« Quand les faibles domineront les forts,
Que la terre transpirera le sang,
Que les monstres détruiront sans pitié le monde,
Un héros apparaîtra,
Il unifiera le temps et l'espace,
Brisera l'ardeur des combats,
Et la paix renaîtra
Sans qu'une goutte...
Je détaillai rapidement les Kobolds qui nous entouraient. Sur la vingtaine présente, la plupart semblait avoir moins de quinze ans, de jeunes adultes pour notre race. Je remarquai deux Kobolds de plus de vingt ans, et une d'environ trente ans, probablement la chef de l'escouade.
« Ainsi donc, vous venez voir Hasa, demanda cette dernière.
- En effet.
- Et qu'est-ce qui me dit que vous n'êtes pas là pour la tuer ?
- Vous venez de prendre nos armes.
- Tu sais aussi bien que moi que les Kobolds ne se battaient pas avec des armes avant la guerre, et tu sembles avoir vécu à cette époque, bradwr. »
A ce mot, je fis une grimace. Dans le langage primordial des Kobolds, qui s'était perdu au fil des siècles, il signifiait quelque chose entre traître et banni, rappelant son état misérable à un Kobold. Depuis, il était donné à tous ceux vivants hors de Riverdale, car ils ne participaient pas à la vie du clan et ne méritaient donc pas d'être inclus dans celui-ci.
« C'est vrai, cependant, je ne viens pas en ennemi. Si je ne peux pas la voir, nous partirons sur le champ. Je me demande juste comment les Dieux prendront le fait que leurs émissaires soient rejetés. »
Je vis à sa tête que l'argument avait fait mouche. Même si les Immortels n'intervenaient quasiment jamais, quand ils le faisaient, leurs actions devenaient priorité absolue.
Après une brève réflexion, elle décida de nous emmener à Yagd. Elle envoya un des siens prévenir Hasa que des visiteurs voulaient lui parler urgemment, tandis que le reste de son escouade se mit en position pour nous 'escorter' jusqu'à la ville. Nos armes étaient tenues par les Kobolds les plus âgés, pour être sûr qu'on ne puisse rien tenter.
« Serait-il possible d'avoir un bref récapitulatif de ces quinze dernières années ? demandai-je.
- Faudra voir avec Hasa.
- Pas très coopérative, ça ne m'étonne même pas.
- Au moins j'aurais essayé Taima. Reste en vol tant que tu le peux, l'idéal serait que tu descendes quand les doutes sur notre groupe seront levés.
- Compris chef. »
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Nous avons marché la nuit entière sans répit. Les Kobolds ont une meilleure vision que la plupart des autres races la nuit, mais elle n'est pas parfaite. Cependant, la grande maîtrise du terrain permettait d'avancer efficacement.
Une fois arrivé, on nous ordonna de nous laver et de nous reposer quelques heures dans des quartiers qui nous avaient été réservés. Il était hors de question que nous rencontrions la chef puants, pleins de boue et à moitié endormis. Ce débarbouillage nous fit le plus grand bien et permit à l'humeur générale de s'améliorer.
Après trois heures, la Kobold qui nous avait capturé, Rei, nous emmena à la table des combats. C'était une pièce, qui ne comportait qu'une table et quelques parchemins, elle servait à établir les stratégies militaires ainsi que les entraînements. Tout était en bois, hormis la table qui était recouverte de cuir, probablement venant d'un grand cerf chassé par le clan.
De l'autre côté de la table trônait Hasa, sur une chaise plus somptueuse que les autres, et à sa droite se tenait Ysstal, sa plus proche conseillère et chef en second. Elles me reconnurent sur le champ, je le vis dans leurs regards.
« Que nous vaut ta venue, Nathrod ? me demanda Hasa.
- J'imagine que tes éclaireurs t'ont déjà résumé l'histoire, mais je vais te la répéter rapidement. »
Je lui expliqua brièvement l'apparition de Yule, la prophétie qu'il avait mis sur mes épaules et mon voyage dans le but de l'accomplir.
« Je vois. En partant du principe que tout est vrai, et tu n'as pas l'air de mentir, je comprends ta présence ici. Comment comptes-tu arrêter cette guerre ?
- J'ai pensé à plusieurs moyens. Le plus idéaliste serait d'aller voir chaque peuple et leur demander d'arrêter de se battre.
- Idéaliste est le bon mot.
- J'en conviens. Une autre méthode serait de réunir tous les clans belliqueux autour d'une table et d'établir une sorte de trêve ou d'armistice.
- Plus réalisable, mais extrêmement risqué.
- En effet. La dernière méthode serait de créer une ville neutre, un peu comme Ulgarth, mais qui serait placée au milieu des champs de batailles. En commençant par un village, et en obtenant un accord des pays belliqueux, il serait possible d'étendre cette zone à un tel point que les combats n'auraient plus d'endroit pour se dérouler.
- J'imagine que c'est ce que tu comptes faire.
- En effet.
- Combien de pays ont déjà accepté ?
- Vous êtes le premier endroit qu'on visite.
- Je ne peux pas donner de réponse immédiatement, déclara-t-elle après une brève hésitation. Vous pouvez vous promenez dans le village en attendant ma réponse. »
Nous sortîmes donc de la salle. Le spectacle devant nous était à couper le souffle. Les maisons, ou plutôt les huttes, tout de bois construites, étaient sobres, avec presque aucune distinction particulière entre chacune d'entre elles ; étant donné que Riverdale était un territoire marécageux, ces huttes étaient montées sur des pilotis afin d'éviter le sol humide. Des chemins de bois, tels des ponts, avaient été construits entre les maisons proches afin de faciliter le passage d'un endroit à un autre, et certains d'entre-eux menaient au centre du village, l'un des seuls endroits toujours sec. Au centre se trouvait une âtre éteinte, qui servait pour les rituels et réunions importantes.
Une larme coula de mon œil, je ne pensais pas que ce village, mon village, me manquait autant.
« Bienvenue chez toi Nath. »
Vu que j'avance assez vite sur l'écriture, je vais mettre deux chapitres par semaine (un le dimanche et un dans la semaine). Si je vois que la parution va trop vite, je repasserais à un chapitre par semaine.
Comme promis, voici une image ressemblant à Mia (les poils roux sont juste bleu sombre)
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