Avant de piquer, je prie. Saint des Cleptomanes, pardonne-moi. C'est tout. Inutile de gâcher le temps des saints en prétendant que, si je vole, c'est la faute de la société, de New York ou de mes parents. Ils savent bien que depuis le péché originel nous sommes faibles. Pour moi, voler, c'est comme le désir : je le reconnais quand je le vois.
Aujourd'hui, il s'agit d'un savon à la lavande paradisiaque, emballée de papier de soie violet et enrubanné de satin blanc. Je pourrais le croquer. J'étudie le territoire. Le dégel de la fin Janvier à réveillé les New Yorkais et l'immense magasin grouille de monde. Au-dessus des savonnettes, sur des étagères, je remarque un bataillon de miroirs de poche. J'en saisis un afin d'observer la caissière. La foule me bouche la vue. Tant mieux : si je ne peux pas voir la femme qui se trouve à la caisse, elle non plus ne peut pas me voir. Les battements de mon cœur s'accélèrent. Mes doigts picotent. Je m'empare directement du petit paquet violet, repose le miroir, ouvre mon sac, y glisser l'objet de ma convoitise tout en saisissant mon portable. Ensuite, afin d.avoir l'air d'une simple cliente hésitante, le téléphone à la main, je m'attarde devant les savons, jusqu'à ce qu'une femme me bouscule accidentellement. Je me dirige vers la sortie et pousse une porte sur laquelle je peux lire l'inscription : TOUT VOL ET PASSIBLE DE POURSUITE. Seulement si on se fait prendre, me dis-je. Seulement si on se fait prendre.
Que des lumières dehors ! Et des gens ! Sentez-vous cette odeur de marrons grillés, de bretzels moelleux, cette pointe d'essence dans l'air ? Regardez autour de vous : nous sommes si nombreux. Blancs, Noirs, Asiatiques, Indiens. Regardez ces Américains du Middle West qui serrent leur programme de théâtre tôt en jonglant avec leur bombe lacrymogène et leur plan de la ville. J'adore Manhattan. Je pourrai mourir heureuse à la minute même, foulant le trottoir avec les autres New-Yorkais, poussant mes rêves entre les leurs, les sacrifiant à cet enchevêtrement d'acier, de béton et de lumières.
Il fait beau et, de surcroît, comme après chaque Larcin réussi, je sens une chaleur monter en moi. J'avance d'un pas allègre, j'envoie mentalement des baisers à mes saints. Remercier des idoles invisibles peut sans doute vous paraître ridicule. Et pourtant, certains jettent bien su sel-par-dessus leur épaule, contournent les échelles ou touchent du bois. Alors que, moi, je demande simplement une petite intervention divine. Je préfère dieu à l'église et estime être catholique par procuration. Alors quitté me coltiner le fardeau la culpabilité et la peut légitime de ma proposé mortalité, autant récoler quelques avantages en chemin.
Attention ! Même si je fais l'éloge des saints, ils nées montrent pas toujours très indulgents envers moi. La preuve : je viens de quitter le magasin et, déjà , des pensées négatives l'assaillent... Tu n'avais pas besoin de cette savonnette. Tu devrai te laver la bouche avec quand tu seras rentrée chez toi. Tu aurai pu au moins l'acheter. Fais demi-tour immédiatement et va la rapporter. Mais je continue ma route. Si je parviens à atteindre la 20ème Rue, je serai en robe sécurisée. La zone sécurisée, c'est quand le remords cesse. Quoi qu'il en soit, j'ai de l'endurance. Je me nourris de culpabilité dès le petit déjeuner. C'est comme une vitamine obligatoire. Ou le goudron qui se dépose sur le sablent enlaidit les plages. Ce n'est pas parce qu'il y a du goudron qu'on arrête de ramasser des coquillages. C'est le yin et le yang du vol à l'étalage.
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Cleptomania (Harry Styles)
Fanfic> Madison Mitchell, 24 ans, vit à New York et rêve de devenir actrice. Entre les petits boulots humiliants et les casting de pub, elle cache un lourd secret : elle est cleptomane. La rencontre avec le beau et célèbre David donnera-t-elle un nouveau...