JARED

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Je patiente paisiblement dans mon lit en attendant que les parents s'endorment pour rendre visite à mon frère et lui refaire le portrait. Depuis l'épisode du Scrabble, je suis une boule de rage ambulante qui n'attend que d'exploser à la figure de Connor. Ce petit con s'est conduit comme un monstre tout à l'heure. Il a fait pleurer Eva, je l'ai su à la seconde même où elle est entrée dans la maison. Ses yeux étaient rouges et vitreux. Mes poings se sont instinctivement serrés contre mes cuisses afin de retenir ma colère imminente qui ne voulait que s'exprimer le plus violemment possible. Mon esprit s'est retrouvé assailli par une épaisse couche de brouillard ce qui fait que je n'étais plus maître de mes mouvements.

J'attends encore quelques minutes après avoir entendu mon père monter dans sa chambre et me décide à me lever. La colère me pousse à bondir de mon lit tel un chien prêt à l'attaque. La rage qui s'était apaisé en moi me regagne à une vitesse folle. Je ne tiens plus en place. Je quitte ma chambre et traverse à pas de loup le long couloir qui mène à la chambre de Connor. Sa porte est entrouverte, je pénètre à l'intérieur de la pièce et la referme sagement derrière moi en réprimant l'envie de la claquer de toutes mes forces.

-Qu'est-ce que..., s'apprête à dire mon frère lorsqu'il m'aperçoit à l'autre bout de la pièce tendu comme un arc prêt à abattre ma cible.

-Ferme-la et écoute-moi, je l'interrompt sans lui laisser le temps de protester. Tu t'es conduit de façon ignoble tout à l'heure. Tu as fais pleurer Eva et tu n'éprouves aucun regret, c'est abominable. Tu n'imagines même pas à quel point je me retiens de te briser en milles morceaux. Et ce n'est pas le fait que tu sois mon frère qui m'en dissuade. Je me fou que nous ayons le même sang. Pour moi, tu n'es qu'un monstre. Ce n'est pas moi qui suis sans coeur, je m'en rend compte maintenant, c'est toi.

Mon ton monte crescendo à mesure que ma colère s'exprime. Les muscles de mon cou se tendent si bien que je sens mes veines et mes tendons saillirent sous ma peau. Mon visage devient rouge écarlate et ma peau s'enflamme comme si mon sang était soudainement devenu bouillant. Je ne prend pas garde à ma voix qui s'élève et au risque de réveiller toute la maison.

-Comment peux-tu dire ça alors que c'est toi qui joue avec elle ? s'indigne-t-il avec cette moue de dégoût que me donne encore plus envie de le frapper.

-Je ne joue pas avec elle.

-Bien sûre que si, poursuit-il en s'extirpant enfin de son lit. Tu n'as jamais fais attention à elle, tu l'as même toujours méprisé et, d'un seul coup, tu te décides à t'intéresser à elle. Tu me prends pour un idiot ? Je vois claire dans ton jeu.

-Je ne joue à aucun jeu, en quelle langue faut-il que je te le dise ? je peste à bout de nerfs en balayant l'air de mes bras.

-Je ne te crois pas, se suffit-il d'ajouter. Tu n'es qu'un menteur.

Une fois de plus dans cette journée maudite, je serre les poings contre mes cuisses si fort que mes ongles rentrent dans ma paume. Je suis à deux doigts de franchir la limite qui me retient de lui sauter dessus.

-Tu es seulement jaloux parce qu'elle n'est pas avec toi, elle est avec moi, je le nargue avec cette envie de lui faire mal qui me rend de plus en plus méchant et vicieux. Tu ne supportes pas l'idée qu'elle m'ait choisi moi plutôt que toi, ça te rend fou.

-Tu dis n'importe quoi, ricane-t-il en feignant l'indifférence tandis que je ne suis pas dupe et ne me laisse pas berner par sa comédie. Je veux simplement la protéger de toi et ta mauvaise influence. Elle est fragile et doit à tout prix éviter les mecs dans ton genre.

-Tu ne la connais même pas, je grogne plus ardemment. Elle n'est pas fragile, au contraire, je n'ai jamais rencontré une fille aussi forte qu'elle. Elle sait encaisser les coups mieux que personne.

Cet été-làOù les histoires vivent. Découvrez maintenant