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Laureen m'attendait sur le parking du bureau, ce qui n'était pas dans ses habitudes. Je me garais tranquillement à ma place habituelle quand elle surgit à la fenêtre du conducteur, essayant de me parler. Je pris le temps de finir ma manœuvre et de descendre de voiture avant d'écouter ce qu'elle avait de si urgent à me dire.

« T'as vu ? Hurla-t-elle, au info, c'est partout même sur internet, la poisse ! On va faire quoi nous ? »

Je débarquais, je n'avais ouvert ni télévision ni ordinateur depuis mon réveil, je n'avais aucune idée de ce dont elle parlait. Elle m'apprit ensuite que le P.D.G. De notre groupe était décédé cette nuit à Paris, je ne voyais pas très bien en quoi cela nous impactait à notre niveau, personnellement je ne l'avais jamais croisé. Je ne me souvenais même pas avoir vu son visage avant.

« Envois une couronne à sa veuve.

- Je plaisante pas. Qui va reprendre l'affaire ?

- Le directeur adjoint, il est là pour ça non ?

- Oui, je pense, je sais pas.

- Et heureusement, c'est pas à nous de décider. Allons faire tourner cette boutique déjà, après c'est pas nos oignons. 

- Oui ! »

J'ai toujours une sorte de don pour remotiver les gens. Je sais que mes discours sont parfois niais, mais ils fonctionnent.

« Alors, dit Laureen, comment vont tes amours ?

- Beau fixe. Un petit manque hier soir, c'était dur de se dire bonne nuit.

- On dirait deux ados, c'est mignon. Bon le principal c'est de pas craquer. Je te vois tout à l'heure.

- Ok. »

Elle se dirigea vers son bureau et moi vers le mien, une journée des plus ordinaires commençait alors. La veille j'avais entré pas mal de dossier dans mon ordinateur, il était temps de les trier et de les ranger. Débordante d'énergie je me mis à la tâche. Je discutais avec Zoé qui répondait selon ses disponibilités, ce qui me laissait une heure entre chaque série de messages, cela s'emboîtait plutôt bien dans mon occupation. Elle me faisait un peu revivre ma vie de lycéenne en me faisant part de ses ressentis sur ses professeurs, j'appris par exemple qu'elle détestait le Français, pourtant je ne remarquais presque jamais de fautes dans ses messages.

« C'est parce que je fais attention, écrivit-elle. Sinon ma phrase serait : c pck je fais att. Tkt.

- Ah le fameux t'inquiètes.

- Oui ;-)

- Ça n'a pas l'air si compliqué. C'est comme une langue étrangère, il faut y aller en douceur Tkt.:-P

- En tous cas tu manies parfaitement bien les smileys ;-) »

Ce fut notre petit délire de l'après-midi, à chaque message, on s'envoyait un petit bonhomme jaune qui exprimait une émotion. J'avais presque fini de tout ranger lorsque je tombai sur un carnet que j'ai cherché, sans vraiment chercher à fond, depuis que j'ai cassé mon téléphone personnel. Il contenait les numéros de plusieurs vieux répertoires d'anciens téléphones, j'étais sûre que pas plus d'un quart était encore bon mais il y en avait un qui était bon à coup sûr, celui d'Habi. Je me hâtais de regarder et le trouvais, vers le milieu. Plus que des numéros, ce carnet contenait des souvenirs, comme le numéro de Nathalie, qui ne devait plus être bon depuis des années. Nathalie était une lyonnaise que j'ai rencontré à l'époque des premiers téléphones mobiles à avoir l'option SMS. Dans ces années là, les messages furent le déclenchement de tout ce qui suivit, de plus en plus de gens se tournèrent vers ce mode de communication, alors d'autres technologies ont fit leur apparition, les écrans couleur, les MMS, le W.A.P. : le tout premier internet mobile... Je me souvenais alors avoir pris une douche avec elle, brièvement, la blancheur de sa peau blanche m'avait étonnée, elle qui était portant du sud, je l'aurai cru plus bronzée. Tout en pensant à cela j'envoyais un message à Habi pour la rassurer et lui dire aussi que j'utiliserai ce numéro quelque jours. Elle m'appela pour demander ce qui s'était passé.

lesbienne et heureuse : Sylvie (terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant