L'Amour attend parfois

40 11 4
                                    

La première fois que je l'avais rencontrée, c'était au lycée. Un jour, juste avant d'aller en cours, elle m'avait souri. J'en avais été ravi et nous avions discuté de choses et d'autres, de rien de très précis. Puis, petit à petit, nous étions devenus amis et, depuis, elle avait apporté ce je ne sais quoi de magie qui manquait à ma vie. Mais moi je la trouvais jolie et j'avais fini par l'aimer d'un amour infini.

De mes sentiments pour elle, ma mère m'avait conseillé de faire fi. Divorcée de mon père depuis près d'une décennie, elle me disait que l'amour ne donnait que des ennuis. Elle ajoutait que cette fille dont je m'étais épris m'enverrait au tapis plutôt qu'au paradis car il était peu probable qu'elle m'aime aussi, ce à quoi j'avais dit : « merci mais dans ce cas je vais choisir les soucis et puis tant pis ! ».

Un soir de réveillon, entre le repas et la boisson, je m'étais décidé à lui faire ma déclaration. Nous étions sortis de la maison, nous avions passé un petit portillon et nous nous étions retrouvés dans le charme d'un cabanon.

De là, je l'avais fixée droit dans les yeux et, au bout d'une minute ou deux, je lui avais confiée vouloir vivre à ses cotés jusqu'à devenir vieux.

Tout sauf comblée, elle m'avait regardé d'un air consterné et avait fouillé dans ses pensées pour trouver de quoi m'éconduire sans me blesser. Finalement, elle avait juste dit ne pas m'aimer plus qu'avec de l'amitié et, par ces quelques mots, c'était mon rêve qu'elle venait de briser. Alors pour ne pas me blesser c'était raté !

Depuis ce jour-là, nous ne nous étions plus parlés d'autant que, peu après, elle était partie à la découverte de nouvelles contrées qui étaient très éloignées de la Savoie où nous étions nés. Quant à moi, j'étais resté, bien incapable d'abandonner mes montagnes adorées. Et je ne l'avais jamais oubliée, faisant de mon amour pour elle un secret bien gardé et dont j'étais certain qu'il ne cesserait jamais d'exister.

Quelques temps plus tard, elle m'avait contacté. Elle disait vouloir me voir pour me parler. Je m'étais beaucoup questionné et j'avais finalement accepté. Nous nous étions retrouvés dans un parc enneigé. L'hiver était déjà bien avancé. Quand nous étions arrivés, presque en simultané, nous nous étions d'abord jaugés du regard à travers un épais brouillard et en attendant d'être attaqués par un blizzard. La situation était un peu bizarre.

Après un court instant, elle m'avait finalement lancé sans crier gare « je suis venue te dire que j'ai décidé de me marier », faisant alors rejaillir en moi un immense désespoir.

Au mois de février, les noces avaient bien été célébrées mais je ne m'en étais finalement pas senti désabusé parce-qu'en réalité c'était moi qu'elle voulait épouser.

On dit que l'Amour n'attend pas mais cette histoire qui nous lie elle et moi est bien la preuve que l'Amour attend parfois...

Les Chroniques "un point c'est tout."Où les histoires vivent. Découvrez maintenant