chapitre 9

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( Severus )


Lorsque je reprends conscience, je suis affalé dans une pièce que je ne reconnais pas. Il me semble être encore dans la maison, heureusement. Mais c'est étrange, comment suis-je arrivé là ? En plus, je ne comprends pas pourquoi j'ai perdu connaissance. Ca me fait penser à la fois d'avant, je m'étais aussi évanoui mais c'était dans mon monde pas dans le monde des vivants. Cela ne m'était jamais arrivé auparavant, et puis ça fait un peu peur de ne plus nous rappeler de ce qui nous est arrivé. C'est une sensation bizarre. Mais bon, il faut d'abord que je retrouve ma chambre, si du moins je suis encore dans la maison de Baltus. Je me rappelle du phénomène magique que j'avais observé lors de mon escapade. J'ai une idée mais je ne sais pas si elle vas fonctionner. La dernière fois, je n'avais pas pensé directement à la porte de ma chambre mais à une façon de retrouver mon chemin. Quand j'avais pensé au klaxon, il avait apparu. Si je pense à la porte, apparaitra-t-elle ? Ce qui suivit confirma mes dires.


La pièce commence à s'ouvrir, sous mes yeux ahuris, émerveillé, mais, je dois bien l'avouer, peu surpris. Je commence à m'habituer à ce genre de phénomène. Les murs s'écartent, le mobilier se transforme doucement. Une multitudes de petites choses que je ne peux énumérés car je ne les ai même pas toutes vues, apparaissent ou disparaissent. Et en l'espace de quelques seconde, l'endroit est méconnaissable. A mon plus grand soulagement, je me retrouve devant la porte en bois que je reconnais sans peine. J'y entre et m'affale sur le lit, épuisé par ces étranges événements. J'allais m'endormir lorsque soudain, je perçois un mouvement sur moi droite. Je me retourne, les paupières lourdes de sommeil et tombe nez à nez avec Baltus. Je remarque tout de suite qu'il n'est pas dans son état normal. Il a les yeux rouges et bouffis, et il est bien plus courbé que la dernière fois, comme s'il portait tout les malheurs du monde sur ses épaules. Je décèle en lui un sentiment de profonde détresse mêlée à un peu de tristesse, d'accablement et de résignation. Il semble avoir accepté son sort, ou l'avoir jugé préférable à un autre.

Il vient péniblement vers moi et s'assoit, toujours à la même place, sur mon lit. Il commence à me parler de sa voix douce, que je trouve enjolivée par la pointe de tristesse que j'y décèle.

" Je sais que je te dois quelques explications, et je vais te les donner. Mais j'aimerais d'abord que tu me pardonnes le ton que j'ai employé la dernière fois. Je n'étais pas vraiment moi même, je te le promet. J'aimerais beaucoup que tu le fasse car, vois tu, je le regrette énormément. "

Et pendant qu'il parle, je vois une petite larme couler le long de sa joue hideuse. Il a l'air vraiment désolé et sincère. De toute façon, je ne lui en ai jamais voulue, car, d'un seul regard j'avais compris qu'il ne pensait pas les mots qu'il disait.

" Je te pardonne de gaieté de cœur. Tu sais, je n'ai jamais voulu te faire de peine. Dès la première fois que tu t'ai assis sur ce lit, j'ai vu en toi un père pour moi, un vrai père qui remplacerait celui que j'ai perdu, celui qui est parti bras dessus bras dessous avec la mort.

- Tu me donnes chaud au cœur, tes paroles son comme un baume qui apporte un peu de douceur à mes multiples blessures. Quand je t'ai vu, quand je t'ai tenu dans mes bras, j'ai senti quelque chose, que je n'ai pas tout de suite réussi à identifier. Mais maintenant je sais, je sais que c'est de l'amour, un amour paternel. Mais cessons de parler de ça, d'autre sujets méritent notre attention. Maintenant, tu dois répondre à mes quelques questions. Dis moi la vérité, cela pourrait te sauver la vie.

Tu as touché un livre le premier jour. As-tu ressentis quelques choses de particulier?"

Le premier jour... Je me replonge dans mes souvenirs.

" J'ai eu peur, à cause de l'alarme."

" As-tu ressentis autre chose?"

" Je ne crois pas, je ne me souviens pas trop."

" Cherche, c'est important. Je sais que tu as ressenti autre chose. Tu dois me dire quoi. "

" Si peut-être... Cela n'a duré qu'un infime instant. J'ai senti comme une ombre, quelque chose de sombre, de ténébreux. J'ai senti que ça passait dans mon esprit. C'est comme si ça m'avait traversé, puis c'est parti. "

" As tu ressenti des choses similaires pendant ces derniers jours"

Et je sens dans sa voix comme un poids en plus. Comme si ma réponse avait confirmé en lui quelque chose qu'il se refusait d'admettre. Quelque chose d'horrible, à en juger par son expression. Mais en même temps, j'ai un petit espoir. Cette chose que je gardais en moi, le secret de cette ombre étrange, s'il le connaît, peut-être qu'il pourra m'aider. Peut-être qu'il pourra délivrer mon monde de cette entité ténébreuse. J'ai l'espoir d'un bonheur, j'ai l'espoir de pouvoir être sauvé. D'ailleurs, je sais que Baltus sera prête à tout pour chasser cette horrible chose de mon esprit. Je le soupçonne même d'être prêt à donner sa vie pour moi. Il m'aime tellement. Mais le problème est que ce sentiment est réciproque. S'il venait à mourir, je ne sais pas si je m'en remettrais. Ce serait comme perdre une deuxième fois mon père. S'il meure, alors je serais définitivement convaincu par l'idée que ce monde n'est pas fait pour moi. Pour l'instant, je supporte chaque obstacles, je me résigne à vivre ici, tout en sachant que dans mon esprit m'attend un univers mille fois mieux que celui ci. Mais je ne suis pas encore résolu à abandonner tout ce que je connais ici. Sa mort m'achèverait, j'en suis persuadé.

Je suis entrain d'ouvrir ma bouche pour lui répondre lorsque mon regard devient trouble, tout est flou autour de moi, et je sens mon esprit me quitter, ma raison m'abandonner...



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