Menottés | Nevtow

Chapitre 10

Je voudrais prendre le temps de remercier ceux et celles qui malgré les années, malgré le temps qui passe, continue de lire et d'attendre la suite de mes histoires. Merci pour vos commentaires, vos messages et le temps que vous consacrez à mon travail, sincèrement.

Ce chapitre est pour vous.

Nevtow

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Assise sur une des petites plages de galets qui borde le lac, la tête sur les genoux, j'observe silencieusement les vagues s'échouer sur la roche. Un vent chaud caresse doucement mes jambes nues, soulevant doucement ma robe.

J'observe d'un œil distrait Natsu et Gajil, qui fixent attentivement le moindre mouvement dans l'eau autour de leur ligne de pêche. Cela fait maintenant une demi-heure qu'ils se sont fixés comme objectif de sortir un poisson du lac, sans grand succès jusque-là. Simon, une épée en bois à la main, joue un peu plus loin sur les galets.

― Alors, la vie à Reftail te plaît ? Me demande une petite voix dans mon dos.

Je sursaute n'ayant pas entendu madame Redfox se glisser derrière moi. La jeune femme tient dans ses mains un petit bouquet de fleurs qu'elle semble avoir cueilli elle-même.

― Pardon, je ne voulais pas t'effrayer, elle rit doucement alors qu'un sourire timide se peint sur ses lèvres.

La voix douce et l'air tranquille de Levy me détendent et je lui rends son sourire alors qu'elle vient s'asseoir à côté de moi. Elle pose un instant son regard sur le lac et observe à son tour nos époux à l'œuvre : un sourire moqueur naît sur ses lèvres. Je ne sais pas grand-chose de madame Redfox pourtant, j'ai le pressentiment que nous allons nous entendre.

― Oui elle me plaît, je lui réponds finalement. La ville est magnifique et tout le monde est très accueillant. Tout est tellement différent ici, tellement paisible... Ma vie n'a jamais été aussi tranquille... Si je le pouvais-... Si je le pouvais, je resterais toute ma vie ici... Je marque une pause et le silence qui s'installe compresse ma cage thoracique.

Levy m'observe en silence. Je peux sentir son regard sur moi et pourtant, je n'y descelle pas une seule trace de jugement. La jeune femme se contente de m'écouter et étrangement, ça me fait du bien. Le regard qu'elle m'adresse est si doux et bienveillant que j'ai l'impression que je peux tout lui dire, que je peux m'ouvrir à elle, que je peux me confier.

Natsu a raison, je suis naïve.

― Je viens de loin, de très loin. Ailleurs, ma vie est si-... si différente, si-... Sinistre... Je marque une pause et mon regard se baisse sur les galets grisés de la plage alors que je songe à mon père. Je ne pense pas que ce soit possible pour moi de rester ici. Vivre ici alors que tout est si... Si-... Si détruit là-bas... J'ai l'impression de fuir, depuis des années. J'en suis même venue à me dire que c'est ce qu'il fallait faire. J'avale ma salive alors que j'essaie d'ignorer la sensation de sécheresse dans ma bouche et ma gorge qui se serre douloureusement. Je ne sais pas si j'ai la force de tout reconstruire, de tout oublier et de laisser le reste de mon existence derrière moi... Je ne suis pas-... Je ne suis pas comme vous, je lâche finalement, j'aimerais, tellement, mais ce n'est pas le cas. Vous êtes tous si chaleureux, si bienveillant, si sincère...

Je mordille nerveusement ma lèvre inférieure alors que le rouquin discute tranquillement avec Gajil de l'autre côté du lac. Un petit rire s'échappe des lèvres de Levy, attirant mon attention vers elle. Lorsque mon regard rencontre le sien, ses yeux sont si tendres et emplis d'empathie que j'ai l'impression que le temps s'arrête.