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« Tu sais mon petit chou, moi non plus je ne sais plus trop où j'en suis en ce moment.. »

Tout en parlant, nous nous étions rapprochées et même enlacées par la suite mais ce que Sylvie venait de dire me fit comme l'effet d'un choc, comment une femme expérimentée pouvait-elle être en plein doute sur ces sentiments ? Était-ce pour me consoler qu'elle disait ça ? M'avait-elle vu au bord des larmes ? Je me décalais et la regardais, son regard était perdu dans le vide et à voir, elle était vraiment sérieuse.

« Toi chou ?

- Oui. Une fille m'a fait des avances, j'ai cédé et maintenant je sais plus trop où j'en suis... Elle est comme ton amie, jalouse, désagréable parfois mais dès que je la vois, j'arrive pas à résister à l'envie de lui sauter dessus. »

Je ne voyais pas où était le problème, si cette fille lui plaisait, elle n'avait qu'à sortir avec. Je lui fis part de ma réflexion et ce fut à son tour de m'observer afin de voir si je parlais sérieusement.

« C'est pas si simple, finit-elle par dire tout en nous servant un verre de jus de mangue. Déjà, elle est très jeune, ça peut me causer des soucis au boulot, puis il y a toi...

- Je vois pas ce que je viens faire là dedans...

- Tu es jolie, assez mature, intelligente, et je t'adore alors entre vous deux je suis perdue. »

Elle aussi commençait à avoir l'œil brillant, je ne savais pas si c'était dû à l'alcool ou à la discussion, mais dans le doute, je revins dans ses bras pour la consoler un peu, espérant que cela suffise.

« Tu sais que je t'adore aussi puce, mais ça doit pas t'empêcher d'aimer.

- Tu vois, tu es plus mature que moi même! Mais c'est aussi valable pour toi...

- Mais moi je ne veux pas aimer. Je suis encore amoureuse de Dounia un peu.

- Un peu ? Ça veut rien dire. T'es amoureuse ou tu l'es pas, tu peux pas l'être à moitié.

- Je sais pas... Je crois que c'est possible... Attendre que l'autre fasse attention à toi... »

Je n'avais pas réalisé à quel point parler de ce que l'on ressent est difficile, de nouveau, je sentis mes yeux s'embrumer sans vraiment savoir pourquoi.

« Ne pleures pas chou, ou je vais m'y mettre aussi et on finira la soirée en panda toutes les deux. »

L'image me fit exploser de rire, elle se joint à moi. Nous venions d'éviter la crise de larmes de justesse alors rigoler nous fit du bien.

« Si l'amour était facile, dis-je une fois calmée, tout le monde serait heureux et en couple.

- Ouais, ça me fait penser à ce que disait la première femme que j'ai aimé : ''L'amour, c'est un peu comme le cancer, tu sais pas quand ça te tombe dessus et à la fin t'as souvent l'impression d'en mourir''.

- Quelle poésie... Qui est morte dans votre histoire ?

- Pour te répondre, elle. Mais c'est pas ce que tu crois, je t'explique. Je ne devais pas être plus âgée que toi et cette femme habitait dans ma rue, elle travaillait en mairie, et on se croisait tous les jours quand j'allais au lycée, on faisait parfois même un bout de chemin ensemble, j'adorais quand elle marchait à côté de moi, et maintes fois j'ai rêvé de lui saisir la main. Elle avait la quarantaine quand c'est arrivé, d'un coup je ne pensais plus qu'à elle, le matin, le soir, toujours elle. Je ne savais pas ce qu'était l'amour entre femme à l'époque, le sexe je veux dire, alors j'imaginais des trucs romantique, elle me prenait la main, elle me serrait contre elle, m'embrassait même parfois... J'ai gardé cet amour secret presque jusqu'au bout puis en allant à la fac j'ai rencontrer d'autres filles, je suis tombé amoureuse, j'ai embrassé, couché, enfin une jeunesse normale tu vois. Mais je n'ai jamais oublié cette femme et c'était toujours une joie de retourner chez mes parents rien que pour la voir. »

lesbienne et heureuse : Sylvie (terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant