BACKSTAGES WITH YOU, T1 - CŒURS DISSONANTS

Prologue

MIAMI, APPARTEMENT DE SAM
7h30.

- Casses toi, Mike.
- Allez, Sam, encore quelques jours ! Ça pourrait peut-être marcher, entre nous ?

Il ramasse sa clope à moitié consumée ainsi que ses dernières affaires et je le met à la porte. C'est la troisième fois que je couches avec Mike Kinley, et il n'a toujours pas compris que je ne voulais rien de plus.
Pourtant lorsqu'on s'est rencontrés la première fois sur un festival cet été, j'avais bien été claire sur mes intentions. Je ne cherche rien de sérieux, et ce n'est sûrement pas lui qui me fera changer d'avis. Mike est beau, ça c'est certain. Ses cheveux blonds lui tombant sur les oreilles et sa barbe de trois jours en feraient tomber plus d'une. Seulement, je n'ai pas besoin d'homme dans ma vie. Comme m'a souvent dit ma mère, « je suis une femme indépendante ».

Je file dans la salle de bain et m'active pour ce rendez-vous que je redoute depuis des mois. Mon père est de passage en ville, et voilà l'occasion de parler de mon futur contrat. Dans quelques petits jours je m'envolerais pour la Californie, et je travaillerais pour lui. Et non, personne ne m'y a forcé.
En fait, bien qu'avec mon père ce ne soit pas l'amour fou, je ne crache pas sur le fait qu'il soit le fondateur et producteur principal des studios Spielman. C'est déjà assez difficile de se faire un nom dans la musique, surtout quand on a lâché l'université à la deuxième année comme moi, alors j'ai décidé de ne pas renier cette chance.
J'ai déjà tout prévu : normalement, environ six petits mois à travailler là-bas seront nécessaires à me faire un réseau. Ensuite, je repartirais prendre mon indépendance autre part.

Le truc avec les célèbres studios Spielman, c'est que ce ne sont pas seulement des studios d'enregistrement. Avec le temps, le groupe est devenu une maison de disque, accueillant techniciens, directeurs et agents artistiques, attachés de presse..
Mon futur boulot dans ces locaux de Los Angeles est donc assistant-manager. Je travaillerais avec une certaine Agnes Eastmoore, agent « compétente et motivée, prête à relever tous les défis », d'après ma recherche Google. Pitoyable.

Je finis de coiffer mes longs cheveux bruns d'une queue de cheval haute au rythme de The Hype de Twenty One Pilots, puis je souffle trois fois avant de sortir de mon appartement.

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MIAMI, EDDY'S COFFEE
8h12.

     J'ouvre à peine la porte que je l'ai déjà repéré. En même temps, c'est bien le seul homme en costard cravate ici. Je ne me rappelle même plus de la dernière fois où je l'ai vu en t-shirt.
Je m'avance vers lui, bien décidée à garder mon sang froid, cette fois. Il se lève pour m'embrasser puis je prend la chaise devant lui.

- Comment vas-tu, chérie ? Me demande t-il d'un ton trop faux pour quelqu'un qui bosse dans la musique.
- Ça va. Tu as le contrat ? Je lui lance à mon tour.

Il sort de son attaché-case une pochette qu'il ouvre pour en sortir un tas de documents.

- C'est tout ce dont nous avons convenus. Tu as juste à signer en bas de chaque exemplaire.

Mes yeux se baladent sur les textes pour vérifier qu'il soit bien similaire à celui qu'il m'avait envoyé par mail, et je signe en paraphant chaque page. Puis je lui rend.

- Très bien. Marché conclu, alors ! Et pour ton logement, tu restes toujours chez nous ?

Ce « nous » me donne soudain envie de vomir. « Nous », ça veut dire mon père, sa nouvelle femme, et les deux enfants qu'il traite comme les siens. Alors qu'il n'a jamais passé autant de temps avec sa vraie fille -moi-, et encore moins depuis qu'il est parti s'installer à plus de 2700 miles de Miami.

- Seulement jusqu'à ce que je puisse louer un autre logement, je dis froidement.
- Comme tu voudras, Samantha.

Mon père est bien le seul à m'appeler par mon nom entier. Même ma mère ne m'a plus appelé ainsi depuis des années. Et dire que je vais entendre ça pendant plusieurs mois.. Ça me fout les jetons, en fait !

- Tu commences donc lundi, continue t-il. Je repars pour L.A. demain matin avec mon jet privé. Tu rentres toujours avec moi ?

Si les billets d'avion n'étaient pas aussi chers, j'aurais bien pris plaisir à faire mon voyage toute seule. Mais hélas, je n'ai pas vraiment le choix.

- Oui. Je serais à l'aéroport à huit heures.
- Parfait ! Je t'attendrais. Tu peux prendre autant de valise que tu veux. Nous avons la place à la maison !

J'imagine son immense villa à côté de notre minuscule maison actuelle. Maman serait folle de voir ça. Elle n'approuve déjà pas le fait que j'aille travailler là-bas, car elle trouve cette ville et ce secteur trop superficiels. Mais malheureusement à ce niveau là, je ne tiens pas d'elle..

- Si tout est réglé alors, je dois y aller, je dis avant que le malaise s'installe comme à chaque fois.

Je lui dis au revoir avant qu'il n'ai le temps de rétorquer quoi que ce soit et je sors du café. Plus je me tiens loin de lui, mieux je me porte. Célèbre producteur ou pas, il n'a jamais été brillant dans ma vie. Et même s'il essaie de se racheter en me proposant un job et en m'hérgeant chez lui; s'il croit qu'il peut tout effacer, il se met le doigt dans l'œil.

Papa a commencé à tromper maman il y a dix ans. J'avais d'ailleurs ce même âge. Au final l'a quitté quelques mois après pour « le travail ». Il venait me rendre visite seulement quand il avait des affaires à régler pour son studio à Miami. C'est à dire vraiment pas souvent.

Les hommes, c'est bien tous les mêmes. Des promesses, des belles paroles, et au final ils se cassent dès qu'ils se trouvent un nouveau centre d'intérêt. C'est pour ça que je n'ai qu'un seul but pour l'instant : celui de réussir ma carrière. Et je ne laisserais personne se mettre en travers de mon chemin.

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