Madame Montabis en entendant la voiture arriver, s'empresse de descendre dans le jardin accueillir ses invités. Lorraine court dans le couloir et se réfugie dans sa chambre. Elle tourne la clé dans la serrure puis reste le dos appuyé quelques secondes pour reprendre ses esprits. Elle renfile la robe qu'elle avait posée sur son lit, et attrape quelques épingles pour arranger son chignon. Puis elle court accueillir son frère. Elle attendait tant son retour! Ses pieds nus foulent l'herbe tandis qu'elle voit descendre son frère et aller ouvrir la porte a sa femme. Elle se jette à son cou et va à la limite de le renverser tandis que sa femme commence à saluer sa belle-mère.
"Lorraine comme je suis content de te voir! Tu as grandi depuis la dernière fois que je t' ai vu non? Tu es si belle! Mais voyons lâches moi que je vois ton joli minois!
-Oh Armand comme tu m'as manqué! Ne t'absentes pas aussi longtemps la prochaine fois!
-Lorraine! Croyez vous qu'une jeune fille court embrasser son frère pour l'accueillir? et qui plus est, pieds nus!
- Croyez vous qu'une jeune fille n'a pas le droit de profiter!
-Ne parlez pas sur ce ton! Et allez saluer Hélène je vous pris!
Lorraine en a déjà assez, du seizième siècle dans lequel vit madame Montabis! Elle aurait préféré rester dans son grenier. Mais aujourd'hui c'est son anniversaire alors elle doit faire acte de présence. Son frère est venu comme chaque année depuis maintenant trois ans. Depuis ces trois ans, il ne réside plus chez son père. Il a quitté sa province pour une plus grande ville, Lyon. Mais son ambition est plus grande, il veut conquérir Paris. En plus, depuis qu'il est marié à Hélène, il veut le meilleur pour elle. Lorraine apprécie Hélène mais elle pense qu'il aurait put trouver mieux, ses cheveux blonds toujours impeccablement lisses et son maquillage l'exaspère.
Lorraine va donc embrasser sa belle-sœur. Puis tout le monde se dirige vers la maison, pendant que Maire se charge de monter les affaires du couples dans la chambre qui leur a été préparée. Le père de Lorraine s'installe en bout de table pour présider le repas. Son fils est à sa droite tandis que sa femme, Mme Montabis, est à sa gauche. Lorraine se trouve à coté de celle-ci tandis que Hélène, elle, se trouve à coté de son mari. Le déjeuner est, comme bien souvent, orienté sur la carrière d'Armand, honorable et splendide. Qu'il soit présent ou non, c'est la préoccupation principale du père de Lorraine. Sa fille en revanche, il ne la considère pas autant. Il attend le bon parti à qui la marier et ensuite il sera débarrassé d'elle. Quand le médecin est venu lui annoncer que son enfant, un deuxième garçon tant espéré pour suivre les traces de son frère déjà brillant s'est avéré être une fille, il l'a tout de suite rejetée. C'est ainsi qu'il a fait preuve d'une imagination brillante pour nommer sa fille. Il a laissé sa mère en faire ce qu'elle voulait, alors Anne s'est occupée d'elle.
Lorraine est sortie de ses rêveries. Son père vient de lui parler et elle n'a pas répondu. Elle sait alors son erreur. Les yeux de son père s'assombrissent. Armand demande alors à faire une ballade, pour revoir la propriété qu'il aimait tant petit.
Armand, Hélène et Lorraine sont dans le jardin. Armand a sauvé sa sœur in extremis. Ils marchent tous les trois, Lorraine leur parlant, ce qu'elle fait de mieux, de tout ce qu'elle fait de ses journées. Et puis petit à petit elle revient toujours au même sujet:
- Comme j'aimerais voir la Tour Eiffel ! Comme j'aimerais faire un tour dans cette entreprise complexe que sont les grands magasins ! Comme j'aimerais me promener dans les rues de Paris!
- Lorraine tu sais je crois que nous le savons. Et justement, je compte entreprendre un voyage à Paris pour mes affaires. Et je me suis dit que c'était le meilleur cadeau que je pouvais faire à ma sœur que de l'y emmener avec nous.
- Oh Armand! Tu ferai cela pour moi! Mais père ne voudra jamais! Oublions cette idée il vaut mieux.
-Lorraine, je lui ai déjà fait savoir et il accepte à la seule condition que tu reviennes grandis d'avoir côtoyé les honorables de Paris.
- Oh! Alors ce voyage semble virer au cauchemar! Mais cela reste la seule opportunité que j'ai pour admirer la capitale. Alors c'est d'accord. Quand partons nous?
- Nous prenons le train dans trois jours. D'ici là tu as le temps de préparer ta valise. Mais n'oublie pas la condition de père. Donc tes livres, tu oublies!
- Evidemment, je devais m'en douter.
Lorraine termine la promenade plus muette qu'une tombe. Elle est déjà en train de se promener dans les rues de Paris. Hélène et Armand parlent et gloussent des anecdotes qu'Armand a à raconter.
En rentrant , Léandre, leur père est en train de lire. Cependant Madame Montabis n'est pas là. C'est assez étrange. Rien n'échappe d'habitude à la surveillance de cette femme. Lorraine monte dans sa chambre, empressée de partir . Elle commence à rassembler les affaires qu'elle mettra dans sa valise. Elle ira la chercher dans le grenier demain matin. En attendant, elle inspecte ses affaires, une à une, ravie de ses vêtements et autres babioles. Elle enlève sa robe et son soutien gorge , puis va ouvrir sa fenêtre pour rafraichir sa chambre, puisque juillet est déjà très chaud. Ensuite elle se poste sur son lit et commence à lire un livre qu'elle connait par cœur, sur Paris évidemment, Au Bonheur Des Dames. Elle s'endort finalement épuisée par cette journée, alors que le soleil s'est déjà couché depuis bien longtemps.
Elle est soudain réveillée par des bruits sourds. Le soleil irradie sa chambre de lumières. Alors, les yeux à demi-clos, elle se lève et se dirige vers sa porte. Le parquet grince, puis la porte aussi. Elle sort sa tête dans le couloir. Les bruits sont moins forts. Elle sort dans le couloir. Les bruits ont complétement cessé. Maintenant que Lorraine est réveillée, elle descend prendre son petit-déjeuner.
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Femme ou le cabanon au fond du jardin
Aktuelle LiteraturDans une société sans temps, sans siècle, les femmes doivent se battre. Aucune n'est elle. Aucune n'est libre. Elle cache son métier, elle cache son amour, celle la son éducation.