Cet été-là

JARED

Eva s'est dévoilée à moi hier soir. Elle a avoué que je lui faisais de l'effet. Je n'aurais jamais pensé qu'elle aurait le cran de me le dire en face. Je suis encore surpris de sa révélation. Moi qui pensait qu'elle était trop réservée et fière pour l'avouer, je suis restée surpris de ce qu'elle m'a dit. Lorsqu'elle a prononcé ces mots, mon coeur s'est comme gonflé d'une chaleur étrange que je ne saurais décrire. Était-ce de l'amour ? De l'affection ? De la satisfaction d'entendre à quel point j'ai de l'emprise sur elle ? C'est peut-être un mélange des trois. Quant elle m'a quitté, je suis resté un bon moment dehors afin de reprendre mes esprits, de calmer mes sentiments qui se chamboulaient à l'intérieur de moi. J'ai fumé une autre cigarette en espérant que ça me détendrait un peu plus pour affronter cette nuit enfermée dans une tente minuscule avec elle et les autres. Ça n'a pas vraiment fonctionné, à vrai dire.

Ce matin, lorsque nous nous sommes levés, le ciel était bleu et le soleil tapait tellement fort que nous avons immédiatement mis de la crème solaire. Certains ont pris le temps de déjeuner mais pas moi. Je suis resté dans la tente à attendre le départ. Nous avons fait plusieurs heures de marche avant de nous arrêter près d'un lac pour pique niquer. Nos parents ont pris la décision que nous passerons l'après-midi à nous détendre au lac. Ensuite nous emprunterons le raccourci pour retourner à la voiture. Je n'ai qu'une hâte c'est de retourner à cette fichue voiture pour rentrer à la maison et m'enfermer dans ma chambre. Ici, je suis beaucoup trop près d'Eva et je n'ai aucun moyen de l'éviter. C'est une torture pour mes nerfs. Je suis sur des charbons ardents à chaque seconde passées près d'elle. Je m'arrange toujours pour ne pas être à ses côtés, je me mets volontairement à l'écart dans l'espoir de ne pas avoir à affronter son regard. C'est un calvaire pour moi d'être si près et pourtant si loin d'elle. Tout un tas de sentiments contradictoires se bousculent dans ma tête, j'ai la sensation de perdre la raison. Je me sens différent, plus le même qu'avant, et j'ai horreur de ça.

-Tu viens te baigner avec nous, Jared ? hurle mon père au loin.

Je me suis éloignée pour réfléchir un peu et pour échapper à la vision d'Eva portant son foutue maillot de bain blanc. Je n'ai pas envie de devenir fou une fois de plus. Il faut à tout prix que j'apprenne à me contrôler.

Je fais signe à mon père que je vais les rejoindre et je m'avance vers eux. Plus je me rapproche d'Eva, plus je baisse la tête. J'évite son regard depuis ce matin et je compte bien continuer jusqu'à notre retour à la maison. Son regard me transperce à chaque fois qu'elle pose les yeux sur moi et j'ai l'impression que tout le monde peut voir la gêne qui s'éprend de moi dans ces moments-là. Je me sens honteux d'éprouver de telles idées à son égard. Malheureusement, je n'y peux rien et je dois faire avec.

Je n'ai pas craqué. Pas une seule seconde. J'ai ignoré Eva durant tout le reste de la journée. A plusieurs reprises, j'ai senti son regard sur moi mais je n'ai pas cédé. Mes yeux n'attendait qu'à se poser sur elle mais j'ai résisté à la tentation bien qu'elle soit puissante. Dans la voiture, je me suis arrangé pour m'asseoir loin d'elle et ai gardé mes écouteurs tout le long de la route. Nous sommes rentrés à la maison et je suis allé m'enfermer directement dans ma chambre. Cela n'a surpris personne et mon père ne m'en a pas empêché heureusement. Cette journée fût certainement une des pires de ma vie et je n'avais aucune envie que ce dernier la gâche encore plus qu'elle ne l'était déjà. Je sais pertinemment que je n'aurais pas pu garder mon sang froid face à lui et notre altercation aurait mal fini. Ni lui ni moi n'avions besoin de ça.

Je suis surpris lorsque quelqu'un vient frapper à ma porte. Cela n'arrive pas souvent. Tout le monde fait son possible pour éviter d'avoir à me déranger lorsque je suis dans ma chambre. Je m'informe sur qui est mon visiteur et je suis encore plus étonné lorsque mon frère me répond.