Envol - Cartographie des Âmes | Tome 1 |

Acte III - Scène 3: Gon!

J'espère que vous aimez bien cette histoire :3

Sijinte

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Kirua... D'où me venait ce nom ? Ou est-ce que je l'avais entendu. Il correspondait au garçon dont je rêvais tous les soirs, un enfant aux cheveux dépigmentés et aux yeux d'un bleu profond. Sans des yeux pareils, j'aurais juré que l'enfant était albinos.

Moi qui adorais la biologie, là, j'étais incapable de suivre le cours. Je souffrais depuis quelques temps de nombreuses insomnies. Je faisais des rêves étranges, peuplés de combats périlleux, de force, de courage, de douleur, de pouvoirs, d'aventures, mais je rêvais principalement du garçon.

J'avais cherché à me renseigner. A la bibliothèque. Sur internet. Partout, tout le monde semblait s'accorder sur un point. On disait du cerveau qu'il était incapable de construire un visage en rêve. Je n'étais pas contre l'idée, mais même après m'être creusé la tête de fond en comble, j'étais toujours incapable de savoir où j'avais pu croiser ce gosse.

Il s'était cependant fait une place de choix dans mon esprit, en devenait omniprésent, chaque nuit, dans tous mes rêves. Ce n'était pas l'unique problème. Je commençais sérieusement à me demander si je ne souffrais pas de troubles schizophrènes, à force de me surprendre à m'appeler Gon intérieurement. Une semaine après que les événements ont commencé, j'en avais parlé à mon amie Agnès.

On était très proches, on se racontait pas mal de choses. Elle m'avait aidé à surmonter beaucoup de déceptions amoureuses, et moi de même. Comme on s'entendait bien, on avait essayé de sortir ensemble à un moment. Ce fut un échec.

« Gon ! »

Le cri tonitruant me sortit de ma profonde torpeur. Effaré, j'avais peur d'avoir mal interprété l'onomatopée que j'avais entendu. Je levais lentement les yeux vers la source du cri, et eu de la peine à contenir le hurlement terrifié qui tentait de m'échapper. C'était lui, le garçon du rêve ! Celui que je ne parvenais pas à sortir de ma tête. Celui que j'essayais d'effacer de mon esprit à grands coups de beuveries avec Agnès plusieurs fois par semaine, devant l'émission japonaise Terrace House.

Le garçon de mes rêves, que je ne connaissais pas, surgissait du néant en hurlant un nom que je connaissais moins encore, et soudain, une sensation de familiarité suprême avait jailli du fond de mes entrailles, comme si l'homme ahuri qui semblait s'accrocher à la poignée pour ne pas tomber ne m'avait jamais quitté.

Après avoir accusé une grande surprise, la salle entière se mit à hurler de rire, croyant sans doute à une blague. La professeure semblait mi-enjouée, mi-agacée. Je tournais avec difficulté ma tête vers Agnès :

— On vient de voir la même chose, là ?

— Le mec dont tu rêvais, il ressemblait pas un peu à ça ?

— Mais si, carrément... Enfin c'était lui en format enfant quoi...

— Ethan, c'est trop bizarre, ça fait hyper peur.

— Je fais quoi ? Faut que j'aille lui parler, mais je suis angoissé.

— Un peu de silence ! On va reprendre le cours, lança Mme Albert en tapant dans ses mains, remettez vos protections ! Ratez le mélange et vous vous brûlerez les poumons, donc concentrez-vous.

Agnès pouffa d'un rire nerveux, tandis que je me sentais au bord de l'évanouissement. Livide, j'essayais de verser le mélange soigneusement préparé dans un bécher, et en reversait la moitié sur la table. Les dix minutes de cours qui restaient étaient interminables.