19 - Tar Valon

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                    Nathrod

          Le chemin que nous empruntions était bien entretenu, comme s'il était souvent utilisé. Même si ce détail semblait sans importance, il m'inquiétait personnellement. J'avais déjà rencontré Brakû deux fois par le passé, et il avait pour habitude de mépriser ceux qu'il pensait inférieurs à lui, que cela soit par le rang hiérarchique ou par leur genre. Que le passage entre Riverdale et Tar Valon soit aussi bien entretenu montrait que la liaison entre ce misogyne égocentrique et mon ancien clan était toujours d'actualité. Encore un point à négocier.

Nous finîmes par quitter Riverdale après un jour entier de marche. Même si la nostalgie me retenais de quitter une nouvelle fois ma terre natale, mon devoir me fit continuer. Encore un pas et j'aurais officiellement quitté mon pays. Encore un pas et je serais sur le territoire de cet enfoiré. Rien que d'y penser, j'avais envie de recracher mes tripes.


          Après quelques heures de marche, nous nous fîmes accoster par un groupe de Taurens, groupe étant un bien grand mot pour désigner trois personnes. Chacun portait soit une masse soit un marteau sur lui, sans plus d'équipement. On était bien loin de la prudence des Kobolds, qui ne se déplaçaient que par groupe de dix minimum et bien armés, de peur de subir une embuscade. Cependant, la taille des Taurens, avoisinant les deux mètres cinquante, ainsi que leur musculature impressionnante pouvait dissuader les plus courageux de les attaquer.

Ils nous arrêtèrent, afin de savoir ce qui nous amenaient, et nous leur montrâmes la lettre de recommandation donnée par Hasa. Ils virent le sceau, nous rendirent la lettre et nous ordonnèrent de les suivre. L'un d'entre eux ce mis devant nous, pour nous guider, et les deux autres se mirent derrière, pour nous empêcher de quitter le chemin. Pourquoi ferions-nous cela, nous avons eu le droit d'être emmenés de suite là où nous le voulions.

C'est en regardant dans les plaines qui constituaient Tar Valon que je compris ce qui les inquiétaient. Il y avait énormément de femme Taurens. Elle était facilement reconnaissable à leur poitrine démesurée, bien plus que celle des autres femmes de n'importe qu'elle race. Comme tous les autres Taurens, elles avaient deux cornes sur la tête, des sabots à la place des pieds et une queue à l'arrière du bassin. Cependant, là où les mâles étaient généralement recouverts de poils, avaient une forte musculature et étaient surprotecteur envers les leurs, les femelles étaient assez dociles et ne se rebellaient presque jamais, ce qui faisait qu'elles étaient très appréciées des autres races, surtout celle des Humains, pour passer du bon temps.


          Apparemment je n'étais pas le seul à les avoir vu. Maël regardait dans la même direction avec un sourire, comme s'il imaginait ce qu'il pourrait leur faire. Je m'approchai de lui, inquiet qu'il fasse une bêtise. Il me regarda avant que je ne lui dise quoi que ce soit, et je vis dans son regard qu'il savait qu'il ne devait rien tenter qui risquait de vraiment nous nuire. Comme toucher au troupeau du patriarche, par exemple.


          Nous ne mirent pas longtemps à rejoindre Brakû. Bien que Tar Valon ait une capitale, les Taurens y étaient très rarement. Ils passaient la plupart de leur temps dehors à profiter du beau temps et du calme de leur vie, comme si la guerre n'avait eu aucun impact sur eux en vingt ans.

Nous nous approchâmes d'un groupe plus important, principalement constitué de femelles. Pour être plus exact, Brakû était le seul mâle du groupe, et je comptais une petite vingtaine de femelles autour de lui. Le Tauren devant nous nous fit de signe de nous arrêter le temps qu'il prévienne son patriarche de notre présence. Brakû jeta un coup d'œil dans notre direction et nous fit signe de nous approcher, ce que nous fîmes. Il était appuyé au niveau du corps d'une de ses femelles, comme si c'était un coussin, avec chacune de ses mains dans le décolleté d'une autre. La plupart d'entre elles étaient en partie dénudée, si ce n'était entièrement. Cet vision me dégoûtât. Comment pouvait-on traiter un être vivant de la sorte ?

L'Élu des DieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant