Il est parti. Le ciel respire son absence. L'asphalte gronde et les souvenirs recouvrent sa peau d'idéaux blessés. Depuis, les mines éclatent chaque jour dans sa gorge, les nuits sont des vautours à ses pleurs morts et le vent siffle à lacérer le ciel. Chaque regard qui se détourne est un pieu dans ses veines, chaque rire près d'une autre est une vague curieuse et mourante. Elle veut se rendre aveugle à lui, mais ne peut s'empêcher d'y coller ses yeux. Elle veut pour toujours tenir sa peau sous sa main mais sa peau la brûle de froideur. Ses soupirs sont pour lui sanguinolents, vers lui amers et inéluctablement tristes. La fatalité accorde sa harpe. Le monde joue.
Je t'aime. Je t'aime. Que t'ai-je dit ? Tu ne réponds pas mon amour, mon amour, ma mort. Tu ne répondras plus jamais. Aucun de mes regards ne sera rendu. Je t'aime, et c'est triste comme le monde. C'est triste et c'est comme un lambeau de sentiment que j'arrache à une vie éteinte. C'est triste, c'est seul de t'aimer. C'est vide, rabougri et froid. Comme c'est sombre, mon amour.
Ton profil est la merveille la plus glacée. J'ai perdu ta face, et la mienne avec. Avant c'était le désiquilibre, maintenant je suis au sol, écrasée, comme je suis écrasée. Il n'y a plus que toi, ton vide. Pour toi, il n'y a plus qu'un silence douceureux. Comme tu es faible, Aramis, de n'avoir pas daigné tenir à moi. Comme tu es lâche de m'aimer si fort et de te réfugier ailleurs comme un héros perdu. Je te déteste. Tu es insupportablement loin. Ah oui, pourquoi me regardes-tu comme ça ? C'est la première fois ? Et tu vois la haine à mes joues éteintes ? J'en ai passé, des soirs, des jours, des rêves, à nous imaginer de nouveau dans le velours tendre et fébrile de l'amour qui se sait mais ne se dit pas. Mais tu t'es tué devant mes yeux, avec la plus belle et funeste assurance du monde. Les yeux doux, les lèvres pâles et lisses, les mains dociles. Ta beauté m'est si laide.
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Aramis
PoetryAramis L'existence sombre D'une aura qui suffit À l'ailleurs Je ne sais pas du tout où ça va. C'est un roman il me semble ? Mais je l'ai mis dans la catégorie poésie car c'est ce qui le définit mieux.