péter un fusible. Je suis déjà sur le bord de l'explosion, je n'ai pas besoin qu'on en rajoute. Je cours vers l'endroit où Ariane s'est dirigée, un micro espoir au cœur. J'entre dans un petit jardin et j'aperçois deux rôdeurs dévorer un corps. Et à quelques mètres, j'aperçois l'épée d'Ariane... Non... NON ! C'est pas possible ! Les rôdeurs se relèvent et marchent vers moi. J'entre dans une rage folle. Je tue le premier avec une flèche dans le crâne. Je lâche ensuite mon arbalète et sors mon couteau. Dans un cri de rage et de désespoir, je le poignarde en pleine tête, encore et encore, les yeux embués de larmes. Je n'arrête plus. La tête du mort n'est plus qu'un tas de pourriture éparpillé de partout, mais je continue.

Je sens une main se poser sur mon épaule. Je la dégage d'un geste brusque et je braque un regard noir sur Rick. Je le vois se raidir face à moi, mais il me regarde dans les yeux, l'air triste.

- Je suis désolé Daryl.

Ma main sert le manche de mon couteau et je sens mes ongles s'enfoncer dans la paume de ma main.

- Daryl, calmes-toi...

- TAIS-TOI ! TU AVAIS DIS QUE TU FAISAIS LA RONDE LE JOUR DU RAVITAILLEMENT ! T'AS PAS ETE FOUTU DE VOIR QU'IL Y AVAIT QUELQU'UN ICI ! ELLE EST MORTE A CAUSE DE TOI !

Rick ne répond rien, et heureusement pour lui. Il baisse la tête, sachant très bien que j'ai raison. J'ai envie de le frapper comme jamais, de lui faire comprendre à quel point j'ai mal au fond de moi. Je n'ai jamais connu une telle douleur et ça me ronge complètement. Je ne pensais pas qu'on pouvait souffrir autant. Je m'essuie rageusement les yeux pour enlever toute trace de larme et je ramasse l'arme d'Ariane, que j'accroche à ma ceinture. Je bouscule Rick à l'épaule et je prends la direction inverse pour rejoindre les bois, sans jeter un regard en arrière.



Ca fait un mois. Un mois qu'on s'est échappé de la maison. Un mois qu'Ariane est morte. Un mois que je souffre en silence. Je me suis refermé sur moi-même et je ne parle plus à personne. Carol et Rick ont tenté plusieurs fois de m'aider, mais je les envoie bouler à chaque fois. Je veux qu'on me foute la paix. Je passe mon temps à chasser pour tenter de me vider la tête et je monte la garde toutes les nuits. Je ne dors que deux ou trois heures par nuit, mais je m'en fous. Maintenant qu'Ariane n'est plus là, j'ai l'impression que ma vie n'a plus aucun sens. Je n'ai pas su la protéger. Je l'ai perdu, comme j'ai perdu Merle et Sophia. Ca ne sert à rien de s'attacher aux gens parce que certains finiront par crever. Rester en retrait est la seule solution que j'ai trouvée pour me protéger et protéger les autres. Je suis dans un tel état qu'une moindre phrase peut me faire péter les plombs et devenir violent. Je ne veux pas en arriver là, je ne veux pas redevenir le conard que j'étais avec mon frère. Je ne veux pas l'être pour moi, ni pour eux et surtout pas pour la mémoire d'Ariane. 

The Walking Dead : Silence is golden [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant