Norbert hésita un moment, figé devant la porte et la main suspendue à quelques centimètres du bois de la porte menant aux appartements professoraux, il venait de toquer et personne ne lui avait répondu, peut-être le professeur de défense contre les forces du mal ne l'avait-il pas entendu ?
Pourtant, celui-ci lui avait donné rendez-vous à cette heure. Il vérifia à nouveau sa montre et, constatant que c'était bien l'horaire indiqué, osa frapper à nouveau.
Il y avait comme un pré-sentiment qui gonflait en ses veines et jusque là aucun d'entre ceux qu'il n'avait eu ne s'était avéré être faux. Restait à savoir s'il serait de bon ou de mauvais augure.
Le cuir de la poignée de sa valise qu'il sentait contre le paume de sa main le rassurait, comme un ancrage dans la réalité, gage d'une présence habituelle et rassurante.
Il hésita encore un instant avant de saisir la poignée de porte et de l'ouvrir. La porte s'ouvrit sans le moindre bruit et le sorcier pénétra dans la pièce.
Tout était sombre, de grandes et sombres tentures empêchant l'accès de le lumière extérieure dans la pièce.
Le silence semblait régner, du moins en apparence car quelques secondes seulement après que cette pensée n'ait effleurée son esprit un bruit de verre se fit entendre.
Inquiet et quelque peu curieux, Norbert s'approcha à pas de velours de la porte dont il filtrait quelques rayons de lumière.
Il hésita à toquer à celle-ci avant de se reprendre et de l'entrouvrir, sa curiosité prenant le pas sur son bon sens (si tant est qu'il en ait jamais possédé un).
Le silence de cathédrale était revenu, et, intrigué, il se rapprocha, il avait conscience que ce qu'il faisait en ce moment relevait de l'indiscrétion la plus totale mais après tout, son ancien professeur n'avait pas de secrets qu'il dissimulait envers et contre tout, non ? Et si c'était le cas Norbert argumenterait qu'il n'avait fait qu'être là à l'heure indiquée.
Sur ces pensées pour le moins enfantines, le jeune homme passa sa tête dans l'entrebâillement qu'il avait créé.
Ce qu'il vit le paralysa, le bureau habituellement bien rangé ne ressemblait plus qu'à un grand fouillis de verre -d'alcool remarqua-t-il avec surprise- brisé et de métal tordu, çà et là quelques papiers trainaient, mais ce qui choqua le plus le jeune sorcier fut que si le professeur était là, il n'était pas seul.
Il n'apercevait que son dos et rehaussé par la table sur laquelle il était assise Dumbledore était plus grand que de normale, ne laissant donc pas apparaître la personne devant lui.
Norbert tendit l'oreille, plus que curieux de découvrir l'identité de la deuxième personne inconnue et de quoi est-ce qu'il pouvaient bien discuter.
-Al... regarde dans quel état tu t'es mis...
La voix était douce, suave, elle emprisonnait les sens en une douce étreinte qui poussait l'esprit dans une sorte de torpeur...
Cela lui rappelait quelque chose, quelque chose de récent...
Quant à ces paroles, en effet, même si Norbert ne voyait pas le professeur de DFCM de face il devinait son air débraillé.
Un rire vint secouer les épaules du futur mage blanc, affreusement déplacé et presque... vide.
-Comme toutes les fois ou je me rappelle que l'on est ce jour...
La voix était faible, ensommeillée.
Un long soupir suivit les paroles du sorcier, qui sonna comme défait aux oreilles de Norbert.
-Le jour de sa mort. Le jour de notre séparation.
Norbert ne comprenait pas, de quoi est-ce qu'ils parlaient ?
Et alors, le sorcier qui jusque là lui était inconnu se déplaça quelque peu, soulevant sans aucun effort le Dumbledore de la table, les jambes de ce dernier accrochées à sa taille et qui, désormais endormi, laissait sa tête reposer mollement sur l'épaule de celui qu'il savait désormais être un mage noir de la pire espèce.
Grindelwald.
Gellert. Grindelwald.
Par Salazard Serpentard, qu'est-ce qu'il faisait là ?
Avant même qu'il n'ait ni le temps, ni le réflexe de saisir sa baguette, il se figea à nouveau, il était sûr d'avoir mal entendu, car ce ne pouvait pas être Gellert Grindelwald qui prononçait ses mots, ça ne pouvait pas être sa voix qui contenait tant de douceur et... et... d'amour.
-Dors, Meine Liebe, et même si tu ne croiras que ce n'est qu'un rêve n'oublie jamais nos espoirs, et l'amour qui nous a uni.
Sur ces mots, le sorcier aux yeux hétérochromes se baissa pour frôler du bout des lèvres et avec une douceur toute particulière celles de son vis-à-vis brun.
Sur cette dernière vision pour le moins troublante, Norbert referma la porte, prenant garde à ne faire aucun bruit, et ne se permit de respirer plus librement que lorsqu'il entendit les pas du sorcier au cheveux blancs s'éloigner vers ce qu'il devinait être la chambre de son ancien professeur.
Ce qu'il venait de voir était ô combien troublant.
Grindelwald n'était-il pas sensé être leur ennemi ?
Norbert avait deviné un lien spécial entre les deux sorciers plus âgés au travers de toutes les paroles que le sorcier blanc avait prononcé à l'égard du mage noir quand Norbert et lui avait discuté de celui-ci mais il ne ce serait jamais douté d'un lien de cette nature.
Merlin, il avait vu Grindelwald embrasser Dumbledore.
Bien contre lui, il sentit une rougeur naître sur ses joues et secoua bien vite la tête, maudissant sa trop grande curiosité.
Les quelques images qu'il avait lui trottèrent en tête toute la soirée, faisant à chaque fois s'épanouir une étrange chaleur sur ses joues.
... Il n'aurait jamais du pénétrer dans cette pièce.
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Tourmente de sentiments
FanfictionVoici un recueil de One Shots sur les deux fascinants personnages que sont Gellert Grindelwald et Albus Dumbledore, ciblant en particulier leur relation romantique, d'une insidieuse et naïve douceur teintée de déni a un sentiment plus lucide d'une r...