Je connaissais cette fille depuis toujours mais elle ne me remarquait que depuis quelques jours. Pourquoi ? Je n’en savais rien mais je m’en fichais parce-que ça m’allait très bien.
Tout avait commencé tandis que je me rendais au lycée à pied. Il faisait froid, il pleuvait, il ventait. Bref, tout autour de moi me déprimait. Je m’emmitouflais dans mon anorak et je m’armais de courage pour sortir de chez moi. Je titubais sur quelques mètres, bravant les vents et fustigeant le temps. J’arrivais bientôt à une intersection, l’occasion de faire un point sur ma situation. J’étais trempé, démoralisé et fatigué de n’avoir pas fermé l’œil de la nuit à cause du bébé du voisin d’à côté. Le pauvre avait pleuré des heures durant sans qu’aucun de ses parents ne trouve les mots pour le réconforter. Un peu dépité, je me mettais à râler, une chose à laquelle j’étais habitué.
J’en étais toujours à me lamenter quand soudain tout a basculé.
J’ai d’abord entendu un bruit de claquement de talons sur le bitume se rapprocher. J’ai tourné la tête et là je l’ai vue qui était en train de me fixer de ses grands yeux bleus azurés. Je l’apercevais tous les jours depuis des années mais jamais encore je ne lui avais remarquée une pareille beauté. J’ai voulu parler mais ma bouche s’y est refusée et je suis resté figé, sans doute étais-je encore un peu subjugué. C’est finalement elle qui m’a salué. J’en ai fait de même et puis elle m’a proposé d’un air un peu amusé :
_ Tu es tout mouillé et j’ai un parapluie bien assez grand pour nous abriter.
Avais-je bien entendu ? « Nous abriter ». Qu’elle ait dit ça a suffit à me faire abandonner mon air las. J’ai hoché timidement de la tête et aussitôt elle s’est serrée contre moi et m’a pris par le bras.
Le trajet fut une parenthèse enchantée au cours de laquelle nous n’avons pas vraiment discuté, nous contentant seulement d’avancer à travers les rues embrumées. De temps à autres, elle me surprenait à lui lancer de brefs regards qu’elle faisait tout sauf esquiver. Nous restions un instant plongé dans les yeux l’un de l’autre, laissant la magie opérer. Mais, quand nous sommes arrivés au lycée, nous nous sommes séparés pour finalement partir chacun de notre côté. Et la parenthèse enchantée s’est refermée.
J’ai passé le restant de ma journée, perdu dans mes pensées et encore bouleversé, à attendre impatiemment le lendemain pour de nouveau la croiser et qu’ainsi nous puissions reprendre ce rêve là où nous l’avions laissé.
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Les Chroniques "un point c'est tout."
Short StoryUn recueil d'histoires qui traitent de rêve, d'espoir, de pouvoir, de joies, de peines, d'argent, de bons ou de moins bons sentiments et beaucoup d'amour aussi... Bref, des histoires sur tout ce qui fait la vie à lire en une à deux minutes, parfois...