fuite

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ses grands yeux noirs flottant dans ceux de june, naomi sourit.

- faisons-le.
sa déclaration était solennelle, sa voix sûre et confiante. sa partenaire esquissa un demi sourire moqueur et répliqua d'un ton aguicheur:
- vraiment? ici? maintenant? voyons, naomi, on ne se connaît pas assez... je ne couche jamais le premier soir.
elle semblait embarrassée, et la poitrine de sa compagne caressant la sienne ne semblait pas l'aider à se concentrer sur ses pensées.
- tiens donc... c'est toi qui dit ça? avec toutes les filles que tu as connues, une de plus, une de moins, qu'est ce que ça changerait?
sa voix était claire, mais june distinguait clairement la douleur et la déception dans sa voix.
- tant pis! s'exclama soudainement naomi. vivace, elle sauta sur le sol et rattrapa son jean d'un mouvement souple. elle saisit le haut de june et lui lança à la figure. ensuite, la jeune femme remonta son pantalon cigarette le long de ses hanches fines et attrapa son sac, qu'elle balança vivement sur son épaule. june n'avait pas bougé pendant tout ce temps, impassible, et restait là, assise en petite culotte, sur le sofa rouge, dans les toilettes du salon de thé de la rue Lemarchal. sans attendre une seconde de plus, naomi avait remis ses dr martens et ouvert la porte, sans plus se préoccuper de june. elle partit, sans  un mot, sans un regard en arrière.

naomi: pfffiou. qu'est ce que j'ai failli faire? je ne peux pas simplement sauter sur la première belle inconnue que je rencontre. de toute façon, elle ne voulait pas de moi. tant mieux. je veux le faire avec quelqu'un qui m'aime...

mais dans ses yeux, on pouvait lire le regret, l'immense déception, quand elle lui avait dit 'non'. son regard s'embua de larmes tandis qu'elle quittait la route et longeait l'église. elle entendit alors des bruits, comme des cliquetis derrière elle. quelqu'un la suivait. son pas se fit pressant, son  coeur battait à tout rompre. elle ne se retourna pas, mais son estomac sursauta quand une main lui effleura l'épaule. elle fit volte-face, poings en avant, prête à se battre contre son agresseur.

- naomi, attends!
june se tenait devant elle, essoufflée, les pommettes roses... et les paumes en avant, tétanisée.
- excuse moi. je suis vraiment désolée, je suis nulle, je... pardon.
elle fixait un point invisible entre la clavicule gauche de naomi et son menton, incapable de la regarder dans les yeux. son sourire vacilla, s'apercevant que son interlocutrice restait de marbre. elle ferma les yeux et tourna les talons. c'est alors qu'une grande main fine se glissa dans la sienne, et, en un quart de seconde, elle se retrouva dans les bras de naomi.

june: elle est tellement plus grande que moi, je lui arrive au menton. c'est... *elle soupira d'aise* parfait.

encore hébetée, la jeune femme leva les yeux et croisa le regard de sa compagne, qui la regardait tendrement, d'un air un peu gêné. june s'apprêtait à baisser de nouveau la tête quand elle sentit le pouce et l'index de naomi lui attraper le menton. elle se laissa faire, même quand les lèvres de la jeune femme se retrouvèrent sur les siennes, docilement, puis plus vigoureusement. les mains de naomi quittèrent son menton et se retrouvèrent en bas de son dos, tandis que les petits bras de june enlaçaient déjà le cou de son amie.

elles restèrent là, à s'embrasser en plein milieu de la petite rue bondée de la minuscule ville où naomi vivait depuis toujours. leur étreinte s'éternisa, indifférentes aux sales regards que leurs lançaient les passants. june ouvrit les yeux un instant, et vit une vieille femme, accompagnée d'une fillette d'environ cinq ans. elles tenaient chacune un petit sac de course dans leur main gauche, et quand la femme les aperçut, elle tira l'enfant par la main en lui cachant les yeux de sa main valide en marmonnant. blessée, june se détacha de son amie et la tira par le bras.

- partons. les gens sont fous, ici.

naomi la suivit sans un mot, sans regarder les dizaines de personnes qui les fixaient avec intensité. elle se surprit à tirer la langue à une petite bande d'enfants qui jouaient au ballon et les montrait du doigt en ricanant.

tandis qu'elles marchaient en courant presque, elles entendirent sur leur passage une voix d'homme leur lancer :

- sales gouines!

sa voix était brutale, féroce. naomi se retourna brusquement en murmurant à l'intention de june :

- je vais lui mettre mon poing dans la tronche.

son visage était rouge de colère, mais june réussit à la calmer avant qu'elle ne se retourne et commence à frapper l'abruti qui avait dit ça. elle la prit par le bras et se mit à piquer un sprint, malgré ses talons hauts.

elle l'entraîna dans une petite maison pas très loin. june ouvrit la porte.

- on va où? murmura naomi.
- chez moi, répondit simplement june d'une voix douce.

elle entra dans le grand salon éclairé, et se dirigea vers sa chambre. elle lâcha le bras de naomi et lui fit signe de s'asseoir avec elle sur le lit. elles ne dirent rien, jusqu'à ce que naomi se penche vers elle. june s'avança. l'embrassa. elles roulèrent sur le lit en riant, s'embrassant encore et toujours. june retira alors sa jupe, à moitié allongée sur naomi.

- on est 'le premier soir', l'informa t-elle en riant. june la regarda un long moment et se dénuda complètement avant de s'allonger sur elle.

- et puis merde.

myfirstbiglovestoryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant