EVA

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Abruti. C'est le premier mot qui me vient à l'esprit lorsque je pense à Jared. Plus nous marchons, plus l'impression qu'il essaye de créer une vraie conversation entre nous fait sa place dans ma tête. Il y a à peine vingt minutes il me prenait pour une gamine de 6 ans et à présent il tente d'installer une discussion. Je rêve ou ceci est vraiment en train de se produire? A plusieurs reprises, je me pince le bras afin de vérifier que ce n'est pas un rêve. Je me prépare tout de même à ce que l'ancien Jared, horripilant et méprisant, refasse surface.

Je continue alors à avancer tout en accélérant le pas mais il marche toujours à ma hauteur. Je réprime à plusieurs reprises l'envie de lui hurler: «change de trottoirs!». Je ne supporte pas de sentir sa présence arrogante marcher à coté de moi. En plus, cet imbécile respire fort, c'est insupportable. Chaque détail de sa personne m'énerve au plus haut point. Ses cheveux bruns complètement ébouriffés qui s'envolent dans tout les sens. Ses yeux noirs comparable aux plumes d'un corbeau. Son attitude provocante, presque impoli. Ses manières d'homme des cavernes comme s'il était l'Heathcliff des temps modernes. Tout son comportement m'exaspère. J'ai l'impression d'être en face d'un personnage qui se cache derrière l'arrogance et le mépris sans que je sache pourquoi. J'ai comme une sensation de parler à un mur, froid et dur comme du béton.

Nous ne parlons plus jusqu'à la fin du trajet. Quand je perçois les feux sur la plage et le bruit des gens qui discutent et rient, un soupir de soulagement me traverse. Je vais enfin pouvoir me débarrasser du boulet que je traîne depuis déjà un bon moment. Sans plus tarder, je lui adresse un sourire moqueur et prend une autre direction pour m'éloigner de lui au plus vite. Je me sens enfin libérer lorsque mes pieds foulent le sable encore tiède.

Sur la plage, plusieurs feux sont allumés et les gens se regroupent autour de ceux-ci. Une foule composé de personnes toutes très différentes les unes des autres se tient là. Certains dansent au son d'une chanson assourdissante que je ne parviens pas à reconnaître tandis que d'autres se contentent de boire et de profiter de la soirée entourés d'amis ou de parfaits inconnus. L'ambiance qui règne est agréable, je me félicite d'avoir eu l'idée de venir jusqu'ici malgré la compagnie désagréable que j'ai subi sur le chemin. Les gens qui m'entoure en l'air si heureux, presque euphorique, que je ne peux m'empêcher de sourire de toutes mes dents. Un frisson d'excitation me parcourt tandis que j'intègre la foule.

Tout le monde - enfin presque - tient une bouteille de bière à la main. Je me dis qu'il faut absolument que je me débrouille pour en trouver une. Cela facilitera mon approche pour rencontrer des gens et faire connaissance. Je ne veux pas être la fille coincée à laquelle faisait allusion Jared. Je ne suis plus une petite fille, j'entre dans la cour des grands à partir d'aujourd'hui. Je me faufile entre les gens à la recherche d'une bouteille, quand tout à coup, un garçon attrape mon bras. Surprise, je me retourne violemment, prête à le réprimander. Ce n'est pas une manière d'aborder une fille seule dans la nuit.

-Oh du calme! s'écrit le grand blond. Je ne voulais pas te faire peur. Je m'appelle Eric. Ravie de te rencontrer.

Il tend sa main vers moi dans l'espoir que la serre, ce que je fais après une rapide réflexion. Ce type n'a pas l'air d'un psychopathe, il est même assez beau garçon. Il est temps pour moi de faire connaissance avec du monde. Je lui offre alors mon plus beau sourire.

-Est-ce que je peux t'offrir une bière ?

Son regard est doux et amicale. Il peut peut-être être mon premier ami ici. Son visage m'inspire confiance. J'acquière timidement.

-Oui bien sûre. Moi, c'est Eva.

Tandis que je le suis à travers la foule, j'en profite pour l'examiner de la tête au pied. Il est beaucoup plus grand que moi, d'une vingtaine de centimètres je dirais, ses cheveux sont d'un blond presque doré et les muscles saillant sous son t-shirt me pousse à dire que ce doit être un sportif. Il est le cliché parfait du surfeur. Il ne manquerait plus qu'une dent de requin en guise de pendentif pour achever le tableau. J'esquisse un léger rire en pensant à cette idée puis suis sortie de mes rêveries lorsqu'il me tend une bière. Je dois avouer qu'il est beau, très beau. Beaucoup trop beau pour une fille comme moi.

Je lui souris une nouvelle fois en guise de remerciement. Ce garçon est vraiment gentil. Je me doute que s'il est venu vers moi c'est en partie parce que je me trouvais seule et qu'il était alors plus facile pour lui de m'aborder mais je m'en contre fiche. L'important c'est qu'il est venu me trouver et qu'à présent je ne suis plus seule ici. Moi qui avait peur que personne ne me parle, je suis rassuré. Je le remercie intérieurement pour avoir été là pour moi, bien qu'il ne sache pas dans quel détresse je pouvais me sentir.

Eric, je crois bien que tu seras mon premier ami.

Cet été-làOù les histoires vivent. Découvrez maintenant