Menottés | Nevtow

Chapitre 9

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Mon ordinateur sous le bras, je monte 4 à 4 les marches de l'escalier. À chaque marche, je sens la douleur qui vrille mon crâne s'accentuer jusqu'à devenir insoutenable. Alors que j'arrive au premier étage, j'entends un bruit sourd provenir de la chambre de Lucy. Elle ne dort pas ?

Je pousse doucement la porte entrouverte de sa chambre et jette un œil à l'intérieur. Lu' est allongée de travers sur son lit et son dos se soulève doucement à chacune de ses respirations. Je détaille son visage paisible et sens le mal de tête qui me hante s'apaiser.

Je prends une grande inspiration et presse ma main sur mon front. L'alcool que j'ai ingurgité pendant la soirée n'a plus beaucoup d'effets sur moi et j'en profite pour laisser traîner un regard curieux sur l'intérieur de la chambre de Lucy.

Celle-ci fait à peu près la même taille que la mienne et ses murs ont été peint en beige crème. Je constate avec amusement que son espace est plutôt en désordre : Des crayons, règles et gommes qui lui ont permis de dessiner ses énormes cartes jonchent le sol. Des parchemins immenses sont accrochés sur les murs et son bureau est submergé par de la paperasse et quelques croquis. 

Je pousse un long soupir et m'assois sur la chaise en face de son bureau. Je feuillette du regard les papiers sur celui-ci et remarque un cadre photo, enfouis sous une pile de documents. Je passe mon pouce sur celui-ci pour en chasser les quelques traces de poussière avant de l'observer. L'objet enferme une photo sur laquelle Lucy a l'air beaucoup plus jeune et est entourée de deux adultes, un grand sourire aux lèvres. Mon regard s'accroche quelques secondes sur le regard de la jeune fille dans le cadre avant de couler vers les deux personnes qui l'entourent : ses parents. 

Je repense à la soirée des professeurs qui a eu lieu dans son école et je me demande soudain si la crise qu'elle a faite dans le gymnase est en lien avec eux. 

Je pousse un soupir avant de poser le cadre et d'orienter le siège en direction de Lu'. Je pose mon ordinateur sur mes genoux avant d'ouvrir celui-ci et entre mon mot de passe. L'écran s'ouvre directement sur mon code. Je me concentre quelques instants sur la dernière ligne que j'ai écrite.

Le programme sera bientôt fini, il ne me reste plus qu'à faire quelques tests pour savoir s'il est bien fonctionnel.

Je pousse un long soupir et laisse ma nuque tomber sur le dossier de la chaise du bureau.

Il y a maintenant 5 ans de ça, les fédéraux m'ont demandé de leur fournir "un logiciel de surveillance pour maintenir la sécurité des civils". Le programme devait pouvoir permettre de suivre à la trace un individu à l'aide de tous les appareils connectés qu'il rencontrerait. Téléphone, caméra de sécurité, montre connecté, ordinateur, plus rien ne devait pouvoir rester privé avec 'Happy Blue Protection' (le nom que je lui aie donné): HBP.

Quand j'ai commencé à coder HBP, je ne pensais pas que ça irait aussi loin. J'étais un peu plus jeune et beaucoup moins méfiant alors j'ai accepté, je me suis dit que ce serait un logiciel utile pour aider à protéger la population des criminels, terroristes et cyber-terroristes. Je me disais que ce serait une bonne arme, une arme virtuelle.